Washington inquiet de ce que Smotrich fasse s’effondrer le système bancaire de l’AP
Le ministre des Finances a jusqu'à la fin du mois prochain pour signer une dérogation autorisant les banques israéliennes à coopérer avec les banques palestiniennes
L’administration Biden craint que le ministre des Finances d’extrême-droite, Bezalel Smotrich, ne se refuse à signer une dérogation autorisant les banques israéliennes à effectuer des transactions avec leurs homologues palestiniennes – un tel refus risquerait d’entraîner l’effondrement de l’Autorité palestinienne (AP), ont déclaré deux responsables américains au Times of Israel dans la journée de vendredi.
L’autorisation actuelle doit expirer le 31 octobre. Des inquiétudes similaires avaient été exprimées à Washington, cet été, lorsque Smotrich avait menacé de ne pas ratifier la dérogation avant la date-limite fixée pour ce faire, en date du 30 juin.
Après d’importantes pressions qui avaient été exercées par l’administration américaine et un accord présumé de compromis – le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu avait légalisé cinq avant-postes hors-la-loi en Cisjordanie, une cause chère à Smotrich, pour faire avancer des projets portant sur des milliers de nouveaux logements dans les implantations et des mesures de sanction avaient été approuvées à l’encontre de l’Autorité palestinienne – Smotrich avait signé la dérogation qui portait sur une période de seulement quatre mois au lieu de la durée habituelle d’un an.
Environ trois mois plus tard, l’administration Biden se retrouve aujourd’hui dans une situation similaire, ont déclaré les deux responsables américains, confirmant une information transmise par le site d’information Axios.
Pour sa part, Jérusalem a indiqué à Washington que Smotrich signerait la dérogation si l’Autorité palestinienne produisait un rapport d’évaluation des risques pesant sur le système bancaire palestinien et si un audit extérieur était également réalisé pour démontrer que les banques réglementées par l’Autorité palestinienne respectent les lois internationales en matière de lutte contre le terrorisme et en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, selon les responsables américains.
Le département américain du Trésor avait déjà procédé à un examen du système bancaire palestinien au début de l’année. Il avait révélé que ce dernier respectait les normes internationales, a noté un officiel américain, qui a ajouté que le ministère des Finances ne considérait pas que ce premier contrôle était suffisant.
L’économie palestinienne dépend fortement des relations des banques avec leurs homologues israéliennes en ce qui concerne le traitement des transactions effectuées en shekels, l’Autorité palestinienne ne disposant pas de sa propre monnaie. Quelque 53 milliards de shekels avaient été échangés dans les banques palestiniennes en 2023, selon les données officielles.
Si les relations bancaires entre Israël et les Palestiniens ne sont pas conservées, alors la Cisjordanie deviendra une « économie monétaire », ce qui bénéficiera aux organisations terroristes présentes sur le territoire et ce qui compliquera la tâche de l’Autorité palestinienne, déjà affaiblie, dans sa lutte contre ces groupes, a déclaré un responsable d’un des pays du Groupe des Sept, des propos confiés à Axios.
La question a été soulevée par les États-Unis lors d’une récente réunion des responsables des Finances des pays du G7, Washington cherchant apparemment à réunir le soutien à l’international pour inciter Israël à signer la dérogation.
Le responsable du G7 a déclaré à Axios qu’à l’approche de la date d’expiration de l’accord, Smotrich soumettra « de nouvelles demandes qui n’auront rien à voir avec les banques et beaucoup à voir avec l’expansion des implantations en Cisjordanie ». Il a ajouté que le Groupe de Sept s’efforce « de faire comprendre qu’un tel comportement ne met pas seulement en danger la stabilité en Cisjordanie, mais aussi la sécurité d’Israël ».
Les États-Unis avaient envisagé de sanctionner Smotrich pour sa politique, mais ils se sont abstenus jusqu’à présent de prendre une mesure aussi décisive.
Le Bureau du ministre n’a pas répondu à la demande de réaction qui avait été soumise par le site d’information.