100 familles endeuillées tentent d’empêcher une cérémonie israélo-palestinienne
Pour ses détracteurs, la cérémonie conjointe pour les victimes du conflit équivaut à porter le deuil pour Eichmann à Yom HaShoah
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Plus de 100 familles israéliennes endeuillées ont fait appel dimanche au ministre de la Défense Moshe Yaalon, lui demandant d’empêcher une cérémonie du souvenir conjointe israélo-palestinienne à Yom HaZikaron, a rapporté la radio de l’armée.
Les associations israéliennes Combattants pour la Paix et Le Cercle des Parents – Forum des Familles, organisent depuis une décennie une cérémonie conjointe pour les familles des victimes israéliennes et palestiniennes à l’occasion du Yom Hazikaron.
Mais 107 familles ont signé une lettre adressée à Yaalon, lui demandant d’interdire l’entrée des familles palestiniennes en Israël cette semaine et de modifier la loi concernant le Yom HaZikaron afin d’empêcher de telles cérémonies conjointes.
« La cérémonie est une provocation qui déshonore le Yom HaZikaron et la mémoire des disparus, » lit-on dans la lettre.
« Nous sommes choqués par le fait que le gouvernement israélien autorise une cérémonie commémorative commune pour nos ennemis qui ont pris part aux attentats qui ont tué et blessé nos enfants… simplement parce qu’ils étaient juifs ».
Selon la radio militaire, le Comité des résidents juifs de Samarie a rassemblé les familles et les a aidés à écrire la lettre. Le groupe a exprimé dimanche son opposition catégorique à la cérémonie sur sa page Facebook.
« Il y a différentes façons d’exprimer le deuil et y faire face ; mais l’identification avec l’ennemi l’un des jours les plus sacrés de l’année, alors que des dizaines de milliers de familles se souviennent de leurs proches, c’est impossible », est-il écrit dans le message.
« C’est comme avoir une cérémonie pour le [criminel de guerre nazi Adolph] Eichmann à Yom HaShoah ».
Mais Tamar Halfon, porte-parole des Combattants pour la Paix, a déclaré que la cérémonie – qui aura lieu mardi soir au Centre des Conventions de Tel Aviv – est « difficile » pour les deux sociétés israélienne et palestinienne, et primordiale pour briser le cycle de la la violence politique.
« Nous devons nous rappeler que la guerre n’est pas une fatalité mais un choix humain. C’est pourquoi en ce jour particulier, nous appelons les deux parties à reconnaître la douleur et l’espoir de ceux qui vivent de l’autre côté de la clôture, et à essayer de prévenir la prochaine guerre. Ainsi, peut-être, au Yom HaZikaron de l’année prochaine, nous n’aurons pas à compter de nouvelles victimes », a-t-elle répondu dans un message envoyé au Times of Israel.
La popularité de la cérémonie a augmenté progressivement au cours des années, a noté Halfon, de 200 participants en 2006 à 3000 en 2014.
« La cérémonie est une solution de rechange pour les milliers de personnes qui y voient la bonne façon de marquer cette journée ; de briser le cycle sans fin de la violence par un message commun de douleur et d’action différente qui engendre l’espérance ».
Le ministère de la Défense n’a pas apporté de commentaires au moment de la publication.