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USA: RFK Jr., pour lequel la COVID-19 a été conçue pour épargner les Juifs ashkénazes, nommé à la Santé

Trump se dit "ravi " de nommer à la tête des services fédéraux de santé un Kennedy, fervent vaccino-sceptique, qui compare la vaccination à la Shoah

F. Kennedy, Jr. s’exprime avant Donald Trump lors d’un événement de campagne, le 27 septembre 2024 à Walker, Michigan. (Photo AP/Carlos Osorio)
F. Kennedy, Jr. s’exprime avant Donald Trump lors d’un événement de campagne, le 27 septembre 2024 à Walker, Michigan. (Photo AP/Carlos Osorio)

Donald Trump, qui forme un gouvernement guidé par l’allégeance à sa personne, a annoncé jeudi qu’il voulait confier le ministère de la Santé à Robert F. Kennedy Jr, notoirement sceptique vis-à-vis des vaccins.

Il entend aussi placer trois de ses avocats personnels à des postes clés de l’appareil judiciaire fédéral.

Lors d’un discours de gala dans son fief de Mar-a-Lago à Palm Beach en Floride, ouvert par le président argentin Javier Milei et l’acteur Sylvester Stallone, le président élu s’est félicité de ses propres nominations fracassantes à la Santé, la Justice, la Défense et à une commission pour l' »efficacité gouvernementale » confiée à Elon Musk.

Donald Trump a même demandé que son deuxième mandat « commence le 5 novembre (date de sa victoire, ndlr) parce que les marchés ont (depuis) crevé les plafonds et l’enthousiasme a redoublé ».

Le candidat indépendant à la présidence Robert F. Kennedy Jr. annonçant qu’il suspend sa campagne présidentielle lors d’une conférence de presse, à Phoenix, en Arizona, le 23 août 2024. (Credit : Darryl Webb/AP)

Sous la gouverne de « RFK Jr », le ministère de la Santé « jouera un grand rôle pour assurer que tout le monde soit protégé des produits chimiques, polluants, pesticides, produits pharmaceutiques et additifs alimentaires dangereux », a écrit le futur 47e président en nommant le neveu de John F. Kennedy.

« Ne deviens pas trop populaire »

« Les gens t’aiment bien Bobby. Ne deviens pas trop populaire, Bobby », a-t-il lancé.

Cet ancien avocat en droit de l’environnement sans formation scientifique a forgé avec le tribun de 78 ans une alliance improbable en renonçant à être candidat indépendant à la présidentielle.

Un flacon de vaccin Moderna COVID-19 sur une table dans une station d’inoculation près de l’université d’État de Jackson, dans le Mississippi, le 19 juillet 2022. (Crédit : AP Photo/Rogelio V. Solis)

Il a propagé des théories du complot, sur les vaccins contre le Covid-19 comme sur de prétendus liens entre vaccination et autisme, et réclame l’arrêt de l’ajout de fluor dans l’eau courante, pourtant considérée comme une grande réussite sanitaire dans la lutte contre les caries dentaires.

Les opinions de Kennedy en matière de santé, non contentes de se situer loin du consensus scientifique dominant, ont parfois flirté avec l’antisémitisme. L’an dernier, il a affirmé sans preuve que le COVID avait été « formulé sur une base ethnique » de façon à épargner les « Juifs ashkénazes et les Chinois ».

A l’occasion d’une manifestation anti-vaccin, en 2022, il avait déclaré : « Même dans l’Allemagne d’Hitler, on pouvait passer par les Alpes pour aller en Suisse ou on pouvait se planquer dans un grenier comme Anne Frank » – propos dont il s’était par la suite excusé. Il a l’habitude d’employer le mot « Shoah » pour parler de la vaccination.

Malgré tout, Kennedy nie catégoriquement être antisémite,ce qu’il a fait encore dernièrement lors d’une comparution devant le Congrès. En juillet dernier, il a pris la parole lors d’un événement organisé par le rabbin Shmuley Boteach, auteur et militant conservateur. Il est ardemment pro-Israël – son père, Robert F. Kennedy, a été assassiné lors des primaires présidentielles démocrates de 1968 par un Palestinien de Jordanie en raison de son soutien à Israël – et a récemment défendu le rabbin Menachem Mendel Schneerson, défunt chef du mouvement hassidique Habad, contre les attaques de la commentatrice d’extrême droite Candace Owens.

D’éminents Juifs se réclament du camp de Kennedy. Suite à l’annonce de sa nomination, jeudi, il y en a un de plus : Jared Polis, le gouverneur Démocrate du Colorado.

« Je suis ravi d’apprendre que le président élu va nommer Robert Kennedy Jr. », a écrit Polis sur les réseaux sociaux, affirmant que Kennedy « nous a aidés à lutter contre les mandats de vaccination au Colorado en 2019 ». Il a par ailleurs évoqué plusieurs questions politiques de santé sur lesquelles il s’est dit en phase avec Kennedy, commela réforme des normes fédérales en matière de nutrition, la limitation de l’utilisation des pesticides et le plafonnement des prix des médicaments au niveau mondial. Il a conclu : « Il fera face à l’opposition forte d’intérêts particuliers sur ces questions, mais j’ai hâte de travailler avec lui pour rétablir la santé de l’Amérique et j’espère que nous allons enfin pouvoir avancer sur ces questions importantes. »

(En août, Polis avait critiqué Kennedy, suggérant qu’il « ramènerait la rougeole et la poliomyélite ».)

Kennedy est la dernière personnalité marginale en date annoncée par Trump à un poste de haut niveau, après le Représentant d’extrême droite Matt Gaetz – connu pour ses propos antisémites – pressenti pour le poste de procureur général ou le commentateur de Fox News, Pete Hegseth, pour celui de Secrétaire à la Défense

Loyauté et rupture

RFK Jr veut lutter contre la malbouffe et est pour un droit à l’avortement s’arrêtant à la viabilité du foetus (environ 24 semaines).

Cette personnalité insaisissable, accro à l’héroïne dans sa jeunesse, a raconté avoir abandonné le cadavre d’un ourson dans Central Park à New York et avoir un jour dû se faire retirer un ver du cerveau.

Mais pas question pour Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier, de répéter ce qu’il a décrit comme la « plus grande erreur » de son premier mandat (2017-2021): choisir « des personnes qui n’étaient pas loyales ».

Le candidat républicain victorieux à la présidence, l’ancien président Donald Trump, faisant un signe de la main alors qu’il marche avec l’ancienne première dame Melania Trump lors d’une soirée de veille de l’élection au Palm Beach Convention Center, à West Palm Beach, en Floride, le 6 novembre 2024 (Crédit : Evan Vucci/AP)

« Les choix de Trump répondent à deux critères : la loyauté et la rupture », analyse pour l’AFP Todd Belt, professeur de sciences politiques à l’université George Washington.

Le président élu, auteur d’un come-back inouï avec sa victoire éclatante, l’a prouvé en nommant comme directrice du Renseignement Tulsi Gabbard, transfuge du Parti démocrate connue pour ses positions prorusses.

Quant au ministre nommé à la Justice, Matt Gaetz, un trumpiste tonitruant, il est soupçonné de relations avec une mineure et a mené à l’automne 2022 le renversement du patron républicain de la Chambre des représentants, semant une pagaille monstre.

Il doit être épaulé par trois avocats du président élu, Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer, que Donald Trump veut nommer ministres adjoints et représentant du ministère à la Cour suprême. MM. Blanche et Bove ont défendu le républicain dans le procès pénal sur des paiements dissimulés à une ex-actrice de films X qui a débouché sur sa condamnation à New York le 30 mai.

Le représentant Matt Gaetz se lève pour parler au président américain Donald Trump, assis à droite, alors qu’ils sont assis avec d’autres législateurs républicains lors du cinquième match des séries mondiales de baseball entre les Astros de Houston et les Nationals de Washington, au Nationals Park à Washington, le 27 octobre 2019. (Crédit : Pablo Martinez Monsivais/AP)

Du jamais-vu pour un ex-président américain.

Musk et l’Iran

Son premier mandat avait été une succession de limogeages spectaculaires. Et nombre de ses anciens conseillers et ministres se sont retournés contre lui.

Cette fois, le 45e et bientôt 47e président privilégie des personnalités qui n’ont parfois aucune expérience de l’appareil d’Etat mais qui le soutiennent sans réserve.

Comme Elon Musk, qui dirigera une commission de réduction de la dépense publique et de dérégulation.

« Il aime cet endroit, je ne peux pas le faire partir. Il a fait un boulot incroyable », a lancé le président élu, alors que l’homme le plus riche du monde passe la semaine à Mar-a-Lago.

Elon Musk et l’ex-Première dame des États-Unis, Melania Trump, écoutent le candidat Républicain à la présidence, l’ex-président américain Donald Trump, lors d’un meeting de campagne au Madison Square Garden, le 27 octobre 2024, à New York. (Crédit : AP Photo/Alex Brandon)

Selon le New York Times, Elon Musk prend part à nombre de décisions et a rencontré lundi l’ambassadeur de l’Iran à l’ONU pour « apaiser les tensions » entre Téhéran et les Etats-Unis.

Plusieurs futurs ministres ou conseillers s’invitent sur la chaîne préférée des conservateurs, Fox News. Donald Trump, lui-même ancienne figure de la téléréalité et grand consommateur de télévision, « aime les gens qui passent bien à l’écran », souligne Todd Belt.

Pour diriger le Pentagone, le milliardaire a carrément choisi un animateur de Fox News, Pete Hegseth, ancien militaire sans expérience du commandement de haut niveau.

Pete Hegseth se dirigeant vers un ascenseur pour une rencontre avec le président élu américain Donald Trump, à la Trump Tower, à New York, le 15 décembre 2016. (Crédit : Evan Vucci/AP)

Il a toutefois fait un choix qui tranche avec cette quête de loyauté absolue : le sénateur de Floride Marco Rubio, avec lequel il a eu en 2016 des relations conflictuelles, doit être ministre des Affaires étrangères.

Ces nominations devront être confirmées par le Sénat et Donald Trump mettra ainsi à l’épreuve la loyauté des élus républicains.

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