Washington accuse Moscou d’antisémitisme et d’exploitation de la souffrance juive
Le dossier publié sur le site du Département d’Etat, vient en prévision de la session à l'ONU convoquée par les Russes désireux d'étayer leurs revendications de dénazification

WASHINGTON (JTA) – Dans des termes percutants, l’administration Biden a accusé le gouvernement russe d’antisémitisme et d’exploitation de la souffrance juive en affirmant que sa guerre contre l’Ukraine est une opération de « dénazification ».
« Pour servir à ses fins prédatrices, le Kremlin exploite la souffrance et le sacrifice de tous ceux qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale et survécu à la Shoah », a déclaré le département d’État américain dans un dossier publié sur son site aujourd’hui.
« Ce faisant, le Kremlin détourne les efforts mondiaux essentiels dans la lutte contre l’antisémitisme et propage au contraire l’une des formes les plus insidieuses de l’antisémitisme, la distorsion de la Shoah. »
Le dossier a été publiée sur une page dédiée (en anglais), « Disarming Disinformation », consacrée à la dénonciation de la désinformation russe dans sa guerre contre l’Ukraine.
Cette publication a été programmée pour précéder à une session informelle du Conseil de sécurité des Nations unies qui se tiendra lundi après-midi, convoquée par la Russie pour étayer ses revendications de dénazification.
Tass, l’agence de presse russe, a cité vendredi Dmitry Polyansky, l’envoyé adjoint de la Russie aux Nations unies, qui a déclaré que la session « sera notre réponse à nos collègues occidentaux, qui expriment des doutes sur l’un des principaux objectifs de notre opération militaire spéciale en Ukraine, à savoir la dénazification, et qui prétendent que nous exagérons le problème ».
Le dossier du département d’État américain cite des historiens et des institutions de mémoire de la Shoah, dont Yad Vashem, le mémorial israélien de la Shoah, et le musée américain du mémorial de la Shoah, qui dénoncent les affirmations de dénazification comme étant vides de sens.
Le document de trois pages souligne que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est Juif et a perdu de la famille dans la Shoah. Il comprend une photo de Zelensky portant une kippa, entouré de Juifs orthodoxes lors d’une visite au mur Occidental de Jérusalem, en 2020.

« Le Kremlin prétend, à tort, que les pires nazis étaient en fait des Juifs, et cherche à minimiser le rôle de l’antisémitisme dans l’idéologie nazie », indique le dossier.
Le document fait référence à l’affirmation largement discréditée du ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, en mai dernier, affirmant que selon les Juifs, « les plus grands antisémites sont eux-mêmes juifs ». Plusieurs responsables israéliens condamnant la déclaration de Lavrov sont mentionnés dans le document.
Le document conclut en disant que la Russie nuit à la lutte contre l’antisémitisme.
« Avec la montée de l’antisémitisme dans le monde, il est impératif pour tous de dénoncer ce type particulièrement pernicieux de désinformation russe », indique le document.