USA: Inculpation de l’israélo-américain, ex-PDG de la firme de cryptodevises Celsius
Accusé « d'avoir monté un stratagème pour tromper ses clients durant des années », Alex Mashinsky fait face à d'autres charges, un an après le dépôt de bilan de sa société
Aux Etats-Unis, Alex Mashinsky, cofondateur et ex-PDG de Celsius Network, plate-forme de prêt de crypto-monnaie, aujourd’hui en faillite, mais qui a compté des millions d’utilisateurs et des bureaux en Israël, a été arrêté jeudi et inculpé par le ministère de la Justice en lien avec la faillite de l’entreprise.
Mashinsky et le directeur de l’optimisation des revenus de la société, Roni Cohen-Pavon, également interpellé jeudi, sont accusés par les autorités fédérales de fraude en valeurs mobilières, fraude sur les matières premières, fraude électronique et complot visant à manipuler le prix du jeton de la société, CEL, a fait savoir le ministère de la Justice.
En juin 2022, Celsius Network a cessé les retraits et transferts entre comptes, ce qui a considérablement déprimé de secteur des cryptomonnaies. Un mois plus tard, la société se déclarait en faillite, annonçant chercher le moyen de se restructurer pour maximiser les actifs des parties prenantes et assurant disposer de 167 millions de dollars de liquidités pour faire face aux urgences dans l’immédiat.
Aux États-Unis, me chapitre 11 de la loi sur les faillites permet à une entreprise incapable de régler ses dettes de se restructurer à l’abri de ses créanciers, tout en poursuivant son activité.
En mai, le consortium de crypto-monnaie Fahrenheit a acquis tous les actifs de Celsius (CEL).
Le ministère de la Justice accuse Mashinsky d’avoir monté « un stratagème durant plusieurs années pour tromper ses clients » et d’avoir fait de fausses déclarations sur ses ventes de CEL.
Selon l’acte d’accusation, « Mashinsky a donné de Celsius l’image d’une banque moderne, où les clients pouvaient déposer en toute sécurité des cryptomonnaies et engranger des intérêts. En fait, Mashinsky utilisait Celsius comme un fonds d’investissement à risques, attirant l’argent des clients sous de faux prétextes.
L’acte d’accusation fait état d’autres chefs d’inculpation, à la demande de la Securities and Exchange Commission, de la Commodity Futures Trading Commission et de la Federal Trade Commission.
Mashinsky, dont les parents juifs ukrainiens ont émigré en Israël lorsqu’il était enfant et qui s’est lui-même installé aux États-Unis après son service militaire israélien, avait déjà qualifié d’ « infondée » une précédente plainte déposée contre lui par la procureure générale de New York, Letitia James.

Ni Mashinsky ni Celsius n’ont fait de commentaires sur les interpellations et inculpations annoncées jeudi.
Avant de bloquer les retraits, Celsius Network offrait des taux d’intérêt de plus de 18 % pour les épargnants, mais 0,1 % pour les emprunteurs. Il avait déclaré un actif de 10 milliards de dollars.
L’entreprise était l’un des plus grands acteurs du secteur, assurant compter 1,7 million de clients en juin.
Fondée en 2017, Celsius employait plus de 100 personnes en Israël. La société fonctionnait comme une sorte de banque de cryptomonnaies permettant à ses clients de déposer leurs crypto-monnaies et d’en emprunter, de même que des dollars américains. En échange des dépôts de ses clients, la société leur versait des intérêts extrêmement généreux, dont les taux pouvaient atteindre plus de 19 % selon les comptes. Celsius utilisait ces dépôts pour les prêter à d’autres et générer ainsi un certain rendement.
La caisse de retraite du Québec et l’important fonds de capital de risque WestCap avaient investi dans Celsius.
Les plateformes de prêt comme Celsius font l’objet d’un examen rigoureux en raison des intérêts qu’ils servent, très supérieurs à ceux des marchés traditionnels, et de leur ressemblance avec des systèmes de Ponzi.

En novembre 2021, l’ex-directeur financier de Celsius Network, Yaron Shalem, avait été arrêté avec neuf autres personnes du secteur des cryptomonnaies, toutes soupçonnées d’être impliquées dans une escroquerie très lucrative, avec des victimes dans le monde entier.
Celsius avait déclaré au moment de l’arrestation que les faits reprochés à Shalem s’étaient passés à un moment où l’intéressé ne travaillait pas pour l’entreprise, ajoutant qu’il avait été immédiatement démis de ses fonctions lorsque Celsius avait appris qu’il faisait l’objet d’une enquête.
Le scandale Celsius s’ajoute à la liste des faillites des piliers de l’industrie des crypto-monnaies qui ont tenté de concurrencer les banques en gagnant de l’argent sur les prêts et les dépôts, mais ont essuyé la forte baisse des crypto-monnaies sur un marché caractérisé par une aversion pour les risques élevés.
Ces scandales, qui ont siphonné des dizaines de milliards de dollars d’actifs, ont donné lieu à des appels urgents à l’adoption de règles par le Congrès américain pour réformer une industrie aujourd’hui en roue libre.