Varda Harmati, 81 ans : La grand-mère rousse du kibboutz s’en est allée
Assassinée dans sa maison du kibboutz Reim, le 7 octobre 2023
Varda Harmati, 81 ans, a été tuée dans sa maison du kibboutz Reim, près de la frontière de Gaza, le 7 octobre.
Elle a été trouvée dans son lit, blessée par balle à la tête, par son ami, Boaz, qui vivait ailleurs dans le kibboutz, désormais tristement célèbre pour avoir accueilli le Festival Supernova, au cours duquel des terroristes palestiniens du Hamas ont tué plus de 260 personnes.
« La reine est morte », a écrit Boaz (lien en hébreu) à sa famille, qui essayait désespérément de la joindre depuis des heures en cet horrible samedi matin du 7 octobre. Elle envoyait toujours un message de bonjour avec des émojis de fleurs dans le groupe familial. Ce matin-là, ces messages ne sont jamais arrivés.
Boaz est resté près du corps de Varda pendant environ 30 heures jusqu’à l’arrivée des forces de l’ordre.
Enfant de survivants de la Shoah, Varda est née en terre d’Israël en 1942 dans le kibboutz Maoz Haïm, dans la vallée de Beit Shean. Elle a servi dans l’unité des forces spéciales Sayeret Shaked (1955-1979), aujourd’hui dissoute, qui faisait partie du Commandement du Sud des forces de Tsahal et était chargée de contrecarrer les infiltrations et les trafics en provenance de la bande de Gaza, alors sous contrôle égyptien, à la frontière sud d’Israël.
Selon sa famille, elle est tombée amoureuse du sud pendant son service militaire.
Varda fait partie des fondateurs du kibboutz Reim, où elle a élevé deux enfants et vu grandir ses petits-enfants. Récemment, sa petite-fille, Noa Harmati, a donné naissance à un arrière-petit-enfant et Varda se réjouissait de leur prochaine visite prévue à l’occasion du week-end du 7 octobre.
« Tu as attendu que ton arrière-petite-fille Niv vienne au kibboutz pour la montrer à tous tes amis. Je te promets que nous ferons faire à Niv la visite que tu voulais tant lui faire », a déclaré Noa, 26 ans.
À 81 ans, toujours rousse et portant du rouge à lèvres, Varda était une figure incontournable du kibboutz et une sorte de célébrité locale. Elle travaillait toujours dans l’usine du kibboutz pour la société Isralaser, spécialisée dans l’ingénierie laser.
« C’était une femme que tout le monde aimait dans le kibboutz, c’était impossible de ne pas l’aimer », a déclaré (lien hébreu) son petit-fils Itamar Mizrachi, le fils de sa fille Ayelet.
« Une femme si sociable et si pleine de vie que les amis du kibboutz étaient comme ses frères et sœurs. C’était une femme pleine de valeurs, une véritable pionnière qui nous a inculqué l’amour du lieu. Elle ne l’a jamais quitté, quelle que soit la guerre, et ma mère est restée dans le kibboutz pour y élever sa famille, et j’y suis également retourné », a déclaré Itamar, 24 ans, revenu après six ans d’études de stylisme.
« Nous faisions tout ensemble », a-t-il déclaré. « Je n’avais aucun doute sur le fait que j’avais une maison où je voulais retourner. Grand-mère et moi étions les meilleurs amis du monde. J’étais proche d’elle, je lui parlais de tout et je lui rendais visite tous les jours. »
Itamar a survécu aux tueries, d’abord en se cachant dans le mamad – pièce sécurisée – de son appartement, puis en communiquant avec l’équipe de défense civile du kibboutz, qui lui avait indiqué des endroits plus sûrs où se cacher.
Il avait rapidement appris la mort de sa grand-mère. Lui et ses compagnons ne s’étaient pas permis de pleurer « pour qu’ils ne nous entendent pas ».
Les larmes aux yeux, il a expliqué à Maariv que sa grand-mère était comme « une star de cinéma parce que c’est à cela qu’elle ressemblait et c’est ce qu’elle transmettait ».
« Douce, aimante, compatissante, une âme sœur, une personne aimante et une grand-mère aimante pour ses petits-enfants et son arrière-petite-fille. Si vous l’aviez rencontrée… une marque rouge rubis serait restée sur votre joue toute la journée », a-t-il déclaré.
« Une battante, qui aimait la vie et le pays et qui a voyagé presque partout dans le monde. Elle a travaillé jusqu’à son dernier jour à l’usine du kibboutz. Tous les matins, elle prenait son vélo, travaillait, rendait visite à des amis, faisait du shopping à Netivot, allait au théâtre et au cinéma. Une femme plus grande que nature », a poursuivi Itamar.
Noa lui a fait ses adieux en ces termes : « Ma grand-mère bien-aimée, j’ai toujours pensé que tu vivrais éternellement. En te levant le matin pour aller travailler, en te promenant dans le kibboutz, j’avais vraiment l’impression que toute ta vie était encore devant toi. Le kibboutz était ta fierté, tu t’y promenais comme une reine. J’ai le cœur brisé, grand-mère. Je suis désolée que ta vie se soit terminée de cette façon, grand-mère. »