Visite secrète d’Isaac Herzog au roi Abdallah II de Jordanie
Le chef de l'État a évoqué "le désir de progresser" dans la région après le voyage de la semaine dernière, ajoutant que les liens avec l'AP sont importants pour la sécurité du pays

Le président Isaac Herzog s’est rendu, la semaine dernière, en Jordanie pour des pourparlers avec le roi Abdallah II, a révélé le président dans la soirée de samedi, un dernier signe de réchauffement des liens entre les deux pays. Il a passé une soirée qualifiée de « très positive » et « déterminante » avec le souverain dans son palais, a déclaré Herzog à la Douzième et à la Treizième chaîne en prime-time.
« La Jordanie est un pays très important. J’ai un respect immense pour le roi Abdallah, qui est un grand dirigeant et un acteur régional hautement déterminant », aurait dit Herzog, selon une déclaration de son bureau. « Lors de notre entrevue, nous avons notamment abordé des sujets qui sont essentiels dans le cadre du dialogue entre nos deux pays. »
« Il semble y avoir, dans la région, le désir de progresser, le désir d’échanger », a-t-il ajouté.
Herzog a noté que cela fait maintenant un an que les premiers Accords d’Abraham – une série d’accords normalisant les relations entre l’État juif et quatre États arabes (les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan) – ont été signés.
« Ces accords ont permis de mettre en place une importante infrastructure régionale. Ce sont des accords d’une énorme importance, qui transforment notre région et le dialogue régional », a-t-il expliqué.
Herzog a annoncé qu’il prévoyait de s’entretenir avec les autres chefs de l’État de la région. « Je parle avec de nombreux dirigeants du monde entier, presque tous les jours, en coordination totale avec le gouvernement d’Israël. Je pense qu’il est très important pour les intérêts stratégiques et diplomatiques de l’État d’Israël d’inclure tous les leaders dans ce dialogue », a-t-il poursuivi.
Ce déplacement de Herzog en Jordanie est le plus récent d’une série de contacts de haut-rang entre les deux pays suite à l’investiture du nouveau gouvernement israélien. Les relations bilatérales, ces dernières années, étaient restées plutôt tendues sous le mandat du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Au mois de juillet, le Premier ministre Naftali Bennett avait rencontré secrètement Abdallah à son palais d’Amman – le tout premier sommet entre les dirigeants des deux pays depuis plus de trois ans.

Cela avait été la première fois qu’Abdallah avait rencontré un chef du gouvernement israélien depuis un entretien secret avec Netanyahu en 2018. Selon des informations, Abdallah se refusait à accueillir Netanyahu qu’il n’aimait pas.
Au mois de février, le ministre de la Défense Benny Gantz était allé, dans le même secret, à Amman pour parler avec Abdallah. Herzog a confirmé samedi que cette réunion entre les deux hommes avait bien eu lieu, le bureau de Gantz ayant refusé de s’exprimer à l’époque sur le sujet.
Au début de l’année, les tensions étaient apparues au grand jour après le report par Amman d’un vol qui devait emmener Netanyahu aux Émirats arabes unis – en réponse à l’annulation d’un déplacement du prince héritier jordanien Hussein à la mosquée al-Aqsa, en raison de désaccords sur les arrangements sécuritaires mis en place pour assurer le bon déroulement de cette visite.
Le Premier ministre israélien de l’époque, qui avait dû annuler sa visite à Abou Dhabi, avait alors tenté de fermer l’espace aérien israélien aux avions jordaniens en représailles, selon des informations qui avaient été transmises à ce moment-là.
La Jordanie et Israël entretiennent des liens sécuritaires forts mais les relations politiques entre les deux pays ont récemment tourné à l’aigre, Amman critiquant Jérusalem pour ses politiques adoptées à l’encontre des Palestiniens et sur la question du mont du Temple, placé sous tutelle jordanienne, alors même que l’État juif se rapprochait d’autres États arabes.

La Jordanie, qui est une alliée importante dans la région d’Israël et des États-Unis, appelle depuis longtemps à l’adoption de la solution à deux États et à la reprise des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens qui sont gelées depuis 2014.
Dans un entretien accordé à la Treizième chaîne qui a été diffusé samedi, Herzog a noté qu’il était important de maintenir des relations avec l’Autorité palestinienne « en ce qui concerne la sécurité d’Israël et d’autres questions déterminantes » – des propos tenus après la rencontre de Gantz avec le président de l’AP Mahmoud Abbas, la semaine dernière.
« Personne ne doit être dupe : Ne pas dialoguer avec l’AP ne profite pas à la sécurité d’Israël », a-t-il affirmé.
« Aucun accord » sur une possible grâce de Netanyahu
Herzog a aussi refusé de dire s’il pourrait accorder sa grâce à Netanyahu, actuellement traduit devant les tribunaux pour trois affaires de corruption. Netanyahu, qui est devenu le leader de l’opposition, ne cesse de clamer son innocence.
« C’est une question injustifiée et purement théorique », a-t-il estimé dans un entretien accordé à la station de radio Kan.
Avant le vote présidentiel, Herzog avait refusé de dire s’il réfléchirait à gracier Netanyahu qui, de son côté, n’avait apporté son soutien à aucun des candidats en lice.

Herzog avait attiré l’attention lorsqu’il avait embauché Naor Ihia comme porte-parole, défiant les critiques qui avaient souligné que Ihia, dans le passé, avait été porte-parole de Netanyahu.
« Aucune initiative, directe ou indirecte, n’a été évoquée avec Netanyahu », a dit Herzog à la Douzième chaîne. « Je ne me suis engagé à rien, il n’y a aucun accord conclu…C’est beaucoup de bruit pour rien », a-t-il affirmé.