Waterloo annule une conférence sur la Palestine après des protestations
Cette décision a été dénoncée par certains comme une atteinte à la liberté d’expression et au débat académique

Prévue le 7 février, la conférence « L’Europe et la Palestine : responsabilités historiques et engagements rhétoriques » n’a finalement pas eu lieu.
Organisée dans le cadre d’une initiative interuniversitaire UCLouvain-ULB, Florence Reuter, la bourgmestre, de la ville de Waterloo a décidé de ne pas autoriser sa tenue en raison des nombreuses protestations reçues. Elle a ainsi averti le professeur Bichara Khader, qui devait animer la conférence.
Une décision jugée « infondée et vexatoire » par Marc Abramowicz (membre de l’Union progressiste des Juifs de Belgique et responsable de Paix Justice au Proche-Orient – Ittre) et Anne Mottart (présidente de la Coordination Paix Justice au Proche-Orient – Brabant wallon). Dans une lettre ouverte, ils dénoncent une atteinte à la liberté d’expression et au libre accès à une analyse historique et politique du conflit israélo-palestinien.
« Le professeur Khader est reconnu comme un facteur de paix et une autorité en matière d’analyse historique et de connaissance du terrain. Son objectivité ne peut être remise en cause », souligne le courrier, qui reproche à la commune de Waterloo d’avoir cédé à des « esprits extrémistes » refusant toute analyse critique des « actions meurtrières et génocidaires perpétrées par l’État d’Israël en réponse aux actions d’un groupe qualifié de terroriste ».
Selon eux, assimiler une conférence historique à une menace antisémite est une « dérive dangereuse » qui participe de « l’obscurantisme ».
Bichara Khader, cité par la RTBF, a lui aussi exprimé son incompréhension.
« J’ai sillonné la Belgique, j’ai donné des conférences dans tous les cercles, je suis un analyste géopolitique rationnel, explique-t-il. C’est la première fois qu’une de mes interventions est empêchée sous la pression d’un lobby pro-israélien. Je suis atterré qu’une commune belge prive un professeur belge de la liberté d’expression. J’ai reçu de nombreuses réactions consternées », a-t-elle regretté.