Valls à Yad Vashem et sur les tombes des victimes juives françaises du terrorisme
Le Premier ministre français doit s'entretenir avec son homologue pour le convaincre du bien-fondé de l'initiative de la France
Le Premier ministre Manuel Valls défend lundi à Jérusalem l’initiative française pour relancer l’effort de paix moribond avec les Palestiniens devant le méfiant Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Valls va au-devant de fortes résistances lorsqu’il rencontrera Netanyahu à 12H30 (heure israélienne) après être allé se recueillir sur les tombes des victimes juives des attentats en France.
Il a entamé cette deuxième journée marathon en Israël sous le signe de la mémoire. Kippah noire sur la tête, il a rituellement déposé de petits cailloux sur les sépultures des victimes des crimes antisémites en France au grand cimetière de Givat Shaul à Jérusalem.
Là reposent Ilan Halimi, enlevé et tué par le gang dit « des barbares » en 2006, le rabbin Jonathan Sandler et deux de ses enfants, Gabriel, 3 ans, et Aryeh, 6 ans ainsi qu’une autre petite fille de 8 ans, Myriam Monsonégo, les victimes du terroriste de Toulouse Mohamed Merah en 2012, ainsi que Yoav Hattab, Yohan Cohen, Francois-Michel Saada et Philippe Braham, les victimes de la prise d’otages meurtrière de l’HyperCacher de Vincennes en janvier 2015.
Valls a ensuite ranimé à Yad Vashem la flamme du souvenir à la mémoire des quelque six millions de juifs exterminés durant la Seconde Guerre mondiale.
« Ce lieu, c’est un lieu de mémoire, un lieu de deuil et un témoignage aussi de la folie des hommes », a dit M. Valls après avoir entendu un psaume émouvant chanté par un religieux et une prière prononcée par un petit choeur de jeunes femmes.
Il est « surtout une injonction faite à l’humanité tout entière parce qu’en Europe, il y a plus de 70 ans, c’est l’humanité qui est morte. Se rendre à Yad Vashem, c’est entrevoir tous ces visages transpercés de souffrance, c’est imaginer des voix devenues des souffles faibles et c’est entendre un immense cri de douleur », a-t-il affirmé.
C’est après des entretiens avec le président israélien – aux pouvoirs limités – Reuven Rivlin, puis avec le chef de l’opposition Isaac Herzog que Valls sera reçu par Netanyahu, pour un entretien et un déjeuner.
« Je suis très lucide sur la situation », a dit Valls à des journalistes lundi matin, « nous ne sommes pas avant (les accords de paix d’)Oslo. La colonisation, en plus, elle s’est déployée. Il y a le mur » de sécurité israélien.
Depuis le début de sa visite, M. Valls s’est employé à surmonter les réticences israéliennes et a multiplié les gestes symboliques et les gages d’amitié, y compris personnelle, envers Israël, tout en répétant que « la colonisation doit cesser ».
« Je rappellerai à Benjamin Netanyahu que cette initiative n’est pas contre Israël », mais au contraire dans son intérêt comme dans celui des Palestiniens, a dit M. Valls lundi.
‘Chaque chose en son temps’
Il a à nouveau évoqué les motivations françaises, « désintéressées » : recréer une dynamique autour d’une « solution à deux Etats » israélien et palestinien coexistant en paix, et mettre fin à un dangereux statu quo qui menace de dégénérer en une nouvelle escalade dans une région déjà en proie au tumulte.
Après une réunion préparatoire le 3 juin sans Israéliens ni Palestiniens, Paris espère réunir à l’automne une grande conférence en leur présence.
Interrogé sur l’éventualité que la conférence n’impose un calendrier de négociations, M. Valls a jugé prématuré d’en parler : « On ne peut pas décider d’une méthode à travers une conférence qui n’a pas encore eu lieu en imposant un calendrier contraignant. Chaque chose en son temps ».
Pour M. Netanyahu, Israéliens et Palestiniens doivent faire la paix lors de négociations bilatérales.
Après le déjeuner avec M. Netanyahu, M. Valls se rendra dans les territoires palestiniens.