Violences à Amsterdam: arrestations lors d’une nouvelle manifestation anti-Israël interdite
Les manifestants ont scandé "Amsterdam dit non au génocide" et "Free Palestine", quelques jours après que des supporters de football israéliens ont été pourchassés par des bandes masquées dans la capitale néerlandaise
Des dizaines de personnes ont été arrêtées mercredi soir lors d’une manifestation propalestinienne interdite à Amsterdam, théâtre de violentes attaques la semaine dernière contre des supporters de football israéliens.
Plusieurs centaines de manifestants, vêtus de keffiehs et scandant des slogans, se sont rassemblés sur la place du Dam dans le centre-ville d’Amsterdam, où les tensions sont vives depuis les scènes de violence de jeudi soir condamnées pour el caractère antisémite par Israël et les autorités néerlandaises.
Des dizaines de manifestants, dont certains portaient des drapeaux palestiniens, ont scandé « Amsterdam dit non au génocide » et « Free Palestine ».
Les personnes interpellées ont été amenées à des bus qui attendaient à proximité, certaines d’entre elles opposant une forte résistance, ont constaté des correspondants de l’AFP.
« Nous avons ordonné aux manifestants de partir. Certains sont ensuite partis volontairement. Les manifestants restants sont encerclés par des policiers. Ils ont été arrêtés et seront transportés dans des bus », a déclaré la police sur X.
La manifestation « a vraiment pour objectif de défendre notre liberté d’expression et de nous protéger les uns les autres », a déclaré à l’AFP Sam van Urk, 33 ans, présent lors du rassemblement.
Omg, not again. Make it stop. This is getting ridiculous.
Yet another pro-Palestinian protest is happening tonight in Amsterdam, despite the protest ban in place. pic.twitter.com/Xi6peypphk
— DutchLGB (@DutchLGB) November 13, 2024
Il s’agit de la deuxième manifestation propalestinienne organisée en dépit d’une interdiction des rassemblements dans la ville, après les violences de la semaine dernière.
Dans la nuit du 7 au 8 novembre après un match de Ligue Europa entre l’Ajax Amsterdam et l’équipe israélienne du Maccabi Tel-Aviv, des supporters du Maccabi ont été pourchassés et battus dans les rues d’Amsterdam.
Les autorités ont fait état de cinq personnes brièvement hospitalisés lors de ces attaques, qui ont suscité l’indignation de nombreuses capitales occidentales.
Les autorités israéliennes ont déclaré que 10 personnes avaient été blessées lors des violences commises pendant la nuit par des gangs arabes et musulmans locaux contre des supporters du Maccabi Tel Aviv. Des centaines d’autres Israéliens se sont retranchés dans leurs hôtels pendant des heures, craignant d’être attaqués.
Des incidents isolés avaient éclaté avant le match, y compris des chants anti-arabes scandés par des supporters du Maccabi.
Ces violences se sont produites dans un contexte de polarisation en Europe, avec une montée des actes antisémites, anti-israéliens et islamophobes depuis le début de la guerre entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par ce dernier.
« Huile sur le feu »
La mairie d’Amsterdam a prolongé jusqu’à jeudi les mesures d’urgence prises dans la ville, qui comprennent l’interdiction du port d’un masque et la mobilisation d’effectifs de police supplémentaires.
Pendant ce temps, la sphère politique se déchire au sujet des événements à Amsterdam. Un débat houleux s’est tenu mercredi au Parlement, en présence du Premier ministre Dick Schoof.
Le député d’extrême-droite Geert Wilders, chef du plus grand parti de la coalition gouvernementale, a affirmé que les auteurs des violences contre des supporters israéliens étaient « tous des musulmans » et « pour une grande partie marocains ».
M. Wilders estime que les auteurs doivent être poursuivis notamment pour « terrorisme ».
Le leader du PVV s’est attiré les foudres de plusieurs partis de l’opposition, qui ont accusé le député anti-immigration de « jeter de l’huile sur le feu ».
Tout en condamnant unanimement les violences, plusieurs partis ont appelé au « dialogue avec la communauté musulmane » au lieu de « diviser » le pays, selon les termes de Frans Timmermans, chef de l’opposition de gauche.
Le Premier ministre néerlandais a avant cela indiqué que son gouvernement présenterait vendredi des mesures concrètes pour lutter contre l’antisémitisme. Il a ajouté qu’il y avait un « problème d’intégration aux Pays-Bas ».
Le parquet a déclaré mercredi à l’AFP que huit personnes se trouvaient encore en détention dans le cadre des violences contre les supporters israéliens.
Appel au dialogue
« Je suis ici pour dire stop à cette guerre », a déclaré lors du rassemblement mercredi Hiba, 36 ans, ingénieure d’origine palestinienne, qui n’a pas donné son nom. « Il y a de la colère en chacun de nous », mais « je ne crois pas que même le plus bas niveau de violence soit une solution », a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.
« Les supporters (du Maccabi) ont été provocateurs dès le début », a-t-elle poursuivi, déplorant toutefois que « les politiciens essaient de faire en sorte que ce soit les musulmans contre les juifs ». « Ce n’est pas ça », assure-t-elle.
Depuis les événements de la semaine dernière, plusieurs organisations et associations des communautés juives et musulmanes d’Amsterdam ont appelé au calme et au dialogue.