Washington déplore « une tendance à la hausse » des violences des pro-implantations
Le département d'État souligne "des attaques contre des Palestiniens dans les foyers et dans les fermes où ils vivent" et dénonce aussi une attaque palestinienne qui a été déjouée
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le département d’État américain a tiré la sonnette d’alarme, vendredi, face « à une tendance à la hausse des violences commises par les partisans extrémistes du mouvement pro-implantation ». Les États-Unis ont également condamné une attaque au couteau manquée, où un Palestinien avait tenté de prendre pour cible un résident d’implantation devant une synagogue.
Cette déclaration faite par le Bureau des Affaires du Proche-Orient, au sein du département d’État, a suivi une nouvelle semaine de tensions de l’autre côté de la Ligne verte, une semaine qui a été marquée par plusieurs affrontements entre partisans du mouvement pro-implantation et Palestiniens.
Les heurts les plus récents ont eu lieu vendredi. Quatre Palestiniens ont ainsi été blessés par des coups de feu qui avaient été tirés par des extrémistes du mouvement pro-implantation. L’une des victimes a été prise en charge dans un état grave, touchée à la tête.
Des vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent des champs et des voitures incendiées par les résidents d’implantations.
Un porte-parole de l’armée a confié au Times of Israel que des soldats avaient été déployés dans la zone après « des frictions violentes » entre Israéliens extrémistes et Palestiniens à proximité de l’implantation d’Adei Ad.
Le porte-parole a ajouté que les partisans du mouvement pro-implantation avaient ouvert le feu pendant les heurts et que les deux parties avaient échangé des jets de pierre.
« En résultat de ces frictions violentes, un certain nombre de civils palestiniens et israéliens ont été blessés », a dit le porte-parole, ajoutant que l’armée israélienne avait été aussi informée que des voitures palestiniennes avaient été incendiées.
Les soldats et les agents de la police ont été dans l’obligation d’utiliser des outils anti-émeutes et de tirer des coups de semonce pour séparer les deux groupes, a poursuivi le porte-parole.
Les policiers ont ouvert une enquête sur ces violences mais aucune arrestation n’a eu lieu jusqu’à présent.
Yesterday (Monday, 22 May 2023), the last residents of the Palestinian community of ‘Ein Samia, a community next to Ramallah that was home to about 200 residents, were forced to leave their land. Israel has made their lives unbearable, leaving residents with no other choice. > pic.twitter.com/NGWfmCE73I
— B'Tselem בצלם بتسيلم (@btselem) May 23, 2023
Deux jours auparavant, plusieurs résidents d’implantation avaient attaqué des Palestiniens dans le village de Burqa, dans le nord de la Cisjordanie, et ils avaient mis le feu à des habitations, selon le groupe de défense des droits de l’Homme Yesh Din. Une vidéo tournée à Burqa montre les résidents en train d’essayer de venir à bout des flammes.
Israéliens et Palestiniens avaient échangé des jets de pierre pendant cette grave altercation et, selon les services de secours, deux Palestiniens et un Israélien avaient été blessés.
Lundi, le Bureau des Nations unies pour la Coordination des Affaires humanitaires avait fait savoir que les derniers membres d’une communauté palestinienne de bergers d’Ein Samia, près de Ramallah, avaient quitté leurs terres après les intimidations et les démolitions de maisons de longue date des autorités israéliennes.
« Ces familles ne partent pas par choix ; les autorités israéliennes ont détruit de manière répétée les maisons et autres structures dont elles étaient propriétaires et elles avaient menacé de détruire leur seule école », avait commenté Yvonne Halle, Coordinatrice en titre des Affaires humanitaires de l’ONU. « En même temps, les terres où pouvaient paître les troupeaux ont dangereusement diminué en raison de l’expansion des implantations, et enfants et adultes ont connu les violences des membres du mouvement pro-implantations ».
Intervenant à son tour dans le débat, le Département d’État a indiqué vendredi que « nous sommes profondément inquiets face à la tendance à la hausse des violences pro-implantations, avec notamment des agressions contre les Palestiniens dans les habitations et dans les fermes où ils vivent depuis des décennies. Nous condamnons sans ambiguïté tous les actes de violences extrémistes, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens. »
Yesterday (Monday, 22 May 2023), the last residents of the Palestinian community of ‘Ein Samia, a community next to Ramallah that was home to about 200 residents, were forced to leave their land. Israel has made their lives unbearable, leaving residents with no other choice. > pic.twitter.com/NGWfmCE73I
— B'Tselem בצלם بتسيلم (@btselem) May 23, 2023
Le département d’État a ensuite évoqué une tentative d’attaque survenue quelques heures plus tôt, impliquant un Palestinien qui avait été abattu par un membre de l’équipe de sécurité locale après être entré dans l’implantation de Teneh Omarim, en Cisjordanie, et après avoir essayé de poignarder un Israélien devant la synagogue.
Des images de la scène montrent l’homme se glisser sous le portail de la communauté puis pénétrer dans l’implantation avec, à la main, ce qui semble être un couteau.
« Dans la même veine, nous condamnons aussi une tentative d’attaque au couteau survenue dans l’implantation de Teneh Omarim qui, selon les informations dont nous disposons, a pris pour cible un Israélien. Il faut prendre de toute urgence des initiatives visant à la désescalade des tensions et œuvrer ensemble à améliorer la situation sécuritaire en Cisjordanie », a déclaré le département d’État.
Les tensions entre Israël et les Palestiniens sont élevées depuis un an. L’armée israélienne mène des raids nocturnes quasi-quotidiens en Cisjordanie dans le cadre d’une opération qui a suivi toute une série d’attentats terroristes meurtriers.
Depuis le début de l’année, les attentats terroristes en Israël et en Cisjordanie ont fait 19 morts et plusieurs blessés graves.
Au moins 113 Palestiniens, dont l’assaillant présumé de vendredi, ont été tués depuis le début de l’année – la plupart lors d’affrontements avec des soldats, mais certains dans des circonstances plus douteuses qui font l’objet d’une enquête par Tsahal.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.