10 millions de shekels d’aide promis aux Juifs ukrainiens face à l’attaque russe
Le ministère de la Diaspora déclare que des fonds seront consacrés à la protection des institutions juives et à l'aide aux réfugiés alors que la situation en Ukraine se détériore
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Israël a alloué vendredi 10 millions de shekels (2,75 millions d’euros) d’aide à la communauté juive d’Ukraine alors que l’offensive militaire russe contre le pays s’intensifiait, a déclaré le ministère des Affaires de la Diaspora.
« Cette décision a été prise par l’État d’Israël, et en particulier par son ministère de la Diaspora, en tant qu’État-nation du peuple juif, de soutenir les individus et les communautés juives en danger », a déclaré le ministère dans un communiqué.
Le ministère indique que l’aide se présentera sous quatre formes principales : nourriture et médicaments, financement d’agents de sécurité autour des centres communautaires juifs pour les protéger des émeutes et des pillages, aide aux réfugiés lors d’évacuations à grande échelle, et transport des personnes vers des zones plus sûres.
Après des mois de tensions, la Russie a lancé son invasion de l’Ukraine aux premières heures de jeudi matin, frappant des sites militaires et civils dans tout le pays.
Plus de 130 Ukrainiens – soldats et civils – ont été tués le premier jour des combats, a déclaré vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi qu’environ 450 soldats russes, selon le ministère britannique de la Défense.
Les combats se sont poursuivis vendredi alors que la Russie atteignait la capitale ukrainienne, Kiev, qui a été touchée par d’intenses tirs de roquettes russes. Les habitants de la ville, qui n’ont pas pu fuir, ont cherché refuge dans les stations de métro souterraines et les sous-sols.
« Ces dernières semaines, [le ministre des Affaires de la diaspora Nachman] Shai et son équipe ont été en contact permanent avec les dirigeants et partenaires de la communauté juive en Ukraine et sur le terrain pour suivre l’évolution de la situation et évaluer les besoins. Il est devenu assez clair à ce stade qu’un soutien immédiat et continu est nécessaire », a déclaré le ministère.

Shai a d’abord annoncé son intention d’envoyer de l’aide à la communauté juive ukrainienne jeudi, mais il était initialement pensé qu’il faudrait plusieurs jours avant que l’affaire puisse être portée devant le gouvernement pour approbation finale.
Cependant, comme il est devenu clair que la situation dans le pays se détériorait rapidement, Shai a donné l’approbation provisoire du financement, ce qui signifie que les diverses organisations travaillant en Ukraine peuvent commencer à dépenser ce montant en sachant que les fonds finiront par arriver, même s’il faudra plusieurs jours pour que les 10 millions de shekels soient transférés à ces organisations, a déclaré un responsable du ministère, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
En raison de la nature sensible de cette aide, le ministère n’a pas révélé les organisations pour lesquelles il travaillait.
« Nous suivons les développements dans la région avec une grande inquiétude. Nos cœurs sont avec le peuple juif d’Ukraine. Nous continuerons à suivre de près les besoins et les développements sur le terrain et à réagir en conséquence », a déclaré Shai.
Le rabbin Jonathan Markovitch, qui a une congrégation à Kiev, a déclaré que sa principale préoccupation était la sécurité de sa synagogue, où des dizaines de personnes étaient venues se réfugier au sous-sol.
Une société de sécurité privée qu’il avait initialement embauchée s’est désistée à la dernière minute et les autres prestataires ont considérablement augmenté leurs honoraires au-delà de son budget, a-t-il expliqué jeudi. Markovitch a déclaré que des gardes armés étaient principalement nécessaires pour protéger le bâtiment en cas d’émeutes, comme cela s’est produit lors des troubles à Kiev en 2014, mais qu’il craignait également que la synagogue ne soit la cible d’actes à caractère antisémite.
L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie jeudi a été l’aboutissement de mois de menaces et de signaux d’alerte alors que Moscou rassemblait des troupes aux frontières. Mais nul ne savait quel était le plan exact de la Russie pour l’Ukraine.
Avant l’invasion, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que Moscou déployait son armée le long de la frontière avec l’Ukraine comme rempart contre Kiev, qui se rapprochait de l’OTAN, mais a déclaré plus tard que c’était en vue de la « démilitarisation et de la dénazification de l’Ukraine ».
Jeudi soir, Poutine a déclaré que la Russie « n’avait pas d’autre moyen de procéder » que d’envahir l’Ukraine. Jeudi, des responsables américains ont déclaré que la Russie avait apparemment l’intention de « décapiter le gouvernement et d’installer son propre gouvernement » à Kiev.