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Varsovie : Une conférence sur la Shoah perturbée par un député d’extrême droite

Grzegorz Braun a perturbé une conférence de Jan Grabowski, spécialiste de la Shoah et professeur à l'Université d'Ottawa

Grzegorz Braun, député d’extrême droite polonais, membre du parti de la Confédération, a perturbé une conférence de Jan Grabowski, spécialiste de la Shoah et professeur à l’Université d’Ottawa, ce mardi 30 mai, a rapporté le journal Wyborcza.

L’évènement se déroulait à l’Institut d’histoire allemand de Varsovie. Le sujet de la conférence était « le problème polonais (croissant) avec l’histoire de la Shoah ».

Afin d’empêcher la conférence, le député est intervenu sur scène, agressant Jan Grabowski, brisant le micro du pupitre et arrachant les câbles des haut-parleurs. L’opposant d’extrême droite a été entouré par la foule, a refusé de quitter les lieux, et la police est intervenue. L’évènement a finalement été annulé. Des vidéos de l’incident ont depuis été publiées sur les réseaux sociaux.

Par son intervention, le député entendait défendre le rôle de la Pologne lors de la Seconde Guerre mondiale, et s’opposer à tout récit impliquant une responsabilité de la Pologne et de sa population dans la Shoah.

« Je considère qu’il est nécessaire de mettre fin à ce type de provocations contre la nation polonaise à un moment où un individu notoirement connu pour sa propagande historique anti-polonaise, vile et contre-factuelle a décidé de raconter un récit dans lequel, comme d’habitude dans son travail, les patriotes polonais sont présentés comme du mauvais côté. Et je ne vais pas l’écouter passivement », a depuis écrit Grzegorz Braun sur Twitter. 

« Je n’ai jamais rien vu de tel au long de ma longue carrière universitaire », a quant à lui réagi Jan Grabowski.

Cet incident fait écho à un différend entre Israël et la Pologne à propos des décisions prises par Varsovie pour minimiser la responsabilité polonaise dans la persécution et le meurtre de masse des Juifs, sur son territoire, pendant la Shoah.

Les relations se sont détériorées en 2018, lorsque la Pologne a adopté une loi interdisant de critiquer la Pologne pour les crimes nazis. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Yair Lapid, avait qualifié la loi d’antisémite, ce qui avait eu pour effet d’ouvrir une crise diplomatique.

Il y a peu, Israël et la Pologne ont signé un accord afin que reprennent les voyages mémoriaux de jeunes Israéliens en Pologne. Cela visait aussi à rétablir des relations diplomatiques tendues.

En vertu de cet accord, les groupes d’étudiants israéliens pourront se rendre dans les sites recommandés par la Pologne. Mais selon les critiques, ces sites véhiculent une vision déformée de la Shoah, oublieuse des complicités polonaises et centrée sur l’exaltation des mesures prises par certains Polonais pour sauver les Juifs.

Cet accord a été très critiqué en Israël, qui estime qu’il conforte la position polonaise, alors que les historiens disposent de preuves significatives de la vaste coopération des Polonais avec le régime nazi.

Des visiteurs du camp de concentration nazi d’Auschwitz après la Marche des vivants, à Oswiecim, en Pologne, le 28 avril 2022. (Crédit : AP/Czarek Sokolowski)

Les jeunes Israéliens juifs se rendent traditionnellement en Pologne, en été, entre la classe de Première et celle de Terminale, pour visiter d’anciens camps nazis, s’informer sur la Shoah et rendre hommage aux personnes assassinées.

Ces voyages ont longtemps été considérés comme un rite de passage dans le système éducatif israélien et, avant la pandémie de COVID-19, quelque 40 000 étudiants israéliens y participaient chaque année.

L’accord est une étape vers la normalisation des relations avec la Pologne, qui était jusqu’à il y a quelques années l’un des pays les plus pro-israéliens de l’Union européenne.

La Pologne a été le premier pays envahi et occupé par le régime nazi d’Adolf Hitler lors de la Seconde Guerre mondiale.

Les membres de la résistance polonaise et du gouvernement en exil ont lutté pour informer le monde du massacre des Juifs, et des milliers de Polonais ont risqué leur vie pour aider des Juifs.

Six millions de Juifs, dont la quasi-totalité des quelque 3 millions de Juifs de Pologne, ont été tués par les nazis et leurs collaborateurs lors de la Shoah, et les principaux camps de la mort nazis se trouvaient en Pologne.

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