Yom Yeroushalayim : la marche annuelle autorisée dans le quartier musulman
Le maire trouve le parcours controversé “approprié” ; la police renforce sa présence dans la capitale, promet une “tolérance zéro” à la violence
La Cour suprême a rejeté dimanche une pétition demandant à empêcher la parade annuelle de droite de Yom Yerushalaim (Journée de Jérusalem) de passer dans le quartier musulman de la Vieille Ville, alors que la police promettait une « tolérance zéro » pour la violence.
La Cour a toutefois prescrit à la police et aux organisateurs d’avancer d’un quart d’heure le passage des derniers participants par la porte de Damas à 18H15 locale (15H15 GMT) et de s’assurer qu’aucun d’entre eux ne se trouvera plus dans le quartier musulman à 19H00 (16H00 GMT) pour tenir compte de la possibilité d’une annonce que le ramadan débute finalement plus tôt que prévu dimanche soir.
L’association de gauche Ir Amim cherchait à ce que la cour rejette l’autorisation de la police de tenir la parade de la « danse des drapeaux » dans la zone et oblige à modifier le trajet. L’évènement a été entaché dans le passé de chants racistes et d’affrontements judéo-arabes.
Le député arabe israélien de la Liste arabe unie Youssef Jabareen a fustigé la décision de la haute Cour.
« Il s’agit d’une marche provocatrice, raciste et violente, dont l’objectif est de menacer les vendeurs palestiniens dans le quartier musulman et les visiteurs du quartier », a-t-il déclaré, selon Walla.
Jabareen a dit aussi que la police serait tenue pour responsable de toute attaque contre les Palestiniens qui se déroulerait lors de la marche, qui a lieu chaque année pour célébrer la réunification de la ville suite à la guerre des Six Jours de 1967.
Cette année, la Journée de Jérusalem coïncide avec le début du jeûne d’un mois du Ramadan, et des centaines de fidèles de musulmans devraient être dans la même zone dimanche en fin d’après-midi, faisant craindre des affrontements.
Une pétition similaire avait été rejetée par la Cour suprême en mai 2015.
« Jérusalem est en fête ; cette manifestation est appropriée », a déclaré le maire de la ville, Nir Barkat, à la radio militaire. « Je ne pense pas qu’il y aura des problèmes – ce parcours pour la marche des drapeaux est en place depuis des années. »
Des centaines d’officiers de police étaient déployées dans toute la capitale pour la célébration de la Journée de Jérusalem, qui commémore la prise de la Vieille Ville et de Jérusalem Est pendant la Guerre des Six Jours de 1967.
« Nous disposons d’une force de plus de 2 000 policiers en uniforme et en civil », a indiqué un porte-parole de la police, précisant que 30 000 personnes devaient participer à la marche des drapeaux.
La police a déclaré dimanche qu’elle réprimerait quiconque perturbant l’ordre public.
« La police fera preuve d’une tolérance zéro à toute manifestation de violence verbale ou physique, et utilisera tous les outils à sa disposition contre les émeutiers et ceux qui contreviennent à la loi, et verra qu’ils sont [punis] dans toute la mesure de la loi », a-t-elle déclaré.
Sur le terrain, des systèmes de caméras vidéo installés dans et hors de la Vieille Ville ainsi que des hélicoptères devaient également être utilisés pour surveiller la marche.
En 2014, des Israéliens avec des drapeaux avaient été filmés en train d’attaquer des Palestiniens porte de Damas. Dans la rue voisine Salah al-Din, les Palestiniens avaient jeté des pierres sur un bus Egged, blessant sept Israéliens. L’année précédente, des perturbations similaires avaient entraîné l’arrestation de 23 Palestiniens et de 13 Israéliens.
Des milliers d’Israéliens étaient dimanche matin au mur Occidental, selon la police.
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Les rues du centre de Jérusalem devraient être fermées au trafic entre 15h00 et 21h00. Les transports en commun sont maintenus, mais des retards sont attendus dans toute la capitale.
La police a par ailleurs demandé dimanche à la cour des magistrats de Jérusalem un ordre de restriction pour cinq membres de l’organisation d’extrême-droite Lehava, ce qui leur interdirait l’entrée à la Vielle Ville de Jérusalem pendant la marche organisée cet après-midi pour la Journée de Jérusalem.
Les cinq membres ont été arrêtés pour être interrogés la semaine dernière pendant une manifestation contre une mission chrétienne et ont subi des pressions pour signer les termes de l’exclusion, a annoncé le site d’informations Walla.
« Les militants de Lehava ont le droit de marcher dans Jérusalem avec des drapeaux, et l’incapacité de la police à comprendre que la liberté d’expression s’applique à tous indique qu’elle a besoin de prendre un cours sur les droits civiques et la démocratie », a déclaré l’avocat d’extrême-droite Itamar Ben-Gvir, qui s’est opposé à la demande de la police devant la cour.