Washington s’attaque à un réseau de financement du Hezbollah
Les poursuites concernent neuf personnes, l'une d'entre elles ayant été interpellée mardi au Royaume-Uni, à la demande des Etats-Unis
L’administration américaine a annoncé mardi avoir mis au jour un réseau de blanchiment et de contournement de sanctions permettant de soutenir l’homme d’affaires et collectionneur d’art libanais Nazem Ahmed, considéré par les Etats-Unis comme le financier du Hezbollah.
Nazem Ahmed, décrit comme un diamantaire « impliqué dans le commerce de ‘diamants de sang’, » dans un communiqué, est sous sanctions du département américain du Trésor depuis 2019.
Le Trésor soupçonne cette fois plus d’une cinquantaine de personnes et d’entreprises d’aider M. Ahmed à échapper aux sanctions américaines.
Elles sont à leur tour cibles de sanctions, notamment le gel de l’ensemble de leurs avoirs aux Etats-Unis et l’interdiction à toute entreprise ou citoyen américain de faire des affaires avec elles, au risque d’être à leur tour visées par des sanctions.
Quant à Nazem Ahmed, le département de la Justice a annoncé lancer des poursuites à son encontre pour contournement de sanctions, estimant à plus de 400 millions de dollars le montant des échanges réalisés par M. Ahmed entre 2020 et 2022, dont 160 millions de dollars « via le système financier américain ».
Cela concerne également l’achat d’oeuvres d’art auprès de galeries d’art à Chicago ou Los Angeles et d’un artiste new-yorkais.
Les poursuites concernent également huit autres personnes, l’une d’entre elles ayant été interpellée mardi au Royaume-Uni, à la demande des Etats-Unis.
Le réseau s’étend depuis le Liban à une dizaine de pays, parmi lesquels plusieurs pays africains, dont l’Afrique du Sud ou la Côte d’Ivoire, ainsi qu’aux Emirats Arabes Unis, Belgique et Royaume-Uni.
L’opération mise au jour consiste à assurer le financement du mouvement chiite libanais par l’achat de pierres précieuses, oeuvres d’art et produits de luxe, permettant ainsi le blanchiment des fonds autrement soumis à sanctions.
« Les personnes impliquées ont utilisé des sociétés-écran et des pratiques frauduleuses afin de masquer le rôle de Nazem Said Ahmed dans ces transactions financières », a expliqué le sous-secrétaire au Trésor en charge du terrorisme et du renseignement financier, Brian Nelson, cité dans le communiqué.
« Les acteurs du marché du luxe doivent être particulièrement vigilants face à ces potentielles tactiques qui permettent le financement du terrorisme, le blanchiment d’argent et le contournement des sanctions », a ajouté Nelson.
Le Trésor précise que cette série de sanctions est, elle aussi, décidée en coordination avec le Royaume-Uni.
De son côté, le département d’Etat a rappelé offrir jusque 10 millions de dollars pour toute information concernant les mécanismes de financement du Hezbollah, « y compris concernant Nazem Ahmed ».
Le gouvernement britannique avait annoncé, un peu plus tôt dans la journée, avoir gelé les avoirs de Nazem Ahmed au Royaume-Uni, où il possède une vaste collection d’oeuvres d’art et entretient des relations commerciales avec de nombreux artistes, galeries d’art et maisons de vente.
Le Hezbollah, ou simplement sa branche militaire, est considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays, parmi lesquels les Etats-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni et une majorité des Etats membres de la Ligue Arabe.