Vanunu demande à sortir d’Israël, pour la 8e fois
Sans se décourager par les nombreux refus, l'ex-technicien du réacteur de Dimona souhaite rendre visite à la famille de sa femme à l'étranger
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
L’ancien technicien nucléaire de Dimona Mordechaï Vanunu, emprisonné pendant 18 ans pour trahison et espionnage après avoir divulgué des secrets nucléaires d’Israël à un journal britannique en 1986, a de nouveau saisi la Haute Cour de justice pour lui permettre de quitter le pays.
C’est la huitième fois que Vanunu fait une telle demande depuis sa sortie de prison en 2004, la précédente datant de décembre 2013.
Contrairement aux demandes antérieures, dans lesquelles Vanunu avait déclaré au tribunal qu’il voulait déménager de façon permanente en dehors du pays, cette fois, il a affirmé que son intention était simplement de visiter la famille de sa nouvelle épouse à l’étranger, selon ses avocats.
Selon les termes de sa libération, Vanunu n’a pas le droit de se rendre dans des pays étrangers, parler de son travail au Centre de recherche nucléaire du Néguev, quitter son domicile sans préavis aux autorités ou rencontrer un ressortissant étranger pendant plus de 30 minutes.
En 2007, Vanunu avait été emprisonné pendant six mois supplémentaires pour la violation de ces dispositions pour s’etre rendu à Bethléem en Cisjordanie, alors qu’il vivait à Jérusalem.
Le juge Yoel Tzur, qui avait condamné Vanunu en 2007, a déclaré, « il apparaît que l’accusé affiche un dédain total » pour ses restrictions, mais a déploré avoir à lui remettre l’incarcération de six mois, « puisque l’accusé a purgé une longue peine de prison dans le passé , la plus grande partie à l’isolement ».
En dépit de nombreux appels de Vanunu, le tribunal a constamment confirmé ces restrictions.
Dans son précédent appel, Vanunu avait déclaré à la Haute Cour, qu’il trouvait la vie en Israël trop difficile à supporter, et lui avait demandé de lever le mandat lui interdisant de quitter le pays ou de communiquer avec des étrangers.
« Je ne veux pas vivre en Israël, » avait affirmé à l’époque Vanunu en anglais, précisant qu’il ne parlera pas en hébreu jusqu’à ce qu’il lui soit autorisé de quitter le pays.
Vanunu, converti au christianisme dans les années 1980, a ajouté qu’il est souvent l’objet de harcèlement par le public israélien là où il est reconnu.
« Je ne peux pas vivre ici comme un espion condamné, un traître, un ennemi et un chrétien, » avait-il ajouté.
En 1986, Vanunu avait divulgué les détails d’un programme nucléaire militaire d’Israël présumé au Sunday Times, bravant l’ambiguïté sur le nucléaire d’Israël.
Vanunu a comparé ses actions passées à celles d’Edward Snowden, l’ancien employé de la NSA.
« Snowden est le meilleur exemple de ce que j’ai fait il y a 25 ans : quand le gouvernement viole la loi et bafoue les droits de l’Homme, les gens parlent. Voilà ce qu’il a fait, il a parlé pour tout le monde, et c’est ce que j’ai fait – j’ai parlé pour tout le monde », avait-il prétendu en 2013.
La Haute Cour de Justice examinera le mois prochain la requête de Vanunu, a rapporté le site Ynetnews.
Times of Israel Staff a contribué à cet article.