Vente aux enchères de la plus ancienne tablette gravée des Dix Commandements
La tablette de marbre de 60 centimètres de haut et de 52 kilos est inscrite en paléo-hébreu, avec une variante samaritaine des dix commandements, y compris une injonction concernant un rite sacrificiel sur le mont Gerizim
La maison de vente aux enchères Sotheby’s New York prévoit de vendre le mois prochain la plus ancienne tablette des Dix Commandements. Estimée entre 1 et 2 millions de dollars, elle sera présentée à la vente le 18 décembre.
La tablette de marbre, qui pèse 52 kilogrammes et mesure 60 centimètres de haut, a probablement été sculptée à la fin de la période romaine ou byzantine (vers 300-800 de l’ère commune) et présente une formulation des Dix commandements presque identique à celle qui figure aujourd’hui dans la Bible hébraïque.
L’inscription de la tablette est rédigée dans une version du paléo-hébreu, l’alphabet qui a été remplacé chez les anciens Judéens au cours des derniers siècles avant l’ère commune.
L’écriture est restée en usage chez les Samaritains, qui ont des ancêtres communs avec le peuple juif actuel mais se sont séparés il y a au moins deux mille ans, et apparaît dans la parabole du « Bon Samaritain » du Nouveau Testament. Aujourd’hui, ils sont moins d’un millier et possèdent à la fois la citoyenneté israélienne et palestinienne.
La tablette comprend un commandement concernant un rite sacrificiel sur le mont Gerizim, le site samaritain situé dans l’actuelle Cisjordanie, qui est à peu près l’équivalent du mont du Temple pour les juifs traditionnels.
Ce commandement – qui apparaît au dixième rang, comme c’est le cas aujourd’hui dans la tradition samaritaine – est l’un des seuls décalages avec la formulation qui figure dans la Bible hébraïque.
Il manque le troisième commandement de la variante de la Bible hébraïque, l’injonction de ne pas prononcer le nom de D.ieu en vain, qui est également absente des textes samaritains d’aujourd’hui. Il commence également par une dédicace « au nom de Korah ».
« Nous avons reconnu la grande importance de cet objet et sommes ravis de le proposer à la vente publique », a déclaré mercredi Sharon Liberman Mintz, spécialiste internationale du judaïsme chez Sotheby’s, à l’agence ARTnews.
Découverte en 1913 lors de la construction d’un chemin de fer sur la côte sud d’Israël, elle a d’abord été ignorée. À un moment donné, elle a été utilisée comme pavé à l’extérieur d’une maison, selon Heritage Auctions, qui a procédé à une vente antérieure de l’objet.
Sotheby's Will Auction Oldest Inscribed Tablet of Ten Commandments
“It is rare for there to be exceptionally important pieces from the Holy Land, which have left Israel before 1978,” Mintz said in reference to the year Israel passed its antiquities law. https://t.co/tseqzB76Ke
— Chasing Aphrodite (@ChasingAphrodit) November 13, 2024
En 1943, la pierre a été acquise par un certain Y. Kaplan, dont on ne sait pas grand-chose d’autre. Kaplan a rédigé un article scientifique sur la tablette en 1947, en collaboration avec Yitzhak Ben-Zvi, un archéologue qui deviendra plus tard président d’Israël.
La tablette a été achetée par le marchand d’antiquités Robert Deutsch dans les années 1990, puis par le rabbin Saul Deutsch pour le Living Torah Museum de Brooklyn, à New York.