Viol antisémite : rassemblement à Courbevoie en soutien à la jeune victime
Pour le président du CRIF, Yonathan Arfi, présent au rassemblement, il est urgent de "tirer la sonnette d'alarme", et d'"envoyer un message à la société française" face à l'antisémitisme
Quelques centaines de personnes, selon un journaliste de l’Agence France-Presse, se sont rassemblées vendredi 21 juin devant l’hôtel de ville de Courbevoie en soutien à l’adolescente de 12 ans victime d’un viol à caractère antisémite, qui a suscité une vive émotion dans la communauté juive et au-delà.
Plusieurs personnalités politiques, dont la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot et la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, ont participé sous la pluie à ce rassemblement, organisé à l’appel du maire de cette commune des Hauts-de-Seine, Jacques Kossowski.
« Ce rassemblement a été fait uniquement pour cette jeune fille et sa famille », a déclaré l’édile, s’abritant sous un parapluie. « Courbevoie est toujours une ville calme. Je ne pouvais pas m’imaginer que ça pouvait arriver. Ce sont des monstres qui ont fait ça », a-t-il ajouté.
La jeune fille a été la victime samedi 15 juin dans cette ville de banlieue au nord-ouest de Paris d’un viol perpétré par des adolescents qui l’ont traitée de « sale juive » et l’ont menacée de mort.
Deux garçons de 13 ans ont été mis en examen et écroués mardi, notamment pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences à caractère antisémite.
Un troisième, âgé de 12 ans, placé sous le statut de témoin assisté pour le viol et mis en examen pour les autres infractions, a fait l’objet d’une mesure éducative provisoire.
Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi, présent au rassemblement à Courbevoie, il est urgent de « tirer la sonnette d’alarme » et « d’envoyer un message à la société française » face à l’antisémitisme.
« L’explosion des actes antisémites dans notre pays depuis le 7 octobre (avec des chiffres tout à fait impressionnants : + 1 000 % sur le dernier trimestre 2023, + 300 % début 2024) doit cesser », a-t-il déclaré. « Il faut regarder ce phénomène avec clarté si on veut le combattre avec efficacité », a imploré M. Arfi.
Un sentiment partagé par Gérald Nussbaum, habitant de l’ouest parisien, qui s’est dit « très touché » et « écœuré » par le viol de la jeune fille : « L’antisémitisme, le racisme, l’opposition des extrêmes vont faire exploser notre société (…) ça m’interroge beaucoup par rapport à notre vie dans ce pays, qu’on soit Juif ou pas. »
Ce cinquantenaire de confession juive dit particulièrement s’inquiéter « d’un climat d’insécurité (pour les Juifs de France, NLDR) qui fait le jeu de certains » : « Je fais attention à ma famille, je fais attention à ce que je peux porter et où je le porte », avoue-t-il.
À Nice, près de 400 personnes se sont rassemblées à l’appel du maire Christian Estrosi, qui fait flotter le drapeau israélien depuis des mois sur l’hôtel de ville.
Yaële Lerner, 67 ans, interprète à la retraite, est justement venue avec un drapeau israélien sur les épaules. « Mais je ne l’ai pas mis pour traverser la ville. Ça me fait de la peine mais je pousse toute notre jeunesse à partir en Israël, on n’a plus choix, c’est devenu trop dangereux » en France, estime-t-elle.
« La France doit s’excuser auprès de cette enfant de 12 ans car elle ne lui a pas permis de garder son innocence », a réclamé de son côté Jérôme Culioli, le représentant local du Crif, en voulant croire que la France allait « se rattraper ».