Yifat Shasha-Biton : Netanyahu doit « se ressaisir » et ne pas blâmer les autres
Après que le Premier ministre a laissé entendre qu'elle avait contribué à la hausse des cas, la cheffe de la commission Corona à la Knesset a réclamé des solutions à la crise
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Dans une réprimande particulièrement forte de la part d’une responsable du Likud, la cheffe de la commission Corona à la Knesset, Yifat Shasha-Biton, s’en est pris lundi au Premier ministre Benjamin Netanyahu, après que ce dernier a déclaré qu’elle avait été au moins en partie responsable de la recrudescence des cas suite aux remises en question répétées, par son panel, des décisions prises par le cabinet au cours de ces derniers mois.
« Je rappelle au Premier ministre que c’est lui qui a affaibli le programme de ‘signalisation’ qui avait été concocté par le professeur Gamzu [numéro un de la lutte contre le coronavirus dans le pays] jusqu’à ce qu’il en devienne inutile », a écrit sur Facebook Shasha-Biton en référence aux projets – largement avortés – du responsable de la réponse gouvernementale à la pandémie destinée à imposer des restrictions au niveau local, en fonction des taux d’infections dans les différents territoires.
« Je suis fière d’aider de nombreuses entreprises à traverser la crise au mieux… Je suggère au Premier ministre de se ressaisir et de cesser de chercher des coupables. Il est temps de renforcer les capacités des hôpitaux, de créer un mécanisme efficace pour briser la chaîne des infections et d’enrôler les Israéliens dans la bataille », a continué la députée du Likud en riposte aux critiques émises à son encontre par Netanyahu.
« Le Premier ministre ferait mieux de se focaliser là-dessus sans tenter de fuir ses responsabilités et sans remuer la boue et la saleté », a-t-elle ajouté.
L’Etat juif a atteint un triste record dans la soirée de lundi après avoir enregistré un total de 52 263 cas actifs de COVID-19. Alors qu’un confinement national de trois semaines a été mis en vigueur, vendredi, pour contenir l’épidémie, de nombreuses violations des directives émises ont été rapportées dans tout le pays. De nombreux experts de la santé estiment que ce bouclage ne permettra pas de réduire la courbe ascendante de la propagation du virus dans les faits.

Disant aux ministres que le cabinet dit « du coronavirus » se réunirait mardi pour évoquer la possibilité de durcir encore le confinement en raison de l’augmentation nette des cas graves, Netanyahu aurait lancé une pique à Shasha-Biton, expliquant qu’ « il est inutile pour tous ceux qui ont méprisé les instructions ou qui – pire encore – qui les ont affaiblies à la Knesset de se demander pourquoi les infections ont augmenté à ce point ».
La commission Corona, dans le passé, s’est querellée de manière répétée avec le gouvernement dans la campagne menée par ce dernier dans sa lutte contre le virus, renversant les restrictions ordonnées par le cabinet.
Au mois de juillet, Shasha-Biton avait entraîné la fureur des membres du cabinet lorsque son panel avait rejeté une ordonnance du gouvernement qui imposait la fermeture des piscines et des clubs de gym, entraînant des mises en garde de représailles de la part de hauts-responsables du Likud ainsi qu’un débat national sur le contrôle exercé par le Parlement et sur la responsabilité gouvernementale.
Une semaine plus tard, sa commission avait rejeté une décision ministérielle prévoyant la clôture des plages et des piscines de tout le pays pendant le week-end. Elle avait déjoué ensuite, une fois encore, la tentative du gouvernement et des ministres de faire fermer les restaurants, les conservant finalement ouverts sous réserve du respect scrupuleux des limitations induites par la COVID-19.
Dans l’incapacité d’influencer suffisamment Shasha-Biton pour l’amener à changer d’avis, les officiels du gouvernement avaient finalement adopté, à la place, une loi accordant au cabinet la prérogative de pouvoir « déclarer un état d’urgence et de fermer toute une gamme de secteurs économiques et d’activités publiques » pendant des périodes prolongées, la Knesset ne se trouvant impliquée que dans un second temps.
Dans cette nouvelle loi, plus spécifiquement, la commission du Coronavirus – contrairement à la Commission de l’éducation, la commission de l’Economie et plusieurs autres – n’avait plus été intégrée dans la liste des panels parlementaires ayant le pouvoir d’approuver ou de rejeter des mesures.

Dans une référence probable au mépris affiché par Netanyahu pour le premier confinement des mois de mars et avril – il avait accueilli son fils pour un Seder de Pessah, contrevenant aux restrictions mises en oeuvre à l’époque – et aux informations rendues publiques lundi qui ont fait état de la violation, par deux conseillers du Premier ministre, de leur mise en quatorzaine, Shasha-Biton a aussi recommandé à Netanyahu de « montrer personnellement l’exemple ».
Les législateurs du Likud – le parti de Shasha-Biton – ont réagi rapidement et implacablement à la publication de la députée.
Le chef de la coalition à la Knesset, Miki Zohar, a déclaré que la cheffe de la commission du coronavirus a « agi, depuis un certain temps maintenant, comme si elle n’appartenait pas à la faction du Likud, ne servant pas ses desseins ».
Il a ajouté qu’il « est impossible d’accepter l’ingratitude ici et je pense donc fermement que son avenir au sein de la faction doit être reconsidéré ».
La parlementaire Osnat Mark a estimé que Shasha-Biton devait « assumer la responsabilité de ses décisions irréfléchies ».
« Votre conduite odieuse sera étudiée au Populisme 101, au sein de la faculté de l’Ego… Allez donc trouver un parti qui vous applaudira », a écrit Mark sur Twitter.
Les chiffres transmis lundi par le ministère de la Santé ont indiqué qu’il y avait eu 2 567 nouveaux cas de coronavirus diagnostiqués dimanche, le nombre de cas total, depuis le début de la pandémie, s’élevant dorénavant à 190 037. Ce chiffre est inférieur à celui des derniers jours et il pourrait résulter du nombre moindre de tests de dépistage effectués pendant ce week-end de fête. Les chiffres indiquent que près de 11% des tests sont revenus positifs.
Sur 52 876 cas actifs, 1 361 personnes sont actuellement hospitalisées – dont 653 qui ont développé une forme grave de la maladie, avec 169 personnes placées sous respirateur.
Le bilan des décès est de 1273 depuis l’apparition du virus dans le pays. 36 personnes sont mortes des suites de la COVID-19 au cours des dernières vingt-quatre heures.