Uri Savir, le négociateur en chef des accords d’Oslo, est décédé à 69 ans
Diplomate de carrière, il a dirigé les pourparlers avec les Palestiniens alors qu'il était directeur du ministère des Affaires étrangères avant de faire un passage à la Knesset
Uri Savir, ancien négociateur de paix, diplomate et législateur, est décédé vendredi à l’âge de 69 ans.
Associé à l’ancien Premier ministre Shimon Peres, Uri Savir a été nommé directeur général du ministère des Affaires étrangères en 1993. À ce titre, il a été le négociateur en chef d’Israël pendant le processus d’Oslo, qui visait à conclure un accord de paix sur le statut final avec l’Organisation de libération de la Palestine.
Il a également été membre de la délégation israélienne lors des pourparlers avec la Jordanie, qui ont abouti à l’accord de paix de 1994, ainsi que chef de l’équipe de négociation lors des pourparlers avec la Syrie de 1995 à 1996.
Savir a détaillé ses expériences pendant les négociations d’Oslo dans un livre publié en 1998, Les 1100 jours qui ont changé le Moyen Orient.
Toutefois, le processus a fini par s’effondrer au sommet de Camp David en 2001, date à laquelle Savir n’était plus impliqué dans les efforts de paix du gouvernement. Plusieurs cycles de négociations ultérieurs se sont également soldés par des échecs.
S’adressant à l’Associated Press en 2015, Uri Savir déplorait que l’on n’avait pas fait suffisamment d’efforts, au départ, pour créer une culture de la paix.
« Les dirigeants politiques n’ont pas suffisamment impliqué nos circonscriptions dans le rétablissement de la paix », a-t-il déclaré.
Uri Savir, qui est né à Jérusalem en 1953, a été consul général d’Israël à New York de 1988 à 1992 et a occupé plusieurs autres postes au ministère des Affaires étrangères.
En outre, il a fait un bref passage à la Knesset entre 1999 et 2001 en tant que législateur pour l’éphémère Parti du Centre.
En dehors de la diplomatie et de la politique, Savir s’est attaché à créer la coopération de base qui, selon lui, faisait défaut dans le processus au cours des années 90, en contribuant à la création du Centre Peres pour la paix. En 2011, il a fondé YaLa, un mouvement qui rassemble et crée un dialogue entre de jeunes leaders de tout le Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, les aidant à acquérir des compétences en matière de plaidoyer et de militantisme.
« Il est beaucoup plus important que les Arabes et les Israéliens étudient ensemble que je m’asseye 500 heures faee à Yasser Arafat. C’est ce que je crois aujourd’hui. Je ne le comprenais pas il y a 20 ans », a déclaré Savir à AP en 2015.
Malgré l’échec de plusieurs cycles de négociations entre Israël et les Palestiniens depuis Oslo, Savir est resté inflexible dans sa croyance en une résolution pacifique et une solution à deux États.
« Je crois qu’en fin de compte, il y aura une solution à deux États. Je crois qu’une majorité souhaite une coexistence pacifique », a-t-il déclaré en 2015.
Lorsque la Maison Blanche a dirigé un sommet économique à Bahreïn dans un effort de paix au Moyen-Orient à l’initiative de l’ancien président américain Donald Trump, Savir était sceptique.
« À moins qu’il y ait une véritable promesse politique, que je ne vois pas pour l’instant, de mouvement sérieux vers une solution à deux États, je ne pense pas que le front économique sera prometteur », a-t-il déclaré à CNN en 2018, tout en reconnaissant que c’était un pas dans la bonne direction.
Samedi, les politiciens israéliens ont exprimé leurs condoléances suite au décès de Savir.
« Aujourd’hui, nous avons perdu un diplomate important, un ancien directeur général du ministère des Affaires étrangères », a écrit le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid sur Twitter. « C’était une personne qui a consacré sa vie à la politique étrangère israélienne et qui a œuvré pour la paix au Moyen-Orient. Il l’a fait avec une foi totale et un grand talent. Sa contribution à l’État d’Israël est énorme et encore très ressentie aujourd’hui. »
La député travailliste Emilie Moatti a tweeté : « Je partage la peine de la famille Savir suite au décès de leur proche, un membre du camp de la paix, l’un des plus courageux, le diplomate et ancien député Uri Savir. »