Université de Genève : l’agenda pro-palestinien controversé à nouveau autorisé
Initialement interdit par le rectorat, l'agenda qui porte notamment l’inscription "De la rivière à la mer" est à nouveau distribué sur le campus après avoir subi un léger changement
À l’Université de Genève (UNIGE), un agenda pro-palestinien très controversé circule toujours, trois mois après la rentrée scolaire, selon la Radio Télévision Suisse.
Édité par la Conférence Universitaire des Associations d’Étudiants (CUAE), cet agenda avait été distribué gratuitement aux étudiants du campus en septembre avant d’être interdit par le rectorat qui jugeait que son contenu allait « à l’encontre des valeurs de respect, de diversité et d’inclusion que nous promouvons ».
L’inscription « From the River to the Sea » (en français : « De la rivière à la mer ») est notamment visible dès les premières pages. Ce slogan est régulièrement utilisé par les groupes pro-palestiniens pour appeler à la création d’un État palestinien du Jourdain à la Méditerranée, et donc à la destruction d’Israël.
L’agenda comprenait également des inscriptions pro-palestiniennes pour certaines dates clés. Par exemple, en date du 6 septembre, on peut lire : « 55 ans du triple détournement d’avion par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) ». pour le 15 mai, il est écrit : « Commémoration de la Nakba – nettoyage ethnique qui forcera l’exode de plus de 800 000 Palestiniens chassés de leurs terres par des milices sionistes ».
Fin novembre, le rectorat et le syndicat étudiant ont donc trouvé un accord pour permettre à ce dernier de continuer à distribuer l’agenda sur le campus. Les messages pro-palestiniens sont toujours bien présents dans le carnet, mais cette fois-ci un QR code a été ajouté pour permettre à qui le souhaite d’avoir une contextualisation du contenu.
En cliquant sur le QR code, les étudiants seront renvoyés vers le site internet de la CUAE, sur lequel des explications aux différents symboles ont été ajoutés.
Par exemple, le site estime que le slogan « From the River to the Sea » a en fait deux interprétations possibles : une lecture nationaliste qui appelle effectivement au remplacement d’Israël par un état palestinien et un symbole de « coexistence pacifique au Moyen-Orient ». La deuxième interprétation serait privilégiée par le syndicat.
Suite à la distribution gratuite d’agenda à @UNIGEnews par le @CUAE_unige
Le rectorat répond qu’ils condamne la distribution de cet agenda
dont les messages heurtent l’ensemble de la communauté
Comment cette asso reçoit de l’argent ?#freeGazafromHamas pic.twitter.com/gOCsHhozaR— תמר ✡︎????️Tamar (@Rose_tel_aviv) September 12, 2024
Dans un communiqué, la CUAE annonce avoir décidé de maintenir son recours déposé à la Chambre administrative de la Cour de justice contre le rectorat, estimant « qu’autoriser la distribution d’un agenda au mois de novembre nous semble démontrer que la décision initiale de censure a été prise dans la hâte et sans mûre réflexion de la part du rectorat ».
Dénonçant ce qu’il considère comme un « musèlement de notre solidarité envers les mouvements palestiniens », sans préciser de quels mouvements il s’agit, le syndicat ajoute que « cela fait plus d’un an que nos institutions ne prennent pas de mesures concrètes, telles que dénoncer le génocide en cours à Gaza ou l’arrêt définitif des collaborations avec les universités en Israël ».
De son côté, la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad), qui avait estimé en septembre qu’une « ligne rouge [avait] été
franchie », se dit consternée par le revirement du rectorat.
Sur Instagram, la Cicad a exprimé « sa stupéfaction et sa consternation face à la décision du Rectorat de permettre à nouveau la distribution de l’agenda polémique de la CUAE, en dépit de sa décision initiale et ferme prise en septembre dernier d’interdire sa distribution ».
L’organisation parle même d’une « nouvelle démonstration de la prise en otage de l’institution universitaire par des groupuscules propagandistes ».
En mai dernier, des étudiants de l’UNIGE avaient été évacués par la police pour avoir occupé un bâtiment du campus pendant près d’une semaine, exigeant notamment que l’Université prenne position pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza et qu’elle mette fin à ses collaborations avec les universités et les instituts de recherche israéliens.