Voter en toutes circonstances : A l’hôpital, juste après son accouchement
A l’hôpital Sheba, patients, jeunes mères et personnel médical votent. Les proches, eux, doivent voter ailleurs
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Juste après avoir accouché de son premier enfant, lundi, Angelina Bornshtein a pensé aux élections.
« Ils étaient encore en train de me recoudre », se souvient cette habitante de Beer Yaakov, âgée de 32 ans, hospitalisée au centre hospitalier Sheba de Ramat Gan, mardi matin.
« Juste après avoir accouché, j’ai demandé comment je pouvais voter », ajoute-t-elle, confiant sa préférence pour le parti Avoda [NDLT: Parti travailliste].
Heureusement pour Bornshtein, 222 des 12 000 bureaux de vote déployés cette année se trouvent dans des hôpitaux.
Sheba en compte six, dont un mobile, qui se déplace entre la maternité et les services psychiatriques, explique Esther Lavi, administratrice de Sheba et responsable des opérations électorales pour l’hôpital.
Les bureaux de vote des hôpitaux font partie du réseau des bureaux spéciaux, également déployés dans les résidences de soins et les prisons.
Il existe également des unités spécifiques pour les électeurs en quarantaine au titre de la COVID-19, comme pour les personnes handicapées.
Les bureaux de vote des hôpitaux sont à l’évidence fort utiles mais ils ne sont ouverts qu’aux patients hospitalisés et aux membres du personnel autorisés. Pas aux accompagnants, comme le mari de Bornshtein, en vertu d’instructions de la Commission électorale centrale.
Rowena Flores, 49 ans, avait prévu de voter mardi, mais elle n’est pas certaine d’avoir le temps de le faire. Elle est en effet venue rendre visite à son mari, Emmanuel Adiv, 87 ans, hospitalisé à Sheba.
« Je ne peux pas le laisser seul. S’il vote ici, je ne peux pas aller ailleurs », explique-t-elle, accompagnant son mari Adiv, en fauteuil roulant, qui attend son tour pour voter.
Sheba a mis en place plusieurs navettes pour conduire les accompagnants aux bureaux de vote situés à proximité de l’hôpital, mais son mari évoque ses réserves.
« J’ai besoin d’elle », confie Adiv à propos de celle qui est sa femme depuis 16 ans, et qu’il a rencontrée lorsqu’elle lui prodiguait des soins.
Les navettes de Sheba conduisent les accompagnants à l’un des deux bureaux de vote situés à proximité, où ils peuvent voter après avoir attesté du motif qui leur donne le droit de voter en dehors de leur bureau.
« Ils ne peuvent pas voter à l’hôpital parce que c’est illégal », explique Lavi. « Nous offrons cette possibilité parce que nous avons avant tout à cœur le bien-être de nos patients. »
Connu dans le monde entier pour ses technologies de pointe, Israël continue de voter avec des bulletins de papier, adossés à des listes électorales physiques et à un décompte manuel.
Par conséquent, hors situation d’urgence ou de cas de force majeure, les électeurs doivent voter au bureau qui leur a été assigné, lié à leur adresse officielle.
Dans un scrutin dont l’issue sera grandement déterminée par le taux de participation, l’accès aux urnes est un enjeu crucial.
L’État déploie des bureaux de vote pour ses quelque 6,8 millions d’électeurs inscrits automatiquement sur les listes électorales, mais les règles électorales ne favorisent pas ceux qui se trouvent éloignés de chez eux pour voter le 1er novembre.
À l’hôpital, ce mardi, Orit – qui ne souhaite pas donner son nom de famille – originaire de Hod Hasharon, explique qu’elle ne votera pas à Sheba.
« Je n’ai pas la tête à ça, et de toute façon je n’avais pas l’intention de voter », ajoute Orit, qui a donné naissance à son deuxième enfant, dimanche, et se trouve toujours hospitalisée à la maternité.
« Tout a été si rapide, nous sommes toujours concentrés là-dessus », conclut son mari Matan, en montrant leur bébé endormi.