Israël en guerre - Jour 365

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Yanki Deri, fils du chef du parti Shas, s’engage dans l’armée israélienne à 40 ans

Cette décision est perçue comme le symbole de la mobilisation des haredim, et peut-être le reflet d'une timide ouverture de la population séfarade au reste de la communauté

Yanki Deri consulte son téléphone peu de temps après s'être engagé dans l'armée israélienne, près de Tel Aviv, en Israël, le 8 novembre 2023. (Autorisation)
Yanki Deri consulte son téléphone peu de temps après s'être engagé dans l'armée israélienne, près de Tel Aviv, en Israël, le 8 novembre 2023. (Autorisation)

Yanki Deri, un des fils d’Aryeh Deri – le chef du Shas, parti haredi ou ultra-orthodoxe – s’est rendu mercredi dans une base de l’armée israélienne afin de s’engager.

Le jeune Deri fait partie des quelque 3 000 hommes de la communauté haredi, dont les hommes sont pour l’essentiel exemptés de service militaire pour autant qu’ils soient étudiants à temps plein dans une yeshiva, qui se sont engagés dans l’armée israélienne depuis le début de la guerre avec le Hamas, le 7 octobre dernier.

L’initiative de Deri éveille un vif intérêt parce que certains y voient le signe d’un changement d’attitude parmi les haredim, dont les dirigeants insistent pour préserver l’exemption militaire malgré le ressentiment croissant de nombreux Israéliens laïcs et sionistes religieux.

Yanki  Deri, 40 ans, s’est entretenu avec le Times of Israël dans les locaux du centre d’incorporation de Tsahal à Tel Hashomer, près de Tel Aviv.

Il ignore où il sera affecté et pour combien de temps, confie-t-il, même si les conscrits haredim ne font généralement pas plus de quelques mois. Il refuse de donner plus de détails, expliquant qu’en ce qui concerne les médias, « Je relève désormais des règles de l’unité des porte-parole de Tsahal ».

« Globalement, je dirais que je me suis engagé pour contribuer de toutes les manières possibles. Quelles que soient les tâches qui me seront confiées, je les accomplirai au mieux de mes capacités », explique au Times of Israël Deri, qui a huit frères et sœurs.

Le chef du Shas, le député Aryeh Deri, lors d’une réunion de la faction du Shas à la Knesset, le 23 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

En 2021, Yanki Deri, qui est membre du parti Shas dirigé par son père, a été nommé à la tête du Département de la collecte de fonds et du renforcement des relations communautaires de l’Organisation sioniste mondiale (WZO), avec un salaire mensuel de plus de 10 000 dollars. La WZO a été fondée en 1897 par Theodor Herzl et comprend plusieurs groupes sionistes, y compris des représentants majeurs du judaïsme orthodoxe, conservateur et réformé. Son Congrès se réunit à Jérusalem tous les cinq ans afin d’élire ses délégués et d’allouer des centaines de millions de dollars à diverses organisations et projets en Israël et dans le monde.

Ancien étudiant de yeshiva reconverti dans les affaires, Yanki Deri a eu trois fils et une fille avec sa femme Elisheva. La famille vit à Jérusalem.

De son vrai nom Yaakov Menachem Deri, il est surnommé Yanki – surnom ashkénaze – pendant ses études dans une yeshiva de New York, car nombre de ses camarades de classe étaient ashkénazes.

Son engagement politique est perçu comme la continuation de la carrière politique de son père, l’un des politiciens les plus influents et controversés d’Israël.

En début d’année, la Cour Suprême a annulé la nomination d’Aryeh Deri au poste de ministre de l’Intérieur et de la Santé, qualifiant cette nomination de « déraisonnable » en raison de ses condamnations pénales, la plus récente pour fraude fiscale en 2022. En 1999, Deri a été condamné à quatre ans de prison pour corruption, entre autres infractions.

Deri assure que les poursuites engagées contre lui sont motivées par des considérations politiques, destinées à mettre fin à sa carrière et priver les électeurs séfarades du Shas de tout canal d’expression, alors même que cet électorat se plaint de ne pas avoir voix au chapitre et d’être privé de ses droits par ce qu’il présente comme une élite majoritairement ashkénaze.

Des Israéliens participent à des manifestations contre les projets de réforme juridique controversées du gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)

La décision rendue dans l’affaire Deri a donné un coup de pouce à la loi dite du caractère raisonnable, texte législatif majeur du projet de refonte judiciaire, qui proscrit l’utilisation du critère du « caractère raisonnable ». Lorsque cette loi a été adoptée, le pays, déjà considérablement divisé, a connu un regain de manifestations de grande envergure.

Ces clivages ont été mis de côté depuis l’assaut dévastateur des terroristes du Hamas, le 7 octobre dernier, au cours duquel ils ont assassiné plus de 1 400 personnes au sein des communautés proches de Gaza, fait plus de 240 otages ramenés à Gaza et commis des atrocités qui ont choqué le pays et, plus largement, le monde.

L’engagement de Yanki Deri n’a pourtant rien d’exceptionnel, s’agissant de la famille Deri.

Aryeh Deri lui-même a fait son service militaire pendant quelques mois, comme plusieurs membres de sa famille.

Son geste reflète peut-être davantage la plus grande ouverture de nombreux électeurs du Shas envers la société laïque par rapport aux cercles haredim ashkénazes nettement plus insulaires, en particulier la base électorale de Yahadout HaTorah, l’homologue ashkénaze et partenaire de coalition du Shas.

Le député de Yahadout HaTorah Moshe Gafni lors d’un événement du parti au Kibbutz Hafetz Haim, le 30 septembre 2023. (Capture d’écran/Twitter)

Alors que Yahadout HaTorah a fait de l’exemption de ses jeunes hommes de la conscription une question politique clé, promettant zéro compromis, le Shas de Deri a appelé à la conclusion d’accords « larges », ce qui a été compris comme impliquant des concessions majeures.

Pour autant, des centaines de haredim ashkénazes se sont eux aussi engagés dans l’armée israélienne, et des milliers d’autres ont fait du bénévolat civil pour contribuer à l’effort de guerre.

Cette semaine, des dizaines d’étudiants de yeshiva de la mouvance hassidique Karlin-Stolin se sont joints à des milliers d’autres bénévoles partis cueillir des légumes dans les champs et serres du Neguev occidental, où les agriculteurs font face à une pénurie de bras qui les pénalise durement suite au départ de milliers de travailleurs thaïlandais et étrangers de la zone de guerre.

Mais cela suscite déjà une certaine résistance dans les cercles ultra-orthodoxes où l’étude de la Torah occupe une place centrale.

Cette semaine, Dov Lando, l’un des principaux dirigeants haredim ashkénazes, a instauré un couvre-feu en semaine dans sa yeshiva de Bnei Brak, empêchant ainsi les étudiants de faire du bénévolat pour l’effort de guerre ou toute autre activité en dehors de la yeshiva.

Des Juifs ultra-orthodoxes bloquant une rue pendant une manifestation contre l’obligation du service militaire aux abords de la ville de Bnei Brak, le 9 février 2022. (Crédit : Flash90/Dossier)

Le 22 octobre dernier, Lando a publié une courte déclaration dans Yated Neeman, un journal haredi, semblant appeler les Haredim à cesser de faire du bénévolat en lien à l’effort de guerre.

« Que les étudiants de la Torah et tous les haredim sachent que pour servir D.ieu, il n’y a que l’étude de la Torah », pouvait-on lire dans l’éditorial du 22 octobre. « Ceux qui s’adonnent à d’autres activités… se figurent qu’ils sont notre salut face aux dangers qui nous entourent. »

« Abandonnez ces sophismes, idées fausses et illusions. Rentrez chez vous : reprenez l’étude de la Torah, renouez avec le respect qui lui est dû, repentez-vous et priez le créateur du monde afin qu’il nous sauve de tous ces dangers », ajoute-il.

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