Une université américaine a eu tort de licencier un professeur juif, selon un panel
L'université de Linfield, une école privée de l'Oregon, avait licencié Daniel Pollack-Pelzner qui avait accusé son président d'avoir tenu des propos antisémites

JTA — Une université de l’Oregon, qui avait licencié un professeur juif l’année dernière – ce dernier avait accusé le président de l’établissement d’avoir tenu des propos antisémites – aurait contrevenu à la liberté académique du professeur, selon le nouveau rapport d’un groupe qui représente les professeurs d’université.
L’Association américaine des professeurs d’université a conclu que l’Université de Linfield, une école privée de McMinnville, avait violé les directives sur la liberté académique en limogeant le professeur d’anglais titulaire Daniel Pollack-Pelzner il y a un an.
Le rapport établi par le panel, publié la semaine dernière, a également déclaré que les actions de l’université « contribuaient à nourrir une culture de l’abus ».
Linfield avait renvoyé Pollack-Pelzner peu de temps après que le professeur avait rendu publiques ses accusations contre le président de l’école, Miles K. Davis. Il avait accusé Davis d’avoir prononcé de nombreuses paroles antisémites à la faculté, tenant notamment des propos sur la taille du nez des Juifs et raillant l’envoi des Juifs dans les chambres à gaz pendant la Shoah.
Pollack-Pelzner avait également accusé l’école d’avoir dissimulé des signalements d’agression sexuelle, et d’avoir tu des incidents de dessins de croix gammées et autres messages haineux écrits à la peinture sur le campus.
Cela avait attiré l’attention de groupes juifs, de l’Anti Defamation League (ADL) et du Conseil des rabbins de l’Oregon, qui avaient tous deux appelé Davis à démissionner. Les médias locaux ont fait savoir que les membres de la communauté universitaire qui s’étaient alors ralliés à Pollack-Pelzner avaient été contraints au silence.
Pollack-Pelzner avait, par la suite, poursuivi l’université, réclamant un dédommagement de 4 millions de dollars pour sanctionner, entre autres, les représailles qui avaient été lancées à l’encontre d’un homme qui avait été, somme toute, un lanceur d’alerte. Pendant ce temps, une enquête parallèle menée par la NAACP locale avait révélé que Davis, un Afro-américain, avait été victime de racisme à l’université, et qu’il avait remis en question les allégations du professeur.
Le rapport de l’AAUP corrobore une grande partie des accusations lancées par Pollack-Pelzner contre l’université. Il explique dans le détail comment Linfield l’a forcé à quitter son emploi et l’a exclu du réseau informatique de l’école sans l’audience disciplinaire préliminaire requise dans le cadre d’accusations portées contre un professeur titulaire.
Il détaille également comment, en tant qu’administrateur désigné de la faculté du conseil scolaire, Pollack-Pelzner avait signalé au conseil plusieurs cas d’agression et de harcèlement sexuels, ainsi que des cas de dessins de croix gammées et d’incidents d’insultes raciales écrites sur le campus – des accusations qui, selon le rapport, auraient été passées sous silence.
Linfield, qui est affilié aux Églises baptistes américaines, n’a pas participé à l’enquête de l’AAUP. Lors de contacts avec les professeurs et avec les médias locaux, les porte-paroles de l’université ont nié le contenu du rapport et ont indiqué qu’ils étaient prêts à porter l’affaire devant les tribunaux.
L’avocat de Pollack-Pelzner a déclaré à l’Oregon Public Broadcasting que le rapport de l’AAUP était un aperçu de ce qu’un jury pourrait avoir à juger dans le cadre de poursuites judiciaires contre l’université. Pollack-Pelzner est actuellement chercheur invité à l’Université d’État de Portland, selon son site Web.