Israël en guerre - Jour 427

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Washington annonce des discussions avec Israël sur les dommages causés aux civils de Gaza

La mise en place de ce canal était l'une des douze exigences formulées par les États-Unis dans une lettre adressée à Israël, l'avertissant qu'en cas de non-respect de ces exigences, il risquait de subir un embargo partiel sur les armes

Un enfant palestinien au milieu de décombres suite à une frappe israélienne dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 novembre 2024. (Crédit : Eyad BABA / AFP)
Un enfant palestinien au milieu de décombres suite à une frappe israélienne dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 novembre 2024. (Crédit : Eyad BABA / AFP)

De hauts responsables américains et israéliens se réuniront « début décembre » dans le cadre d’un nouveau canal de discussions permettant d’évaluer si l’utilisation des armes américaines a conduit à des morts de civils de façon délibérée à Gaza, a annoncé mardi le département d’Etat.

La mise en place de ce canal était l’une des douze exigences formulées par les États-Unis dans une lettre adressée à Israël le 13 octobre, l’avertissant qu’en cas de non-respect de ces exigences, il risquait de subir un embargo partiel sur les armes.

Les Etats-Unis, premier soutien politique et militaire d’Israël, ont exprimé à de multiples reprises leurs craintes au sujet des victimes civiles provoquées par les frappes israéliennes dans la bande de Gaza sans jamais cependant remettre en cause leur aide militaire massive.

Le département d’Etat a ouvert un certain nombre d’enquêtes sur des frappes israéliennes ayant causé la mort de civils à Gaza avec des armes fournies par les Etats-Unis, ce qui serait contraire à la loi américaine.

A ce jour, aucune conclusion n’a été rendue publique.

« Nous avons prévu une réunion entre des hauts responsables du département et des hauts responsables du gouvernement israélien au début du mois de décembre. Ce sera la première réunion de ce nouveau canal », a indiqué à la presse le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.

Le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, répondant aux questions lors d’une conférence de presse, au Département d’État, à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : Nathan Howard/AP)

Il s’est refusé à préciser où se déroulerait la rencontre.

« L’objectif de ce canal est d’informer le département d’Etat sur le travail qu’il doit effectuer pour évaluer l’utilisation des armes que nous avons fournies », a précisé M. Miller, en faisant part d' »un certain nombre d’événements au sujet desquels nous avons des questions et des préoccupations ».

Cela « ne veut pas dire que nous n’avons pas cherché à obtenir des réponses par les canaux existants (…) mais nous avons créé ce nouveau canal parce que nous voulions formaliser un mécanisme permettant d’obtenir des réponses à certaines de ces questions », a-t-il justifié.

Le même jour, des sénateurs de la gauche américaine ont appelé l’administration Biden à stopper l’envoi d’armes à Israël, l’accusant d’être « complice » d' »atrocités » à Gaza.

« Ce qui rend la situation encore plus douloureuse, c’est que la majeure partie de ce qui s’y passe est fait avec des armes américaines et avec le soutien des contribuables américains », a déclaré le sénateur Bernie Sanders lors d’une conférence de presse.

Les États-Unis ont annoncé la semaine dernière que, bien qu’Israël n’ait pas entièrement satisfait à certaines des exigences énumérées dans la lettre du 13 octobre visant à atténuer la crise humanitaire à Gaza, il avait progressé sur suffisamment d’entre elles pour rester en conformité avec la loi américaine, qui interdit le transfert d’armes à des pays qui bloquent l’aide aux civils.

Des Palestiniens, dont des enfants, attendent de recevoir de la nourriture distribuée par une organisation humanitaire à Deir Al Balah, à Gaza, le 18 novembre 2024. (Crédit : Hassan Jedi/Anadolu/Reuters)

La décision est intervenue quelques jours après l’élection de Donald Trump, qui aurait probablement annulé tout embargo sur les armes américaines.

Afin de défendre la position de l’administration face aux critiques progressistes, des responsables américains ont révélé ces derniers jours les mesures prises par Israël pour accroître l’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza.

Le gouvernement du Premier ministre Netanyahu a évité d’annoncer publiquement un grand nombre de ces mesures, ce qui aurait probablement suscité des critiques de la part de ses partisans les plus intransigeants.

Les partenaires d’extrême droite de la coalition de Netanyahu se sont opposés à de telles mesures visant à atténuer la crise humanitaire à Gaza, arguant que l’aide devrait être suspendue afin de faire pression sur le Hamas pour qu’il libère les otages.

Miller a déclaré lundi que le cabinet de sécurité israélien avait voté la semaine dernière en faveur d’une augmentation de l’aide entrant dans la bande de Gaza, qui passerait à 250 camions par jour.

L’une des demandes de la lettre était qu’Israël augmente la quantité d’aide à 350 camions par jour.

Miller a déclaré que Netanyahu avait demandé au ministre de la Défense Israel Katz de tout mettre en œuvre pour qu’Israël atteigne le seuil de 350 camions.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu en visite dans le corridor de Netzarim, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 novembre 2024. (Crédit : Maayan Toaf/GPO)

Israël a retiré 30 articles de sa liste de « biens à double usage » interdits d’entrée à Gaza, comme l’ont demandé les États-Unis dans leur lettre à Israël, a indiqué Miller, ajoutant qu’Israël a également élargi la zone humanitaire de Muwasi de 25 %.

L’armée israélienne met également en œuvre un plan de l’ONU pour se préparer à l’hiver, qui comprend la réparation des routes, la facilitation de l’entrée d’une aide spécifique et la vaccination contre les maladies saisonnières, a poursuivi Miller.

La semaine dernière, l’adjoint de Miller, Vedant Patel, a mis l’accent sur d’autres décisions israéliennes, à savoir la réouverture du point de passage d’Erez vers le nord de Gaza, l’ouverture du point de passage de Kissufim vers le centre de Gaza, l’abandon de certaines exigences douanières pour les organisations humanitaires, l’ouverture de nouveaux itinéraires d’acheminement de l’aide à l’intérieur de Gaza, la reprise de l’acheminement de l’aide vers le nord de Gaza après un siège de près d’un mois et l’instauration de pauses humanitaires périodiques.

Toutefois, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a par la suite demandé à Israël d’étendre ces pauses de quelques heures à plusieurs jours afin que l’aide humanitaire puisse être distribuée plus efficacement dans toute la bande de Gaza. Il s’agit de l’une des trois mesures qu’Israël n’a pas respectées, selon Blinken, par rapport à la liste des 15 exigences figurant dans la lettre du 13 octobre.

Il a également indiqué qu’Israël n’avait pas encore annulé les ordres d’évacuation après la fin des opérations de l’armée israélienne dans certaines zones.

Ce refus de l’armée a entraîné une surpopulation importante dans la zone humanitaire de Muwasi et fait craindre qu’Israël ne cherche à s’emparer de vastes portions du territoire de Gaza.

Les membres de la famille Abu Jarad, déplacés par la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, prenant leur petit-déjeuner dans un camp de tentes improvisé dans la région de Muwasi, au sud de Gaza, le 1er janvier 2024. (Crédit : Fatima Shbair/AP Photo)

Blinken a déclaré qu’Israël n’avait pas non plus répondu à la demande des États-Unis d’autoriser l’entrée de biens commerciaux dans la bande de Gaza.

Blinken a reconnu que l’entrée de camions commerciaux augmentait le risque de nouveaux pillages, mais il a indiqué que les États-Unis travaillaient avec Israël et l’Égypte pour résoudre ce problème.

Miller a fait valoir mardi que le pillage des convois d’aide humanitaire dans la bande de Gaza ne pourra pas être entièrement résolu tant qu’une nouvelle force de gouvernement et de sécurité dirigée par les Palestiniens ne remplacera pas le Hamas dans la bande de Gaza, quelques jours après que l’ONU a signalé le pire incident de ce type « en termes de volume » depuis le début de la guerre, avec l’invasion du sud d’Israël par le Hamas, le 7 octobre 2023.

Alors que les États-Unis et la communauté internationale ont fait pression pour que l’Autorité palestinienne joue ce rôle, l’idée a été rejetée catégoriquement par Netanyahu, qui a souvent assimilé l’AP au Hamas.

Netanyahu a déclaré en début de semaine qu’il avait demandé à l’armée israélienne de trouver de nouvelles solutions pour assurer la distribution de l’aide en toute sécurité, bien que des fonctionnaires israéliens aient déclaré au Times of Israel au cours de l’année écoulée que les services de sécurité estimaient également que l’AP était la seule alternative viable au maintien du Hamas au pouvoir à Gaza.

Les États-Unis ont pris soin de ne pas dire que le Hamas était directement à l’origine du pillage de l’aide, tandis qu’Israël a insisté à plusieurs reprises sur le fait que le groupe terroriste siphonnait une grande partie de l’aide qui lui parvenait.

« En fin de compte, on ne résoudra pas ce problème sans mettre fin à la guerre et sans établir une nouvelle autorité de gouvernance et de sécurité à l’intérieur de Gaza », a déclaré Miller, ajoutant que les États-Unis s’opposent fermement à ce qu’Israël devienne la puissance occupante à Gaza.

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