USA : une famille juive pourra engager une procédure pour récupérer un tableau pillé par les nazis
Le petit-fils de Lilly Cassirer veut poursuivre un musée de Madrid pour un tableau de Camille Pissarro représentant une scène de rue de Paris évalué à au moins 40 millions de dollars

La famille d’une femme juive qui avait été contrainte de vendre un tableau de valeur au moment de fuir les nazis est autorisée à poursuivre un musée de Madrid pour récupérer le tableau, selon la décision d’une cour fédérale d’appel américaine.
La cour d’appel des Etats-Unis du 9e circuit a jugé lundi que la famille de Lilly Cassirer pouvait poursuivre le musée Thyssen-Bornemisza de Madrid pour le tableau « Rue Saint-Honoré, Après-midi, Effet de Pluie », une scène de rue de Paris peinte en 1897 par Camille Pissarro, qui est évaluée à au moins 40 millions de dollars.
Le tableau est exposé au musée depuis 1992.
En 2005, le petit-fils de Cassirer, Claude, a engagé une procédure visant à récupérer le tableau que sa grand-mère, née en Allemagne, avait vendu à un marchand d’art en 1939 pour l’équivalent de 360 dollars, alors qu’elle fuyait son pays à cause des nazis. Le beau-père de Cassirer, Julius, avait fait l’acquisition du tableau auprès du peintre.

Le tableau a été acheté par le baron Hans Heinrich Thyssen-Bornemisza en 1976, et est exposé à Madrid depuis l’ouverture du musée à la fin de l’année 1992, après que le baron eût fait don de sa collection au gouvernement espagnol. Le baron est décédé en 2002. Le tableau avait été assuré pour plus de 10 millions de dollars.
Le juge John Walter, de la cour de district californienne de Los Angeles, avait jugé en juin 2015 que la loi espagnole s’appliquait en l’espèce, et que la loi n’exigeait pas la restitution du tableau, étant donné qu’il n’est pas certain que le musée ait su qu’il s’agissait d’un bien volé au moment de l’acquisition du tableau. Ce jugement intervenait après une procédure longue de 10 ans sur la propriété du tableau.
Le cas avait été renvoyé au juge Walter et à la cour de district de Los Angeles.
Cassirer semble ne pas avoir été au courant que l’œuvre d’art existait toujours au moment où elle a accepté de recevoir une compensation de la part du gouvernement allemand en 1958. Elle n’a pas non plus renoncé à son droit sur le tableau.