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Zarif : Trump, Netanyahu et Ben Salmane « isolés » dans leur opposition à l’Iran

Pompeo promet que les Etats-Unis "feront respecter" les sanctions dont certaines entreront en vigueur mardi ; L'UE instaure la loi de blocage

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif assiste à une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats riverains de la mer Caspienne à Moscou le 5 décembre 2017. (Crédit : AFP / Kirill KUDRYAVTSEV)
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif assiste à une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats riverains de la mer Caspienne à Moscou le 5 décembre 2017. (Crédit : AFP / Kirill KUDRYAVTSEV)

Les dirigeants américain Donald Trump, saoudien Mohammed Ben Salmane et israélien Benjamin Netanyahu sont « isolés » dans leur opposition à l’Iran, a affirmé lundi le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.

« Aujourd’hui, le monde entier a déclaré qu’il n’était plus en phase avec la politique américaine contre l’Iran », a déclaré M. Zarif dans un discours, cité par l’agence de presse semi-officielle Isna, à la veille de la réimposition des sanctions américaines contre Téhéran.

« Parlez à n’importe qui, n’importe où dans le monde et on vous dira que Netanyahu, Trump et Mohammed Ben Salmane (le prince héritier saoudien) sont isolés, pas l’Iran », a-t-il lancé.

Avidgor Liberman, le ministre de la Défense, a déclaré que la décision du président américain Donald Trump d’imposer de nouvelles sanctions à l’Iran « restera en mémoire pendant des générations ».

« Le président américain Donald Trump a changé de position face à l’Iran. Plus d’accords et d’asservissement, plutôt une lutte déterminée pour mettre un terme au régime des ayatollahs qui se propage à travers le Moyen-Orient », a-t-il tweeté.

Ces déclarations interviennent alors que l’Union européenne a regretté mardi la réimposition des sanctions américaines contre Téhéran.

Le ministre des Affaires étrangères iraniens Mohammad Javad Zarif, à gauche, accueilli par la cheffe de la politique étrangère de l’Union européenne, Federica Mogherini, le 15 mars 2016 à l’EEA (service d’action extérieur européen) à Bruxelles (Crédit : AFP / EMMANUEL DUNAND)

« Nous regrettons profondément la réimposition de sanctions par les États-Unis, en raison du retrait de ce dernier du Plan d’action global conjoint (JCPOA, le nom officiel de l’accord nucléaire iranien) », ont déclaré les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, les trois pays impliqués dans la conclusion de l’accord conclu en 2015, dans un communiqué conjoint avec la cheffe de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini.

« Nous sommes déterminés à protéger les opérateurs économiques européens engagés dans des affaires légitimes avec l’Iran (…) C’est pourquoi le statut de blocage mis à jour par l’Union européenne entre en vigueur le 7 août », ont précisé les signataires de la déclaration de l’UE.

La loi dite « de blocage » a été adoptée par l’Union en 1996 pour contourner les sanctions américaines contre Cuba, la Libye et l’Iran, mais n’avait jamais été utilisée. Son actualisation a été approuvée par les ministres des Affaires étrangères de l’UE le 16 juillet.

Elle interdit aux entreprises européennes de se conformer aux effets extra-territoriaux des sanctions américaines, sous peine de pénalités fixées par chaque Etat membre.

« Je ne suis pas en mesure de dire si nos efforts vont suffire, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter que l’accord sur le nucléaire avec l’Iran ne meurt, car les conséquences seraient catastrophiques pour tous », avait averti Federica Mogherini le 16 juillet.

« L’exercice est difficile, car le poids des Etats-Unis dans l’économie mondiale n’est pas négligeable », avait-elle reconnu.

La Banque européenne d’investissements (BEI) a de fait renoncé à soutenir les investissements européens en Iran car, comme toutes les banques de l’UE, elle doit lever des capitaux sur les marchés, selon son président Werner Hoyer.

De même, la plupart des grands groupes européens vont se retirer d’Iran car « leurs financements et leur actionnariat sont en partie américains », ont expliqué les responsables européens.

Les échanges entre l’UE et l’Iran sont faibles. L’UE a acheté pour 10 milliards d’euros de produits iraniens en 2017, dont 9 milliards de produits pétroliers, et a vendu à l’Iran pour 10 milliards d’euros de biens, essentiellement des produits de chimie et de pharmacie et des biens d’équipements, selon la Commission européenne.

Le président de la Commission européenne Donald Tusk avant le début d’un sommet de l’Union à Bruxelles, le 14 décembre 2017 (Crédit : AFP/ ludovic MARIN)

L’UE et « les autres parties au JCPOA (NDLR : la Chine et la Russie) se sont engagées à travailler, entre autres, à la préservation et au maintien de canaux financiers efficaces avec l’Iran et à la poursuite des exportations iraniennes de pétrole et de gaz.

Sur ces questions, comme sur d’autres sujets, notre travail se poursuit, y compris avec les pays tiers intéressés à soutenir le JCPOA et à maintenir des relations économiques avec l’Iran », ont précisé les Européens.

Le secteur de l’énergie sera touché par la seconde vague des sanctions américaines en novembre et la Commission européenne fera des propositions « fin septembre » pour permettre à l’UE de poursuivre ses achats de pétrole iranien, a indiqué à l’AFP une source européenne proche du dossier.

L’Iran exporte 3,8 millions de barils de pétrole par jour. 20 % sont achetés par l’UE et 70 % par la Chine et d’autres pays d’Asie, d’après les chiffres de l’UE.

L’euro, et non plus le dollar, devrait être la devise utilisée pour les transactions sur le pétrole iranien, réglées via des transferts entre les banques centrales européennes et la banque centrale iranienne.

M. Zarif a suggéré qu’il sera difficile de négocier avec Donald Trump après que le président américain a renoncé à l’accord sur le nucléaire de 2015, fruit selon lui, « des plus longues heures de négociations de l’Histoire », entre les grandes puissances et l’Iran.

Le président américain Donald Trump signe un document rétablissant les sanctions contre l’Iran après avoir annoncé le retrait américain de l’accord nucléaire iranien, dans la salle d’accueil diplomatique de la Maison Blanche à Washington le 8 mai 2018. (AFP / Saul Loeb)

« Est-ce que vous pensez que cette personne (Trump) est une personne avec laquelle on peut négocier ? Ou est-ce qu’il ne fait que faire l’intéressant ? », s’est-il interrogé.

L’Iran s’était déjà montré sceptique face à des déclarations du président américain semblant soudainement ouvrir la voie à des négociations après des mois de menaces contre l’Iran.

M. Zarif a toutefois reconnu que le pays se trouvait dans une période difficile.

« Bien sûr, l’intimidation américaine et les pressions politiques peuvent provoquer des perturbations, mais le fait est que dans le monde actuel, l’Amérique est isolée », a-t-il assuré.

L’Arabie saoudite et Israël, principaux rivaux régionaux de l’Iran, sont parmi les seuls pays à soutenir fermement la réimposition des sanctions américaines.

Les autres signataires de l’accord de 2015 – la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Chine et la Russie – estiment que l’Iran respecte ses engagements et veulent sauver l’accord en garantissant à Téhéran des protections économiques.

Rial au plus bas

Les mesures décidées par l’administration américaine pourraient lourdement peser sur l’économie iranienne et la monnaie nationale, le rial, a récemment atteint son plus bas niveau face au dollar sur le marché parallèle.

D’autant que, selon des analystes, des mesures prises par Téhéran ont aussi contribué au plongeon de la devise. En avril, les autorités avaient établi un taux officiel fixe de 42 000 rials pour un dollar tout en menaçant de poursuites les cambistes du marché parallèle qui appliqueraient un taux différent.

Cette mesure a entraîné une vague de spéculation sur le marché noir tandis que certains responsables sont soupçonnés de corruption pour avoir profité de dollars à des taux préférentiels.

C’est dans ce contexte très tendu que le vice-gouverneur et chef du département des changes de la Banque centrale d’Iran a été arrêté, a annoncé dimanche l’autorité judiciaire.

Le vice-gouverneur, Ahmad Araghchi, été arrêté avec d’autres responsables ainsi que quatre cambistes accusés de spéculation, a indiqué le porte-parole de l’autorité judiciaire, Gholam-Hossein Mohseni Ejeie, dans une déclaration à la radio-télévision d’Etat IRIB.

Le président iranien Hassan Rouhani assiste à une conférence de presse à Berne le 3 juillet 2018. (Crédit : AFP/Ruben Sprich)

Les opposants conservateurs du président Hassan Rouhani reprochent à son gouvernement de ne pas lutter suffisamment contre la corruption et d’échouer à relancer l’économie.

Samedi, un haut responsable religieux, l’ayatollah Hossein Nouri-Hamedani, a demandé que « les grands corrompus économiques » soient renvoyés devant les tribunaux.

« Les gens sont en colère quand ils entendent que quelqu’un a détourné des milliards pendant que d’autres vivent dans des conditions difficiles », a-t-il déclaré selon l’agence de presse Tasnim, liée aux conservateurs.

Avant son arrestation, le chef du département des changes, qui est le neveu du vice-ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi, avait été limogé samedi par le nouveau gouverneur de la Banque centrale, une mesure sanctionnant apparemment sa mauvaise gestion de la crise monétaire en cours.

Manifestations

Des journalistes ont rapporté une présence renforcée de la police anti-émeutes dimanche soir dans la ville de Karaj, à l’ouest de Téhéran, secouée par des manifestations depuis quelques jours.

Selon les médias d’Etat iraniens, environ 500 manifestants ont attaqué une école religieuse dans cette province vendredi et une personne aurait été tuée par des protestataires.

Ces derniers jours, des manifestations rassemblant des centaines de personnes ont eu lieu dans plusieurs grandes villes comme Chiraz (sud), Ahvaz (sud-ouest), Machhad (nord-est) et Karaj.

Plusieurs régions du pays auraient connu des manifestations motivées par un mécontentement face à la situation économique détériorée, à la classe politique mais aussi au manque d’eau causé par la sécheresse.

Mais de sévères restrictions imposées à la presse ont rendu impossible de vérifier de source indépendante l’ampleur de ces protestations et les images circulant sur les réseaux sociaux.

Pompeo promet que les Etats-Unis « feront respecter » les sanctions

A quelques heures de leur entrée en vigueur mardi, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a promis que les Etats-Unis « feront respecter » leurs nouvelles sanctions contre l’Iran, décidées après le retrait unilatéral de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien.

Une première vague de nouvelles sanctions américaines contre l’Iran entrera en vigueur mardi à 04h01 GMT. Elle comprendra des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des sanctions sur les achats dans le secteur automobile et l’aviation commerciale.

Une seconde phase de sanctions s’abattra en novembre sur le secteur pétrolier et gazier ainsi que la banque centrale.

A la question de savoir si l’Iran pourrait se soustraire à l’effet de ces nouvelles mesures punitives, M. Pompeo, qui était en route pour Washington après avoir participé à un forum sur la sécurité à Singapour, a répondu aux journalistes : « Les Etats-Unis feront respecter les sanctions ».

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo durant une conférence de presse conjointe avec le ministre des Affaires étrangères sud-coréen Kang Kyung-wha au Département d’État à Washington DC, le 11 mai 2018. (Crédit : AFP/Mandel Ngan)

Après avoir claqué la porte de l’accord signé en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, l’administration Trump ne s’en cache pas: elle compte frapper l’Iran d’une « pression maximale », diplomatique et économique.

Mais le doute demeure sur ses visées à long terme, et sur les risques accrus, ou non, d’un conflit. D’autant que Washington souffle le chaud et le froid.

Donald Trump a surpris, la semaine dernière, en affirmant être prêt à rencontrer les dirigeants iraniens « quand ils veulent », après une guerre des mots avec son homologue iranien Hassan Rouhani.

« L’Iran et son économie, vont très mal et cela va vite. Qu’il y ait une réunion ou pas importe peu. C’est à eux de voir », a tweeté Donald Trump samedi soir.

Son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, a par le passé plaidé publiquement en faveur d’un changement de régime.

« Pour Bolton et les autres, la pression est une fin en soi », analyse Suzanne Maloney, chercheuse au centre de réflexion Brookings Institution.

Aux yeux de l’administration Trump, « tant mieux si elle mène à une capitulation » face aux demandes américaines, mais « encore mieux si elle mène à un changement de régime », affirme-t-elle à l’AFP.

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