Virus : le Spoutnik V arrive en Cisjordanie, confinement allégé à Gaza
Les Palestiniens ont "remercié" la Russie pour ses doses qui permettront de vacciner "5 000 citoyens" dans l'attente des quelque deux millions de doses commandées

L’Autorité palestinienne a reçu jeudi 10 000 doses du vaccin russe Spoutnik V en Cisjordanie, tandis que le groupe terroriste du Hamas dans la bande de Gaza a annoncé un allègement des mesures sanitaires imposées après un pic de contaminations au Covid-19.
L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui siège à Ramallah, avait commencé mardi à vacciner son personnel médical après avoir reçu 2 000 premières doses d’Israël, qui lui en a promis 5 000.
L’Etat hébreu, qui n’a pas précisé les raisons pour lesquelles il allait fournir 5 000 vaccins à l’Autorité palestinienne, vaccine déjà les Palestiniens de Jérusalem-Est. Israël n’a « aucune obligation de fournir des vaccins aux Palestiniens, » a affirmé Alan Baker, ex-diplomate israélien ayant travaillé sur le processus de paix israélo-palestinien d’Olso dans les années 90. « Tous les pouvoirs et les responsabilités concernant la médecine et la santé, incluant les vaccinations contre les épidémies sont transférés aux Palestiniens », dit-il à l’AFP évoquant l’article 17, du 3e annexe de l’accord d’Oslo II.
Mais les deux parties sont néanmoins « obligées de coopérer et d’échanger des informations », assure M. Baker, aujourd’hui chercheur au Jerusalem center for public affairs (JCPA), un centre d’analyse.
Jeudi, après des jours de tergiversations et de rumeurs, 10 000 doses du vaccin russe Spoutnik V ont atterri à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, en Israël, pour être aussitôt acheminées en Cisjordanie, ont indiqué des responsables.
Dans un communiqué, le ministère local de la Santé a « remercié » la Russie pour ses doses qui permettront de vacciner « 5 000 citoyens » palestiniens dans l’attente des quelque deux millions de doses commandées au total par les autorités locales à différents laboratoires, et de celles prévues dans le cadre du dispositif « Covax » d’aide aux pays ou régions les plus pauvres.
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Le ministère local de la Santé a officiellement recensé environ 109 000 personnes contaminées par le virus dont 1 337 décès, en Cisjordanie, où vivent 2,8 millions de Palestiniens. A Gaza, le mouvement islamiste Hamas au pouvoir a recensé 52 000 malades du Covid-19, dont 527 décès.
Jeudi en fin de journée, le ministère de l’Intérieur à Gaza a d’ailleurs annoncé un allègement des mesures de confinement imposée fin décembre après une hausse subite du nombre de cas de coronavirus dans ce territoire sous blocus israélien.
« Le couvre-feu nocturne est dès à présent annulé, de même que les restrictions sur les sorties à l’extérieur les vendredis et samedis », a indiqué dans un communiqué le ministère, appelant les Gazaouis à « continuer de respecter des mesures de protection personnelles » (masque, distance).
Covax
Corée du Nord, Algérie, Gaza, mais aussi Inde ou Monaco : le dispositif onusien Covax, destiné à assurer le partage équitable de vaccins anti-Covid, a publié mercredi la liste des premiers bénéficiaires et la quantité de vaccins qu’ils obtiendront jusqu’en juin.
Les doses – environ 337,2 millions d’unités – couvriront 3,3 % de la population dans 145 pays et territoires. Il s’agit de vacciner les plus vulnérables, et notamment le personnel soignant.
« Tous les pays devraient recevoir des doses proportionnelles à la taille de leur population afin de vacciner les groupes les plus prioritaires », a déclaré Ann Lindstrand, spécialiste de la vaccination à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en conférence de presse.
Les pays qui recevront le plus grand nombre de doses au cours de ce semestre sont : l’Inde (97,2 millions), le Pakistan (17,2 millions), le Nigeria (16 millions), l’Indonésie (13,7 millions), le Bangladesh (12,8 millions) et le Brésil (10,7 millions).
La Corée du Nord est également sur la liste, et doit recevoir près de 2 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca produit par le Serum Institute of India (SII).
Un petit nombre de pays riches y figure aussi, dont la Corée du Sud, le Canada, Andorre, Monaco, la Nouvelle-Zélande, Qatar et l’Arabie saoudite.
Piloté par l’OMS, l’Alliance du vaccin (Gavi) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémie (Cepi), Covax vise à fournir d’ici fin 2021 des doses à 20 % de la population des 190 nations participantes.
Il comporte un mécanisme de financement à l’intention des pays défavorisés. 92 pays à revenu faible ou intermédiaire remplissent les conditions requises pour bénéficier de ce soutien.
Le dispositif Covax prévoit actuellement que 1,2 million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech seront mises à la disposition de moins de 20 pays au cours du premier trimestre 2021, sous réserve de la conclusion d’accords supplémentaires. Ces doses seront complétées « par des volumes plus importants » du vaccin développé par AstraZeneca et l’université d’Oxford (Royaume-Uni), moins cher.
« Des volumes supplémentaires de doses du vaccin Pfizer-BioNTech seront disponibles au cours du deuxième trimestre et au-delà, conformément à l’accord d’achat anticipé signé entre Gavi et Pfizer-BioNTech pour un maximum de 40 millions de doses », indique le dispositif Covax dans ses prévisions.
« Les doses totales couvrent en moyenne 3,3 % de la population des 145 participants », en ligne avec l’objectif de 3 % de couverture sur les six premiers mois de 2021, « ce qui est suffisant pour protéger les groupes les plus vulnérables tels que les travailleurs de la santé », conclut-il.
Ces prévisions dépendent toutefois de plusieurs éléments, tels que l’état de préparation des pays.
En outre, pour distribuer les fioles, l’OMS se doit d’avoir certifié les vaccins. Pour l’instant, l’organisation n’a validé que celui du duo BioNTech/Pfizer, déjà autorisé par les autorités sanitaires de plusieurs pays. Elle n’a en revanche pas encore donné son feu vert à celui d’AstraZeneca.
« C’est fantastique. Nous pouvons commencer à vacciner. Cela va démarrer au cours des prochaines semaines », s’est réjoui Ann Lindstrand.
Comme il n’y aura que 1,2 million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech à distribuer au cours du premier trimestre, l’OMS et ses partenaires ont dû mettre en place un mécanisme de sélection, alors que 72 pays avaient fait part de leur intérêt pour les précieuses fioles.
Le processus de sélection a pris en compte le taux de mortalité du personnel sanitaire local et l’état de préparation des pays. L’OMS a également regardé si les pays candidats avaient déjà lancé leur propre campagne de vaccination ou pas.
Au final, ces doses ne seront envoyées que dans les Territoires palestiniens (37 440 doses) et dans 17 pays. Les mieux fournis seront la Colombie, le Pérou, l’Ukraine, les Philippines, l’Afrique du Sud et la Corée du Sud, qui recevront chacun 117 000 doses.
Parmi les autres pays figurent la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, le Rwanda, la Moldavie ou encore la Tunisie.