Yvan Attal : « Les clichés antisémites font des ravages »
"S'il n’y avait pas eu Charlie Hebdo, je me demande ce qu’on aurait fait de l’Hyper Cacher", se questionne le réalisateur
A l’occasion de la sortie de son nouveau film « Ils sont partout », Yvan Attal était interviewé par Europe 1.
Dans ce film, dont la sortie est prévue le 1er juin prochain, le réalisateur juif français s’attaque aux clichés antisémites pour mieux les dénoncer.
Yvan Attal y joue le rôle d’un Juif tiraillé, obsédé par son identité juive. « C’est quoi être Juif ? » s’interroge-t-il. Son identité le rend paranoïaque, il consulte donc un psychologue pour lui faire part de ses questionnements.
Les séances de psychologue sont entrecoupées d’histoires courtes qui viennent illustrer à la fois les clichés répandus sur les Juifs et les inquiétudes d’Yvan Attal. Les Juifs sont partout, les Juifs sont riches, les Juifs ont tué Jésus, les Juifs sont radins…
Dans cette interview sur Europe 1, Yvan Attal déclare que la France « garde un fond d’antisémitisme ».
« Je pense qu’il y a un vieil antisémitisme qui persiste, puis il y a un nouvel antisémitisme », souligne-t-il.
« Malgré tout, on a beau rigoler dans le film de ces clichés, ces clichés font quand même des ravages »
Yvan Attal
La volonté de ce film est de démonter les clichés antisémites. « Malgré tout, on a beau rigoler dans le film de ces clichés, ces clichés font quand même des ravages. »
Le réalisateur a déclaré ressentir cet antisémitisme. « Evidemment que je le ressens », confie-t-il.
« Quand il y a un mort palestinien et que la France descend dans la rue, elle descend dans la rue parce que c’est un Palestinien qui a été tué par un soldat israélien. Quand un Palestinien se fait tuer par un Bashar el-Assad, tout le monde s’en fout. On s’identifie à ses frères musulmans palestiniens, mais on ne s’identifie pas à ses frères musulmans du Soudan, du Mali, de Syrie, etc… »
« Donc permettez-moi, comme mon personnage, d’être un tout petit peu paranoïaque », ironise le réalisateur.
Dans cette interview, Yvan Attal est revenu sur les attentats qui ont frappé la communauté juive depuis 2012.
« J’ai quand même l’impression que s’il n’y avait pas eu Charlie Hebdo, je me demande ce qu’on aurait fait de l’Hyper Cacher. Je me pose la question. »
Dans son film, Yvan Attal s’est donné des limites. Ainsi le film devait traiter de la manière dont la France avait réagi lors des attentats de Toulouse, où Mohammed Merah a tué le rabbin Jonathan Sandler et deux de ses enfants, Gabriel, 3 ans, et Aryeh, 6 ans, ainsi qu’une autre petite fille de 8 ans, Myriam Monsonégo en mars 2012, à l’école Ozar HaTorah de la ville, – mais ces scènes ont été coupées.
« Mon but n’est pas de culpabiliser les gens. (…) Où est cette France qui se mobilise quand il y avait une profanation d’un cimetière, (…), où est cette France qui descendait dans la rue ? Cette France n’existe plus. Aujourd’hui on peut prendre une enfant, la tirer par les cheveux à la sortie d’une école, lui tirer une balle dans la tête, personne ne descend dans la rue. »
L’intérêt de ce film est de « ramener le débat sur la table », explique le réalisateur.
Enfin, Yvan Attal est revenu sur la non-participation de son film « engagé » au Festival de Cannes.
Le Festival de Cannes qui est censé « être le miroir de ce qui se passe dans le monde », n’est même plus le miroir « de se qui se passe en France », s’insurge le réalisateur.
« Quand je vois certains films en séance spéciale, à minuit, qui sont des grosses conneries américaines, je ne comprends pas pourquoi certains films français ne sont pas, alors que ce sont des films nécessaires, aidés par le Festival de Cannes. »
En conclusion, Yvan Attal espère avoir réalisé un film qui « fait rire et réfléchir ».