Yahadout HaTorah insiste sur ses demandes de coalition et fait monter la pression
Netanyhau aurait crié à Gafni lors d'une réunion : " À cause de toi, il n'y aura pas de gouvernement "
Le parti Yahadout HaTorah a indiqué mercredi qu’il ne faciliterait pas le retour au pouvoir du leader du Likud, Benjamin Netanyahu, si celui-ci ne prenait pas d’engagements sur sa liste de souhaits législatifs, ce qui aurait provoqué la colère du futur Premier ministre présumé.
Bien qu’il bénéficie du soutien tacite d’une majorité de législateurs de la Knesset, Benjamin Netanyahu a dû mener des négociations difficiles pour satisfaire ses différents alliés de droite et ultra-orthodoxes avant la date butoir du 11 décembre pour former un gouvernement. Le leader du Likud demandera probablement au président une prolongation de deux semaines.
Lors d’une conférence de presse mercredi, Moshe Gafni, membre principal de Yahadout HaTorah à la Knesset, a minimisé l’importance de l’accord que lui et le chef du parti, Yitzhak Goldknopf, ont signé avec le Likud pour l’attribution de postes de ministres et de commissions, déclarant qu’il n’y aurait pas d’accord de coalition complet sans progrès sur le programme législatif du parti.
« Le Likud nous a demandé de signer un accord basé sur les rôles (dans la coalition), mais nous n’étions pas d’accord, alors finalement nous avons convenu de signer un document qui n’est pas un accord. Mais nous n’avancerons pas sans progresser sur les questions clés », a déclaré Gafni.
Le Likud avait apparemment cherché à conclure un accord de coalition plus formel avec Yahadout HaTorah afin de soutenir la probable requête de Netanyahu pour obtenir un délai supplémentaire de 14 jours auprès du président Isaac Herzog, qui l’a chargé de former un gouvernement il y a près d’un mois.
La chaîne publique Kan a rapporté mercredi qu’une réunion à ce sujet entre Gafni, Goldknopf, Netanyahu et le négociateur du Likud Yariv Levin a dégénéré en une altercation lorsque Gafni a déclaré que Yahadout HaTorah ne signerait pas un accord sans engagements législatifs.
Selon la chaîne, Netanyahu aurait crié à Gafni : « à cause de toi, il n’y aura pas de gouvernement ! »
Yahadout HaTorah demande une série de lois, notamment la suppression de la clause dite des grands-parents qui permet l’immigration de personnes n’ayant qu’un seul grand-parent juif et qui ne sont pas considérées comme juives elles-mêmes ; la consécration d’un statu quo dans lequel les ultra-orthodoxes ont l’hégémonie sur les questions de religion et d’État, telles que les conversions et l’utilisation de l’esplanade du mur Occidental ; la possibilité pour une majorité simple de 61 membres de la Knesset de passer outre les décisions de la Haute Cour ; et la protection des membres de la communauté haredi contre le service militaire obligatoire.
« Nous exigeons qu’une personne qui étudie la Torah puisse continuer à le faire, sans quotas, objectifs ou sanctions », a déclaré Gafni lors de la conférence de presse, dans un clin d’œil apparent à la législation annulée il y a près de dix ans, qui dispensait les hommes ultra-orthodoxes de service militaire tant qu’ils étaient inscrits comme étudiants en Torah.
Selon les médias, la longue liste du parti comprend également l’engagement de financer les écoles ultra-orthodoxes même si elles ne se plient pas aux exigences du programme scolaire de base de l’État, le doublement du budget des établissements d’enseignement religieux pour hommes, l’annulation d’une taxe sur les boissons sucrées et les couverts en plastique à usage unique, ainsi qu’une législation protégeant la séparation entre les sexes lors des événements publics.
Outre le Likud de Netanyahu, la future coalition devrait inclure les partis d’extrême droite HaTzionout HaDatit, Otzma Yehudit et Noam, qui ont déjà accepté de rejoindre une coalition et qui soutiendraient probablement les demandes des ultra-orthodoxes. Bon nombre de ces demandes correspondent aussi à l’idéologie du parti ultra-orthodoxe Shas, qui n’a pas encore signé d’accord complet.
Malgré les obstacles ultra-orthodoxes, le Likud se préparait déjà mercredi à une campagne législative éclair visant à faire passer plusieurs textes de loi nécessaires pour remplir les engagements de la coalition.
Selon la Douzième chaîne, des commissions ont été mises en place pour faire passer des lois qui permettront au chef du Shas, Aryeh Deri, d’occuper un poste de ministre malgré sa récente condamnation pour fraude fiscale qui l’empêche d’être ministre mais pas député ; qui permettront au chef du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, de prendre le contrôle d’organes civils avec des pouvoirs étendus sur la Cisjordanie ; et qui transféreront des responsabilités clés de la police au nouveau ministère de la Sécurité nationale, qui sera placé sous l’égide du chef d’Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir.
Netanyahu espère que toutes les mesures seront adoptées d’ici la fin de la semaine prochaine afin que tous les ministres prêtent serment ensemble, mais les membres de la coalition sortante ont promis de lutter contre ces mesures et de contrecarrer toute tentative de les faire passer en urgence à la Knesset.
Se montrant confiant dans le fait qu’une coalition serait formée à temps, mais s’aventurant sur un nouveau terrain miné, Netanyahu aurait commencé mercredi à distribuer des postes ministériels et d’autres missions aux membres de son propre parti, au milieu d’une féroce joute au sein du Likud pour les postes convoités.
Un porte-parole de Netanyahu a démenti ces informations.
« Pour l’instant, le Premier ministre désigné Netanyahu ne fait qu’écouter les membres du parti Likud. »