Washington : Une école privée expulse des élèves juifs après des plaintes pour antisémitisme
À la Nysmith School for the Gifted, des élèves auraient traité les Juifs de "tueurs de bébés", dit qu'ils méritaient de mourir à cause de Gaza et glorifié Hitler

Une école privée de renom pour enfants surdoués, située en Virginie du Nord, est accusée d’avoir expulsé trois élèves juifs après que leurs parents ont signalé des incidents répétés de harcèlement antisémite.
Le Louis D. Brandeis Center for Human Rights Under Law et le cabinet Dillon PLLC ont annoncé mardi avoir déposé une plainte contre la Nysmith School for the Gifted, située à une heure de Washington, affirmant que cette décision violait la loi sur les droits de l’homme de Virginie.
Nysmith est considérée comme l’une des écoles élémentaires privées les plus réputées des États-Unis. Les frais de scolarité y dépassent 46 000 dollars par an. Le nombre précis d’élèves juifs inscrits n’est pas connu.
Selon la plainte, des élèves auraient harcelé la fille de Brian Vazquez et Ashok Roy, âgée de 11 ans, parce qu’elle était « Israélienne ». Ils auraient également qualifié les Juifs de « tueurs de bébés » et affirmé qu’ils méritaient de mourir en raison de la situation à Gaza.
« Les harceleurs ont dit à leur fille que tout le monde à l’école est contre les Juifs et Israël, et que c’est pour cela qu’ils la détestaient », a déclaré le Brandeis Center dans un communiqué. « D’autres enfants se sont servis de la mort de son oncle pour se moquer d’elle, lui disant qu’ils étaient contents qu’il ait été assassiné lors du pogrom du 7 octobre, même s’il était en réalité décédé plusieurs années auparavant. »
Contactée à plusieurs reprises par le Times of Israel, la Nysmith School n’a pas répondu. Dans une lettre adressée aux médias américains, le directeur de l’école a toutefois affirmé que les informations circulant en ligne « ne sont pas complètes » et qu’il n’avait connaissance d’aucune action en justice intentée contre l’établissement.
D’après la plainte, en octobre 2024, la classe de la jeune fille, alors en sixième année, avait réalisé en cours d’histoire une grande fresque représentant Adolf Hitler comme un « leader historique fort ». À l’époque, les parents avaient discuté de l’affaire avec d’autres familles et choisi de ne pas porter plainte, pensant qu’il s’agissait d’un incident isolé, selon le dossier.
En février 2025, la mère d’une camarade de classe aurait alerté Brian Vazquez sur « un phénomène inquiétant de harcèlement et d’intimidation » visant sa fille. En interrogeant celle-ci, Vazquez aurait constaté qu’elle avait éclaté en sanglots.
Les enfants de l’école auraient apposé des autocollants pro-palestiniens sur les ordinateurs portables et les casiers, puis les auraient désignés en se moquant d’elle parce qu’elle était « israélienne », selon la plainte. Devant la classe, ces mêmes élèves l’auraient regardée en la traitant, ainsi que les Juifs, de « tueurs de bébés », ajoutant qu’ils méritaient de mourir à cause de Gaza.
Vazquez aurait alors rencontré le propriétaire et directeur de l’école, Kenneth Nysmith, pour discuter des brimades et de la discrimination. Selon la plainte, Nysmith aurait promis de gérer le problème.
Aucune mesure n’aurait cependant été prise. Dans les semaines qui ont suivi, l’école aurait annulé son entretien annuel avec un survivant de la Shoah, une décision justifiée par la direction pour éviter d’attiser les tensions. Le directeur aurait aussi accroché un drapeau palestinien dans la salle de sport, selon la plainte. Pendant ce temps, le harcèlement de la jeune fille se serait intensifié.
Après une seconde plainte déposée par les parents en mars 2025, le directeur aurait conseillé à la famille de dire à leur fille de « s’endurcir ». Deux jours plus tard, il aurait envoyé un e-mail aux parents annonçant le renvoi immédiat de leurs trois enfants – un garçon en deuxième année et deux filles en sixième.
« Les mots utilisés lors de notre réunion montrent clairement que vous n’avez plus confiance ni en moi ni en l’école », écrivait le directeur. « Je ne vois pas de voie possible sans confiance, compréhension et coopération. Lors de notre rencontre, j’ai senti très clairement que vous ne pensez pas que Nysmith soit l’école idéale pour votre famille, et plus nous tenterons d’ignorer cette réalité, plus vos enfants en souffriront. »
La plainte souligne que les trois enfants étaient d’excellents élèves, sans antécédent disciplinaire.
Les actes antisémites ont connu une forte hausse aux États-Unis depuis que le Hamas a lancé sa guerre contre Israël le 7 octobre 2023. En 2024, un nombre record de 9 354 incidents – incluant harcèlement, vandalisme et agressions – ont été recensés contre des Juifs et des institutions juives, soit plus d’un cas par heure, selon l’Anti-Defamation League (ADL).
« Les mesures prises par la Nysmith School à l’encontre de ces trois jeunes enfants sont honteuses », a déclaré Kenneth L. Marcus, président du Brandeis Center. « Par ses décisions, l’administration a envoyé un message clair : les brimades sont tolérées, tant qu’elles visent des familles juives. Au-delà des recours légaux, il est grand temps que l’opinion publique s’indigne ; la banalisation de l’antisémitisme doit cesser. »
Le Brandeis Center demande notamment que l’école rembourse les frais de scolarité et mette en place des actions concrètes pour éliminer « l’environnement hostile », y compris des formations sur la lutte contre l’antisémitisme.
Au cours de l’année écoulée, le Brandeis Center a également déposé des plaintes pour antisémitisme visant d’autres établissements, notamment l’université de Harvard, l’université du Massachusetts Amherst, l’université de Yale, le Scripps College, ainsi que le district scolaire du comté de Fulton, en Géorgie.