Yémen : l’Iran demande l’aide d’Oman pour arrêter les frappes
Téhéran cherche à accroître son influence au Moyen-Orient en soutenant les Houthis ; Oman ne participe pas à la coalition ; visite d'Erdogan en Iran confirmée
L’Iran a demandé l’aide du sultanat d’Oman pour arrêter « immédiatement » les frappes de la coalition arabe au Yémen contre l’avancée des rebelles chiites soutenus pas Téhéran, ont rapporté dimanche les médias iraniens.
Oman, qui a de très bonnes relations avec l’Iran, est la seule monarchie du Golfe à ne pas participer à la coalition mise en place par l’Arabie saoudite.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a remis vendredi aux autorités omanaises une lettre du président Hassan Rouhani qui insiste « sur la nécessité d’aider pour arrêter immédiatement les attaques contre le Yémen et empêcher que la guerre ne s’étende dans la région », selon les médias. La lettre demande aussi de « se concentrer sur les moyens politiques » pour mettre fin à la crise au Yémen.
L’Iran a condamné les frappes lancées depuis le 26 mars contre les rebelles chiites, qui ont pris le contrôle de larges portions du territoire yéménite et tentent de s’emparer d’Aden, la deuxième ville du pays.
Téhéran cherche à accroître son influence au Moyen-Orient en soutenant les Houthis.
Situé juste en face de l’Iran, de l’autre côté du détroit d’Ormuz, Oman a joué à plusieurs reprises un rôle de médiateur entre Téhéran et des pays étrangers, notamment occidentaux. Mascate a ainsi accueilli en novembre des pourparlers de haut niveau sur le dossier du nucléaire iranien.
Par ailleurs, 262 des 290 députés iraniens ont dénoncé dimanche « l’attaque injuste de l’Arabie saoudite qui constitue une claire agression contre un peuple et un pays indépendant », a indiqué l’agence officielle Irna.
Ils accusent Ryad « d’être au service des ennemis de l’islam » au lieu d’oeuvrer pour « l’unité et la grandeur des musulmans ».
L’Iran confirme la visite d’Erdogan malgré la polémique sur le Yémen
Le président turc Recep Tayyip Erdogan se rend mardi en visite officielle en Iran, a confirmé dimanche la présidence iranienne, malgré les tensions provoquées par ses propos sur l’intervention militaire arabe au Yémen.
Le président islamo-conservateur avait dénoncé fin mars ce qu’il a appelé la volonté de « domination » de l’Iran au Yémen, où la Turquie a apporté son soutien l’intervention militaire lancée par l’Arabie saoudite et ses alliés contre les rebelles chiites soutenus par Téhéran.
« L’Iran déploie des efforts pour dominer la région. Comment cela peut-il être tolérée ? », s’est-il interrogé avant d’appeler l’Iran, pays voisin de la Turquie, à « retirer toutes ses forces du Yémen, de la Syrie et de l’Irak ».
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, avait alors accusé Ankara d’alimenter l’instabilité au Moyen-Orient. Le chargé d’affaires de l’ambassade de Turquie à Téhéran a été « invité » au ministère des Affaires étrangères iranien qui lui a demandé des « clarifications » sur les propos de M. Erdogan.
Des journaux et députés conservateurs iraniens ont pour leur part dénoncé les « insultes » de M. Erdogan, demandant l’annulation de cette visite.
La coalition arabe menée par l’Arabie saoudite a entrepris le 26 mars des raids contre des rebelles chiites, soutenus par l’Iran, qui ont pris le contrôle de larges portions du territoire yéménite. La Turquie ne participe pas militairement à l’opération mais a envoyé une mission de formation militaire et a évoqué un partage des renseignement avec la coalition.
La Turquie et l’Iran s’opposent également sur la Syrie. Téhéran est le principal allié régional du président Bashar el-Assad alors qu’Ankara soutient la rébellion.
Malgré ces tensions régionales, la visite est axée notamment sur la promotion des rapports commerciaux entre les deux pays voisins. Téhéran et Ankara veulent faire passer à 30 milliards de dollars le volume de leurs échanges commerciaux en 2015. Mais ils doivent aussi régler un différend sur le prix du gaz iranien exporté en Turquie, qu’Ankara considère comme trop élevé.
C’est la deuxième visite de M. Erdogan, après celle de janvier 2014 quand il était Premier ministre. Le président iranien Hassan Rohani s’était rendu en Turquie en juin suivant.
« Au cours de cette visite, les deux présidents et les ministres concernés auront une série de négociations et M. Erdogan rencontrera aussi le guide suprême iranien », l’ayatollah Ali Khamenei, a précisé la présidence dans un communiqué commun.
Les dirigeants des deux pays doivent aussi participer à la seconde réunion « du haut conseil de coopération » bilatérale et auront des discussions « sur les questions régionales et internationales ».