Zohar admet des considérations politiques derrière la non-adoption du budget
L'allié de Netanyahu confirme les accusations de blocage budgétaire pour, en partie, empêcher Gantz de devenir Premier ministre ; le ministre des Finances dément

Le chef de la coalition Miki Zohar, un proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a reconnu ouvertement, mardi, que des considérations d’ordre politique étaient à l’origine des retards accumulés dans la préparation du budget de l’Etat, ce qui semble confirmer les soupçons largement partagés d’une non-adoption des budgets 2020 et 2021, de la part du Likud, pour empêcher Benny Gantz de devenir Premier ministre à la place de Netanyahu à la fin de l’année prochaine.
L’accord de partage du pouvoir conclu entre les formations du Likud et de Kakhol lavan stipule que Gantz deviendra Premier ministre au mois de novembre 2021 et que si le gouvernement doit chuter dans l’intervalle, Gantz sera désigné chef du gouvernement de transition. Une seule exception est faite dans le cas d’une dissolution du gouvernement en raison de l’échec à adopter un budget de l’Etat.
Les membres du Likud, jusqu’à présent, ont affirmé que cette incapacité à approuver un budget émanait de difficultés professionnelles et d’un manque de coopération de la part du parti Kakhol lavan de Gantz.
Mais Zohar, qui s’est exprimé mardi soir devant les caméras de la Vingtième chaîne de droite, a apporté un autre début d’explication.
« Bien sûr que des considérations d’ordre politique existent aussi ici », a-t-il répondu alors qu’il lui était demandé si le budget était délibérément bloqué pour empêcher Gantz de devenir Premier ministre.

« Jusqu’à présent, Kakhol lavan n’a pas témoigné d’un esprit d’authentique partenariat avec nous et n’a pas montré son intention de travailler en pleine coopération à nos côtés », a-t-il ajouté. « Le parti a opté pour une ligne de conduite différente de la nôtre à un grand nombre d’occasions, et il est possible que pour que l’accord de coalition soit pleinement mis en oeuvre, nous en arrivions à réclamer, avant tout, qu’il assume sa part du travail ».
Le Likud a accusé Kakhol lavan de ne pas avoir respecté certains éléments de l’accord et d’agir en tant « qu’opposition au sein même du gouvernement ».
Zohar, qui est régulièrement mis en cause pour ses propos agressifs dans les médias a, ces derniers jours, promis d’adoucir sa rhétorique, présentant ses excuses et indiquant que ses paroles passées avaient pu nuire au parti du Likud.
Sur Twitter, Kakhol lavan a diffusé un extrait de l’interview de Zohar et commenté : « Pour ceux qui avaient encore un doute ».
Le ministre de la Justice issu de Kakhol lavan, Avi Nissenkorn, a déclaré au micro de la radio militaire que Zohar avait dit « ce que tout le monde sait ».
Mais le ministre des Finances Yisrael Katz, du Likud, a démenti les propos de Zohar.
« Ses paroles ne reflètent pas l’opinion du ministère qui prépare le budget 2021 conformément au calendrier publié et à partir de considérations purement professionnelles », a-t-il écrit sur Twitter.

Mercredi, Zohar a affirmé que Kakhol lavan « dénaturait » ses dires, même si ces derniers ont été compris de la même façon par Katz ainsi que par d’autres personnalités publiques et par les journalistes.
« J’ai parlé de considérations politiques parce que Kakhol lavan continue à diriger un gouvernement au sein du gouvernement et que si cela continue ainsi, cela va entraîner la dissolution du gouvernement », a-t-il écrit sur Twitter.
Une publication partagée par Netanyahu, qui a ajouté : « A cette période d’épidémie de coronavirus, j’appelle Kakhol lavan à mettre un terme à ses stratagèmes, à revenir à l’unité et à travailler au bénéfice de tous les citoyens israéliens. »
Les dirigeants de Kakhol lavan ont menacé, lundi, de nouvelles élections si un budget d’Etat n’était pas adopté d’ici la fin du mois de novembre, amenant Katz à accuser le parti centriste de « tentative de chantage ».
« S’il n’y a pas de budget, il y aura des élections, » a déclaré Gantz.
Israël a traversé l’année 2020 sans budget d’État, même si l’accord de coalition signé au mois d’avril prévoyait qu’un budget pour les années 2020-2021 devait être approuvé au cours de l’été.
Si l’échéance initiale portant sur l’adoption d’un budget était fixée au mois d’août – un échec à approuver le budget 2020-2021 à cette date obligeant alors la Knesset à se dissoudre – le Likud et Kakhol lavan avaient trouvé un arrangement à la dernière minute qui donnait aux deux parties cent jours supplémentaires. La date-limite pour l’adoption d’un budget est celle du 23 décembre.