Israël en guerre - Jour 494

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14 mois après la libération de son fils, un père dit que sa famille est toujours otage du traumatisme

En amont du cessez-le-feu et de la première phase de l'accord sur les otages, Yoav Engel donne un aperçu de l'univers d'une famille ébranlée par l'enlèvement de leur enfant le 7 octobre à Gaza

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

L'ex-otage Ofir Engel (à gauche), avec sa famille lors d'un voyage subventionné à l'étranger, après sa libération des geôles du Hamas, en novembre 2024. (Autorisation)
L'ex-otage Ofir Engel (à gauche), avec sa famille lors d'un voyage subventionné à l'étranger, après sa libération des geôles du Hamas, en novembre 2024. (Autorisation)

Alors que les familles des otages suivent avec anxiété l’évolution de l’accord de libération des otages, Yoav Engel, père de l’ancien captif Ofir Engel, a envoyé un message de soutien aux familles dont les proches ne figurent pas sur la liste initiale des 33 otages à libérer lors de la première phase de l’accord de cessez-le-feu à Gaza. On estime que 64 autres otages sont détenus, et qu’ils ne sont pas tous en vie.

« Nous sommes avec vous jusqu’au retour du dernier otage », a déclaré Engel. « Il n’y a pas d’otages vivants ou d’otages morts, il n’y a que des otages. Et il y a encore 97 otages à Gaza ».

L’organisation terroriste du Hamas devrait libérer trois femmes otages, Romi Leshem Gonen, Doron Steinbrecher et Emily Damari, dimanche après-midi.

Quatre autres otages seront rendus à Israël au septième jour du cessez-le-feu, puis trois otages seront rendus chaque semaine pendant quatre semaines. Enfin, 14 otages seront restitués au cours de la sixième et dernière semaine de la première phase.

La semaine dernière, Engel s’est entretenu avec le Times of Israel, évoquant ses difficultés à aller de l’avant depuis l’enlèvement de son fils à Gaza par des terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023.

« Ma femme et moi nous tournons l’un vers l’autre – c’est tellement fou de penser que nous avons vécu cela », a déclaré Engel. « Quand j’en parle, c’est comme si je parlais de quelqu’un d’autre, c’est comme un film. Est-ce que cela nous est vraiment arrivé ? »

Ofir Engel, au centre, lors de sa libération de captivité à Gaza le 29 novembre 2023 avec ses parents Yoav, à gauche, et Sharon Engel. (Autorisation)

Les 54 jours qu’Ofir, aujourd’hui âgé de 18 ans, a passés en captivité à Gaza ont plongé Yoav Engel, sa femme Sharon et les deux jeunes sœurs d’Ofir dans un tourbillon d’incertitude qui résonne encore aujourd’hui.

Tout leur rappelle la peur, l’angoisse et l’anxiété de ces deux mois.

Engel sait que lui et sa famille sont relativement chanceux. Ofir leur est revenu entier et en bonne santé, et dans un sens, le chapitre terrifiant était clos.

Sauf que ce n’est pas le cas.

« Nous en souffrirons encore longtemps », a déclaré Engel, qui passe une partie de la semaine à se battre pour que le gouvernement finance la thérapie de sa famille, une épreuve désormais familière pour de nombreux survivants de l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023.

Ce jour-là, quelque 1 200 personnes ont été massacrées dans le sud d’Israël et 251 ont été prises en otages pour être emmenées dans la bande de Gaza.

Ofir, qui avait 17 ans à l’époque, rendait visite à sa petite amie, Yuval Sharabi, le 7 octobre 2023, dans la maison familiale de cette dernière au kibboutz Beeri. Alors que les terroristes du Hamas envahissaient le kibboutz, tuant 101 résidents, brûlant les maisons et commettant des atrocités, Ofir a été pris en otage avec le père de Yuval, Yossi Sharabi, et le fils adolescent d’un voisin.

Ofir et l’autre adolescent ont été libérés le 29 novembre 2023. Yossi Sharabi, 53 ans, est resté en captivité et a été tué, probablement par une frappe de Tsahal à Gaza, le 16 janvier 2024.

« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu m’a dit à deux reprises que Yossi était vivant et qu’ils ne feraient pas sauter un endroit où se trouvaient des otages vivants, même s’ils n’étaient pas sûrs qu’il y ait quelqu’un à proximité », a déclaré Ofir Engel. « Mais 29 otages ont été tués de cette façon. »

Aujourd’hui, les Engel pleurent avec les Sharabi tout en espérant que le frère de Yossi Sharabi, l’otage Eli Sharabi, reviendra à la maison. La femme et les deux filles d’Eli ont été tuées dans leur maison de Beeri le 7 octobre.

Eli Sharabi, aujourd’hui âgé de 52 ans, figure sur la liste des 33 otages qui seront libérés au cours de la première phase de l’accord.

« Je peux essayer de comprendre ce que ressent Nira [Sharabi] », a déclaré Engel, en parlant de l’épouse de Yossi Sharabi, « mais je ne peux même pas décrire ce que je ressens. Il n’y a pas de mots en hébreu pour décrire cela. Les mots n’existent pas dans notre langue ».

L’ex-otage Ofir Engel (à l’extrême-droite) avec la mère de sa petite amie Yuval Sharabi, Nira Sharabi (deuxième à partir de la gauche) et le reste de la famille dans les ruines de leur maison du kibboutz Beeri, en janvier 2024. (Autorisation)

Yoav Engel et son père, Yosef « Jucha » Engel, ancien collaborateur de Shimon Peres, sont régulièrement présents lors des rassemblements d’otages, souvent aux côtés de Sharon Sharabi, le frère d’Eli et de Yossi Sharabi, qui tient des photos de ses deux frères.

Bien qu’Engel ait repris son travail en tant que chef du département des sports de l’organisation Shalva de Jérusalem, qui travaille avec des personnes handicapées, il continue à participer régulièrement aux activités des familles d’otages.

Il prend la parole lors de divers forums sur les otages et participe aux manifestations hebdomadaires devant la Knesset, le lundi, dans le cadre de la lutte pour le retour des otages à la maison.

Comme l’a récemment fait remarquer Rachel Goldberg-Polin, mère de l’otage assassiné Hersh Golderg-Polin, les familles comme les leurs sont elle-mêmes « otages » de la situation.

Ce n’est pas la première fois qu’Engel et sa famille sont confrontés à un événement catastrophique lié à la sécurité de la nation. En 1996, le jeune frère d’Engel, Yair Engel, est mort pendant son entraînement de commando de marine.

Cela fait maintenant 28 ans que Yair est mort, et l’enlèvement d’Ofir a créé un nouveau type de traumatisme, a déclaré Engel.

Des membres de la famille d’Ofir Engel se rassemblent pour demander sa libération lorsqu’il était encore otage du Hamas, le 30 novembre 2023. (Autorisation)

« Lorsque mon frère a été tué, ils ont frappé à la porte et tout ce que nous savions s’est effondré, mais nous savions aussi ce qui allait se passer ensuite, nous l’avons enterré et nous avons fait shiva [deuil rituel], nous avons suivi le mouvement », a déclaré Engel, qui vit avec sa famille et la famille Engel élargie dans le kibboutz Ramat Rachel, au sein de la municipalité de Jérusalem.

Lorsque Ofir a été pris en otage, il s’est écoulé cinq jours avant qu’il ne soit certain qu’il était un otage, et 35 jours avant qu’il ne donne des signes de vie.

« À chaque instant, nous attendions, nous demandant s’ils allaient trouver son corps, mais nous gardions espoir et foi », a déclaré Engel. « Dans ma tête, je croyais qu’il était vivant plutôt que de penser le contraire, mais vous ne savez pas quoi faire. Il n’y a pas de règles. »

Engel n’a pas travaillé pendant les mois qui ont suivi le 7 octobre.

Il a aujourd’hui repris le travail, mais il a souvent l’impression de ne pas savoir où il en est, de manquer de concentration. Il en parle fréquemment lors de réunions avec l’Institut national d’assurance [bituah leumi], qui octroie des fonds pour les thérapies en cours, et lors des réunions des commissions de la Knesset, où il évoque la nécessité d’aider les victimes et leur famille élargie.

« Ils ne nous considèrent pas comme des victimes parce que nous n’étions pas là », a déclaré Engel. « Cela touche tout le monde, de la victime à la famille de la victime, en passant par les grands-parents, les tantes, les oncles et les cousins. »

Yoav Engel, en haut, deuxième à partir de la droite, à la Knesset avec d’autres familles d’otages tandis que la mère de l’otage Einav Zangauker, au milieu, rangée du bas, réagit lors d’une réunion de la commission de la Constitution, du droit et de la justice à la Knesset, le 16 décembre 2024. (Photo de Chaim Goldberg/Flash90)

Pourtant, pour l’essentiel, l’ancien otage Ofir se porte bien, même si certains aspects de son avenir sont encore incertains.

Il participe actuellement à une année de service militaire sur le plateau du Golan, tout comme sa petite amie Yuval, bien qu’ils soient tous deux inscrits à des programmes différents, a déclaré Engel.

Engel se souvient du 29 novembre 2023, lorsque son fils est rentré chez lui, date qui correspondait également à l’anniversaire d’Engel.

« C’était le cadeau d’anniversaire qui mettait fin à tous les anniversaires », a déclaré Engel.

Ce premier jour, alors qu’ils étaient assis dans la cour de l’hôpital Schneider, Ofir a demandé pourquoi des rubans jaunes étaient attachés à toutes les branches d’un arbre voisin.

« Il n’avait aucune idée que c’était pour les otages », raconte Engel.

Le lendemain, Engel a emmené son fils dans les bureaux du Forum des otages à Tel Aviv. En chemin, Ofir a vu une énorme image de lui agrandie sur le panneau d’affichage électronique du centre commercial Azrieli.

« Il n’en revenait pas », a déclaré Engel.

Les familles Engel et Sharabi en voyage à Disney World après la libération d’Ofir Engel, en bas à gauche, de sa captivité à Gaza, le 29 novembre 2023. (Autorisation)

Ofir Engel a récemment fait une tournée de presse pour promouvoir « Survived to Tell », une expérience de réalité virtuelle de l’organisation Israel-is qui comprend le récit de son calvaire, filmé dans les ruines de la maison du kibboutz Beeri de sa petite amie.

« Parfois, il a l’impression de raconter l’histoire de quelqu’un d’autre », a déclaré son père, qui conserve un jeu de lunettes de réalité virtuelle dans son salon à Jérusalem. Il voit son image à la télévision et dit : « Me voilà ». C’est très étrange pour lui.

Tous ces mois plus tard, les Engel se sentent encore liés à toute cette histoire. Ils attendent avec impatience la conclusion de l’accord sur les otages, espérant que l’oncle de Yuval, Eli Sharabi, soit toujours en vie et qu’il rentrera chez lui.

« Nous allons voir s’il est encore en vie, mais alors, comment va-t-il continuer à vivre ? », dit Engel. « Toute sa famille a été tuée. L’estomac se serre rien que d’y penser. Mais voyons d’abord s’il est en vie. »

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