Une ville portugaise dévoile une Torah du 16° siècle utilisée par des crypto-juifs
Un entrepreneur local a trouvé le parchemin pendant une chantier en 2006 et l’a conservé enroulé dans un drap jusqu’à récemment
Une petite ville du nord est du Portugal a dévoilé pour la première fois vendredi un rouleau de la Torah vieux de 400 ans qu’un entrepreneur local a trouvé il y a dix ans sur un site de démolition, et a conservé enroulé dans du lin.
L’ancien rouleau, écrit sur un parchemin, a été présenté à la mairie de Covilha, a annoncé le journal portugais Diario de Noticias. Mesurant 29 mètres de long pour 60 cm de large, le rouleau de la Torah a probablement été utilisé en secret lors de la période de l’Inquisition portugaise par des juifs cachés, aussi appelés Nouveaux Chrétiens.
Le rouleau, qui est en état excellent même après des siècles de conservation dans des conditions loin d’être idéales, sera emmené pour être mieux conservé à la fin du mois, a annoncé le journal.
Il a été découvert lors d’une démolition menée en 2006, selon le quotidien. Un entrepreneur local, resté anonyme, a été intrigué par le rouleau et l’a pris sue le site. Il l’a conservé dans un drap de lit chez lui jusqu’à récemment cette année, lorsqu’il en a parlé à des archéologues travaillant sur un projet différent qui lui ont proposé de l’aider à savoir de quel type d’objet il s’agissait.
Le Portugal comptait jadis une population juive de centaines de milliers de personnes avant 1536, lorsque le pays a mis en place sa version de l’Inquisition, dans une campagne de persécution menée par l’Eglise catholique et les autorités locales contre les non-chrétiens, qui ont fui la péninsule ibérique en masse ou sont restés après s’être convertis au christianisme par le force.
Alors que que la majorité des juifs qui ont fui ont essayé de prendre certains objets religieux avec eux, y compris les rouleaux de la Torah, d’autres les ont cachés avant de partir dans l’espoir les retrouver un jour. D’autres se sont convertis mais ont continué d’utiliser les objets pour pratiquer leur foi secrètement. Dans certaines parties du Portugal, cela pouvait valoir d’être dépossédé, torturé ou même tué. Mais dans d’autres zones, et particulièrement là où les juifs convertis avaient un rôle majeur dans le commerce, les autorités locales et l’Eglise fermaient les yeux sur le culte juif, qui a continué pendant des décennies avant finalement de disparaître.
Carlos Madaleno, le coordinateur des musées municipaux à Covilha, a déclaré au Diario de Noticias que le vieux quartier juif de la ville n’existait plus lorsque le rouleau était utilisé. Il a déclaré qu’il était probablement en possession de convertis forcés au christianisme qui ont conservé le rouleau en secret.
« Ce rouleau a été retrouvé à côté d’une église qui était fréquentée par des Nouveaux Chrétiens, et a été construite au 16e siècle », a-t-il déclaré.
Dans la ville de Trancoso, à côté de Covilha, les murs en pierre de nombreuses maisons présente des incisions bien préservées et effectuées après l’Inquisition portugaise. Les marques incluent des lettres en hébreu qui, si elles sont lues à l’envers, permettent de déchiffrer « Horreur », et des portes montrant l’absence d’une mezouzah.