Veuves et proches de disparus s’affrontent sur le projet de loi pour l’usage posthume du sperme
Les veuves souhaitent avoir le dernier mot sur la question, alors que les familles souhaitent avoir le droit de disposer du sperme de leur fils pour assurer une descendance

Des discussions houleuses entre veuves et proches de disparus ont eu lieu mercredi dans le cadre d’une réunion de la commission de la Santé de la Knesset chargée d’examiner le projet de loi sur l’utilisation posthume du sperme avant sa première lecture en séance plénière.
Ce projet de loi a vocation à définir des lignes directrices pour les hommes souhaitant permettre le prélèvement posthume de sperme et son utilisation par leur partenaire de vie ou leurs proches après leur mort.
Pour l’heure, le prélèvement posthume de sperme peut être effectué à la demande d’une veuve sans procédure juridique, mais les parents souhaitant que le sperme de leur fils décédé soit prélevé et conservé doivent obtenir une ordonnance d’un tribunal de la famille. En temps de guerre, cette dernière exigence est levée à titre temporaire.
Le projet de loi vise à faire en sorte qu’une veuve devrait pouvoir décider en toute autonomie du prélèvement de sperme à titre posthume afin de concevoir un enfant.
Le débat porte sur des dispositions qui permettraient aux parents de l’homme décédé désireux de perpétuer sa lignée de demander un prélèvement de sperme à titre posthume et d’en obtenir la garde dans le cas où sa veuve ne souhaite pas en faire usage.
Certains membres de cette commission sont très opposés à l’idée que les parents d’un homme choisissent une femme sans aucun lien avec leur fils pour qu’elle porte et élève l’enfant conçu avec son sperme. Ils voient en cela un affront fait à la veuve, dont le mari disparu aurait donc un enfant qu’elle n’aurait pas mis au monde.
Les parents de personnes disparues estiment qu’ils ont le droit d’utiliser le sperme de leur fils pour faire naître leur petit-enfant, et que la veuve ne devrait pas avoir le dernier mot dans cette affaire.
« Ce n’est pas à une jeune veuve de décider qu’un homme ne laissera pas d’enfant, ne laissera pas de trace de son patrimoine génétique. Les parents devraient avoir la priorité. C’est nous qui avons donné naissance à notre fils, qui l’avons nourri, qui l’avons élevé et qui n’avons pas dormi la nuit », estime Irit Shahar, qui se bat depuis 12 ans pour utiliser le sperme de son défunt fils Omri.