Washington somme l’armée libanaise de désarmer le Hezbollah comme convenu dans l’accord
Israël a frappé vendredi la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, pour la première fois après quatre mois de trêve, en riposte à des tirs de roquettes qui ont visé Kiryat Shmona

Les Etats-Unis ont indiqué vendredi qu’il était de la « responsabilité » du Liban et de l’armée libanaise de désarmer le Hezbollah, disant soutenir Israël après les bombardements dans la banlieue sud de Beyrouth.
« Dans le cadre de l’accord de cessation des hostilités, le gouvernement libanais est responsable du désarmement du Hezbollah, et nous attendons des forces armées libanaises qu’elles désarment ces terroristes afin d’empêcher la poursuite des hostilités », a déclaré à la presse la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce.
« Si des attaques ont eu lieu, c’est parce que des terroristes ont lancé des roquettes sur Israël depuis le Liban. Il s’agit d’une violation de la cessation des hostilités », a poursuivi Mme Bruce, en soulignant qu’Israël devait « réagir, comme le feraient les Etats-Unis ou tout autre pays dans ce genre de situation ».
Israël a bombardé vendredi la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, pour la première fois après quatre mois de trêve, en riposte à des tirs de roquettes qui ont visé la ville du nord de Kiryat Shmona.
L’armée israélienne, qui a aussi bombardé le sud du Liban, avait appelé à évacuer une partie des habitants de la banlieue sud, cible de bombardements intenses pendant les deux mois de guerre ouverte qui l’ont opposée au mouvement terroriste libanais, avant un fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.
Le président français Emmanuel Macron a lui jugé que les frappes israéliennes de vendredi au Liban étaient « inacceptables » et « en violation du cessez-le-feu », annonçant qu’il s’entretiendrait prochainement avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et avec son homologue américain Donald Trump.
« Les frappes sont des actions unilatérales qui trahissent une promesse donnée et qui font le jeu du Hezbollah », a-t-il estimé lors d’une conférence de presse avec son homologue libanais Joseph Aoun, qu’il recevait à Paris.
Le président libanais a lui condamné « toute tentative détestable de ramener le Liban dans un tourbillon de violence ».
« Tout indique qu’il ne s’agit pas du Hezbollah et que le Hezbollah n’est pas responsable » de ces tirs de roquette, a assuré le président libanais, tout en promettant une « enquête » de l’armée sur leur origine. « Nous n’acceptons pas que quiconque utilise le Liban comme base de départ » pour ces activités, a-t-il dit.
Emmanuel Macron a aussi dit n’avoir aucune information « à ce stade » signalant « des frappes du Hezbollah ». « Il n’y avait pas d’activités qui justifiaient des frappes », a-t-il insisté.
« Il est absolument nécessaire que le cadre que nous avons défini, qui a été agréé par le Liban et par Israël, soit dûment respecté. Il n’a pas été respecté aujourd’hui par Israël de manière unilatérale et sans que nous ayons eu ni informations ni preuve de faits générateurs », a-t-il complété alors qu’Israël a justifié ses frappes par le tir, non revendiqué, de deux « projectiles » dont l’un a été intercepté et l’autre est tombé sur le sol libanais.
Le président français a précisé qu’il allait s’entretenir par téléphone avec Donald Trump « dans les prochaines heures » et avec Benyamin Netanyahu d’ici deux jours.
« Il y a une pression toute particulière qui peut être exercée par les Etats-Unis d’Amérique. C’est dans le contexte aussi ce que nous attendons du président américain », a expliqué Emmanuel Macron. Il a estimé, se référant à Gaza, que Donald Trump avait « su montrer » que « lorsque les États-Unis faisaient pression sur Israël, des cessez-le-feu étaient possibles et pouvaient être respectés ».
Affichant à nouveau son « amitié indéfectible » pour le Liban et son soutien au président Aoun, élu en janvier après une longue crise, le chef de l’Etat français a évoqué des travaux préparatoires de la communauté internationale en vue d’une « première aide financière pour la reconstruction » du pays.
« Dans un second temps, en fonction des réformes institutionnelles et économiques lancées par le gouvernement libanais, nous pourrons accueillir à Paris, au moment opportun, une nouvelle conférence internationale sur le redressement du Liban », a-t-il réaffirmé sans fixer de date.