Une vidéo inédite montre des Américains sauver des milliers de Juifs d’un train nazi
Un chercheur a trouvé une vidéo archivée de la libération des prisonniers du camp de Bergen-Belsen près de Farsleben en 1945 ; des survivants se sont reconnus dans les images
Des images rares et inédites du moment où des soldats américains ont libéré des milliers de Juifs d’un train de la mort nazi ont été découvertes par un chercheur, et certaines des personnes qui étaient à bord se sont reconnues ou ont reconnu des membres de leur famille dans cette séquence vidéo silencieuse en noir et blanc.
Bien qu’il existe de nombreuses photographies du « train de Farsleben », libéré le 13 avril 1945, c’est la première fois que des images animées des prisonniers hébétés et soulagés accueillant leurs sauveteurs du GI ont été diffusées.
Le film a été récemment trouvé dans les archives nationales américaines par l’auteur Matthew Rozell, un chercheur sur la Shoah qui a publié en 2016 un livre sur la libération du train intitulé A Train Near Magdeburg.
Rozell a publié la vidéo sur sa chaîne YouTube le 29 juillet, accompagné des remarques de l’archive.
« Résumé : nombreuses scènes, prisonniers juifs libérés en groupes le long des voies ferrées », peut-on lire dans les commentaires. « Leurs expressions donnent une idée des souffrances qu’ils ont endurées. Plans individuels : hommes, femmes et enfants, certains d’entre eux à divers stades d’émaciation. Flashes de soldats américains distribuant de la nourriture. Le groupe qui entoure les soldats s’avance pour recevoir de maigres morceaux de nourriture. LS, village bombardé par l’artillerie allemande depuis l’autre côté de l’Elbe ».
Les médias israéliens ont retrouvé la trace de certains des survivants du train qui vivent aujourd’hui en Israël.

Jacob Barzilai, 90 ans, survivant de la Shoah, qui avait 12 ans au moment des faits, s’est reconnu et a également reconnu sa mère et sa sœur.
Il a déclaré à la Douzième chaîne qu’il avait déjà vu « d’innombrables » photos de la libération du train, mais qu’en dépit d’une attention particulière, il n’avait jamais été en mesure de se reconnaître ou de reconnaître des membres de sa famille.
« C’était inconcevable, incompréhensible, et je ne pouvais pas respirer, car j’ai trouvé ce que j’avais cherché pendant des années », a-t-il déclaré.
« Nous sommes arrivés à Bergen-Belsen à cinq et seuls trois d’entre nous sont revenus. J’y ai perdu mon père et mon grand-père. Dans la vidéo, j’ai vu ma mère, ma sœur et moi-même. J’ai été très ému en voyant ces images. Les mots me manquaient », a-t-il confié à Ynet.
C’est son fils, Eran Barzilai, qui l’a reconnu dans la vidéo et qui l’a ensuite portée à son attention.
« Lorsque j’ai montré le film à mon père, il a été très ému », a déclaré Eran Barzilai à Ynet. « Il a parlé de ces moments pendant toutes ces années, et tout à coup, il y a une documentation vidéo que nous n’avions jamais vue auparavant ».
Miriam Mueller, 82 ans, n’avait que quatre ans lorsqu’elle a été sauvée du train. Bien qu’elle ne se soit pas retrouvée dans les nouvelles images, elle a déclaré à Ynet que « cela m’a rappelé toutes sortes de souvenirs. J’ai eu du mal à respirer par la suite. J’ai dit que cette maudite guerre était sans fin. Nous y revenons sans cesse. Aujourd’hui, j’ai 26 petits-enfants et 40 arrière-petits-enfants, et un autre arrive bientôt. Le Seigneur a fait un miracle avec moi ».

Dula Kogan, qui se trouvait également à bord du train, a vu les images diffusées par la Douzième chaîne à son domicile de Tel-Aviv et a rapidement identifié son père.
« Nous étions vraiment confrontés à la mort », s’est-elle souvenue. « Et soudain, on voit comment on a soi-même été sauvé de la mort. Il est difficile de croire que ce moment ait été documenté ».
Alors que les armées alliées avançaient contre l’Allemagne à la fin de la guerre, les nazis ont tenté de cacher les atrocités qu’ils avaient commises dans les camps de concentration.
Le 7 avril 1945, 2 500 prisonniers juifs du camp de concentration de Bergen-Belsen ont été mis à bord d’un train à destination de Theresienstadt. Cependant, le 13 avril, le train a dû s’arrêter près de la ville de Farsleben en raison des bombardements des forces alliées qui avançaient dans la région. Certaines personnes à bord ont réussi à s’échapper du train et ont rencontré des soldats de la 30e division de l’armée américaine, avant de retourner libérer ceux qui étaient encore enfermés dans les wagons.
Lorsque la poignée de soldats nazis qui gardaient le train ont vu un char et une jeep américains arriver sur la colline, ils se sont enfuis. Les soldats américains ont alors ouvert les portes des wagons et les occupants se sont précipités à l’extérieur.
« Ils ressemblaient tous à des squelettes, tellement ils étaient affamés, leurs visages étaient malades. Et il y avait autre chose. Lorsqu’ils nous ont vus, ils se sont mis à rire de joie, si l’on peut appeler cela un rire. C’était plutôt une explosion de pur soulagement, presque hystérique », a raconté George Gross, un commandant de char.
Alors que les prisonniers rencontraient les troupes venues les libérer, un soldat américain juif, Abraham Cohen, leur a dit « Ich bin euech a Yidd », une expression yiddish signifiant « Je suis aussi un Juif », avant de leur montrer l’étoile de David qu’il portait autour du cou.

Matthew Rozell a fait des recherches sur l’événement de la libération et, depuis 2001, il a interviewé des vétérans américains qui ont participé à la libération de ce train.
La vidéo découverte comprend également des scènes d’une rencontre entre des soldats américains, russes et anglais sur la rive de l’Elbe après la libération de la ville de Magdebourg.
En 2015, un journaliste indépendant (lien en anglais) a pu identifier une femme et son enfant qui figuraient sur une photo de la scène de libération.
Frank Towers, l’un des soldats américains qui ont libéré le train, a donné une interview en 2016 (lien en anglais) au cours de laquelle il a parlé de ses efforts pour entrer en contact avec quelque 700 survivants qu’il croyait encore vivants.
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