Yitzhak Ilan, ancien chef adjoint du Shin Bet, succombe au Covid-19
L'ancien agent a supervisé d'innombrables opérations antiterroristes au plus fort de la seconde Intifada ; "de nombreux Israéliens lui doivent la vie sans le savoir", selon Argaman
Yitzhak Ilan, ancien directeur adjoint de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, qui a supervisé des centaines d’opérations antiterroristes, a succombé vendredi au COVID-19 à l’âge de 64 ans.
Ilan, qui a subi une transplantation pulmonaire l’année dernière, sera enterré vendredi dans la ville d’Ashdod, dans le sud du pays. Il laisse derrière lui sa femme et leurs trois enfants.
Ilan a passé 30 ans dans le service de sécurité du Shin Bet, notamment à la tête de sa division en Cisjordanie au plus fort de la seconde Intifada entre 2000 et 2003, un poste dans le cadre duquel il a supervisé les efforts d’Israël pour endiguer la vague d’attentats-suicides palestiniens.
Dans un portrait d’Ilan publié en mai, Ben Caspit, journaliste pour Maariv, a écrit qu’il « est considéré comme l’Israélien vivant qui a interrogé le plus de terroristes et qui a passé le plus d’années consécutives à lutter avec acharnement contre le terrorisme ».
Arrivé de Géorgie en Israël à l’âge de 17 ans, Ilan a commencé sa carrière au Shin Bet en 1982 dans la division chargée de contrecarrer l’espionnage soviétique en Israël. Il a gravi les échelons, a été interrogateur principal, a dirigé différentes divisions et aurait ordonné de nombreux assassinats ciblés de dirigeants terroristes palestiniens. Son surnom dans le service était « Le Géorgien », une référence à son pays d’origine.

« Yitzhak Ilan était l’un des piliers du service », a déclaré vendredi le chef du Shin Bet, Nadav Argaman. « C’était un excellent enquêteur et un agent de renseignement du plus haut calibre. Au fil des ans, Yitzhak a géré des centaines d’opérations de contre-terrorisme et d’interrogatoires, qui ont sauvé la vie de nombreuses personnes. De nombreux Israéliens lui doivent la vie sans le savoir. »
Argaman a déclaré qu’Ilan était « un patriote israélien qui aimait l’État de tout son cœur et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger et renforcer sa sécurité ».
« Même dans ses derniers jours, il s’est battu avec le courage et la détermination qui le caractérisent contre la maladie, jusqu’à ce que ses forces le quittent », a ajouté Argaman. « Nous pleurons sa disparition prématurée, partageons le chagrin de la famille et promettons de perpétuer sa mémoire dans les annales du Shin Bet. »
L’ancien chef du Shin Bet, Avi Dichter, un député du Likud, a rendu hommage à son ancien collègue, en qualifiant ce jour de « triste pour le peuple d’Israël et l’establishment de la sécurité ».
« Je doute que [les Israéliens] mesurent à quel point sa contribution à la sécurité d’Israël a été incroyable, le nombre de personnes qui se lèvent le matin pour aller travailler et qui sont encore en vie grâce à la lutte contre le terrorisme menée par Yitzhak, le nombre de personnes qui ont été épargnées grâce à ses connaissances en matière de lutte contre le terrorisme. »
En 2010, Ilan a été nommé directeur adjoint de l’agence. Un an plus tard, il a brigué le poste le plus élevé au sein du service de sécurité, mais a été battu par Yoram Cohen, et a démissionné. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a écarté de la course au poste de directeur, bien qu’il ait reçu l’aval du chef sortant, Yuval Diskin.
Depuis son départ de l’agence, il s’est présenté à la Knesset en 2019 en tant que membre de la faction Kakhol lavan mais n’a pas réussi à entrer au Parlement après s’être vu attribuer la 39e place sur la liste du parti. Ilan a été introduit dans le parti par l’ancien ministre de la défense Moshe Ya’alon. Le parti compte une longue liste d’anciens généraux, dont beaucoup ont servi aux côtés d’Ilan dans les services de sécurité pendant des décennies.
Son bref passage en politique lui a laissé un goût amer : Ilan a accusé ses collègues de Kakhol lavan de l’avoir rayé de la liste du parti sans raison. Le jour de sa transplantation pulmonaire, a-t-il dit à Caspit en janvier, tous étaient au courant de l’opération mais aucun ne lui a envoyé de message, à l’exception du Chili Tropper du parti, et aucun membre ne lui a rendu visite à l’hôpital pendant sa convalescence.
« Je suis leur ami. C’est une véritable amitié, qui s’étend sur des décennies. Comment ont-ils pu me faire une telle chose ? Je n’arrive pas à me remettre de cette question. J’ai vu beaucoup de choses dans ma vie. Rien ne m’a préparé à cela. »