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Analyse

44e jour de guerre : Les otages au centre de l’attention et ce qui constituerait une « victoire »

Avec une franchise inhabituelle, Netanyahu déclare qu'Israël fait tout pour libérer un maximum d'otages

David Horovitz

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Les familles des Israéliens pris en otage par les terroristes du Hamas à Gaza marchant avec des milliers de sympathisants vers le Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 18 novembre 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Les familles des Israéliens pris en otage par les terroristes du Hamas à Gaza marchant avec des milliers de sympathisants vers le Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 18 novembre 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La conférence de presse tenue samedi soir par le Premier ministre et deux ministres du cabinet de guerre a souligné à quel point le sort des otages en est venu à dominer la tactique, et peut-être même la stratégie, dans la guerre d’Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Plus tôt dans la soirée, Gadi Eisenkot, ancien chef d’état-major de l’armée israélienne et observateur au sein du cabinet de guerre, aurait déclaré aux représentants des familles que « le retour des otages est la priorité suprême [de la guerre], avant la destruction du Hamas ».

Aucun des trois dirigeants n’est allé aussi loin, mais, en réponse à une question, le chef du parti d’Eisenkot, Benny Gantz, s’en est approché. Israël dispose « de plusieurs décennies s’il le faut pour détruire cette chose », a déclaré Gantz en référence au Hamas. « Nous ne disposons pas de décennies pour ramener les gens chez eux. »

Des informations sur un éventuel accord pour la libération de quelques-uns des 240 otages circulent depuis des semaines, et la position officielle d’Israël est manifestement en train de changer.

L’impératif de les ramener à la maison n’était même pas un objectif initial déclaré de la guerre. Aujourd’hui, à en juger par les propos du trio dirigeant, des accords ont été sérieusement envisagés. « Nous faisons tout notre possible pour ramener le plus grand nombre [d’otages], même en plusieurs étapes, et nous sommes unis sur ce point », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu en réponse à une question.

Alors que le président du Conseil de Sécurité Nationale (NSC), Tzahi Hanegbi, a déclaré vendredi qu’Israël n’accepterait un cessez-le-feu qu’en échange de la libération d’un nombre « massif » d’otages pour donner au Hamas la trêve limitée qu’il recherche pour se ravitailler, il est loin d’être évident de savoir ce que signifie « massif » en réalité.

À en juger par la conférence de presse inhabituellement longue de samedi soir, au cours de laquelle Netanyahu a répondu à beaucoup plus de questions qu’à l’accoutumée, la position israélienne est que toutes les mères et tous les enfants devraient être libérés. Toutefois, le Premier ministre a catégoriquement nié des informations selon lesquelles il aurait refusé mardi une proposition du Hamas qui aurait permis la libération des 40 enfants et de la plupart des mères, mais pas de toutes les mères.

Un article publié dans Haaretz (en hébreu) au cours du week-end citait des soldates de Tsahal chargées de la surveillance de la frontière avec Gaza, qui avaient signalé des semaines et des mois durant une activité inhabituelle du Hamas à la frontière avant le 7 octobre, affirmant que le sexisme avait contribué à ce que leurs avertissements soient ignorés.

Les survivantes de ces unités ont déjà souligné que des officiers supérieurs avaient rejeté leurs avertissements avec condescendance. Même si, au fil des ans, Tsahal a de plus en plus ouvert aux femmes des rôles clés, y compris au combat, le dénigrement des banot (filles) à la frontière a incontestablement été un facteur déterminant dans la catastrophe du 7 octobre.

Le fait que de nombreuses soldates de ces unités aient été parmi les 1 200 personnes massacrées dans le sud d’Israël ce jour-là, ne fait qu’ajouter à l’horreur, au déchirement et à l’insoutenable saga de l’échec.

Les dirigeants politiques et les militaires insistent jour après jour sur le fait que l’incursion terrestre progresse aussi bien que prévu, voire mieux, tout en reconnaissant les pertes croissantes dans les rangs de Tsahal. Dans une interview accordée à la télévision américaine la semaine dernière, Netanyahu a également reconnu le nombre croissant de morts parmi les civils de Gaza ; le Hamas, comme il l’a dit à maintes reprises, commet le double crime de guerre de massacrer des civils israéliens et de mettre en danger les non-combattants de Gaza en cherchant à échapper aux conséquences de ses actes. (Regardez la dernière parodie de la BBC sur « Eretz Nehederet » pour découvrir l’exemple le plus probant de la diplomatie publique israélienne à cet égard).

Dans le nord de Gaza, les bastions du Hamas sont pris pour cible – au cœur de Gaza City, notamment à l’hôpital al-Shifa, et dans d’autres foyers du Hamas tels que Zeitoun et Jabaliya. Des tunnels sont attaqués, des dépôts d’armes ont été détruits, plusieurs hauts commandants ont été éliminés et plusieurs milliers de terroristes du Hamas ont été tués.

Les dirigeants politiques et militaires affirment que l’incursion s’étendra au sud de la bande de Gaza, y compris à Khan Younis, un autre bastion du Hamas où, selon la rumeur, certains des terroristes les plus recherchés se cachent.

Des soldats israéliens, dans la bande de Gaza, sur une photo publiée le 17 novembre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

Dans le même temps, tout en affirmant que le Hamas a été affaibli, les dirigeants israéliens ne prétendent pas qu’il a été anéanti. Il n’y a pas eu de reddition massive. Les roquettes continuent de pleuvoir. Et si, selon certaines sources militaires, 4 000 terroristes ont été tués, il en reste 20 000 ou plus qui ne l’ont pas été. Des sources de l’armée israélienne admettent que le Hamas et d’autres terroristes ont quitté le nord de la bande de Gaza pour se rendre au sud, notamment en empruntant les corridors humanitaires.

Tsahal a été condamnée par ceux qui, au sein de la communauté internationale, se sont laissés convaincre par les fausses affirmations du Hamas selon lesquelles l’armée bombardait al-Shifa. Aujourd’hui, après avoir retardé son raid sur l’hôpital afin d’éviter de blesser le personnel, les patients et les habitants déplacés de Gaza, Tsahal a été accusée de ne pas avoir pris les cellules du Hamas en flagrant délit dans les sous-sols et les tunnels situés en contrebas.

L’élimination de la grande majorité des terroristes prendra beaucoup de temps. Et comme de plus en plus d’habitants de Gaza sont exhortés par Tsahal à évacuer des zones de conflit de plus en plus étendues, le défi consistant à cibler les terroristes les plus recherchés du Hamas se cachant parmi les Gazaouis ne fera que se complexifier.

Personne n’avait parlé de « décennies » pour éliminer le Hamas avant Gantz samedi soir. Les chefs de l’armée avaient suggéré une guerre de plusieurs mois, voire d’un an. Et ce, alors que le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a parlé la semaine dernière d’une « fenêtre diplomatique de deux ou trois semaines » avant que la pression internationale en faveur d’un arrêt ne devienne significative.

Le décalage entre le délai dont certains en Israël suggèrent que Tsahal aura besoin pour atteindre l’objectif de faire disparaître le Hamas en tant que menace terroriste, et la propre évaluation d’Israël de la pression internationale actuelle et potentielle en faveur d’un arrêt, est de plus en plus marqué.

De gauche à droite : le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz lors d’une conférence de presse télévisée, le 18 novembre 2023. (Crédit : Douzième chaîne/Capture d’écran GPO)

Samedi soir, Netanyahu a insisté sur le fait qu’Israël bénéficiait d’un soutien important de la part des États-Unis, entre autres pays, et a salué le rôle de Washington qui a veillé à ce que Tsahal dispose de la marge de manœuvre dont elle a besoin pour mener la guerre jusqu’à la victoire. Toutefois, presque dans la foulée, il a reconnu que des « pressions croissantes » s’exerçaient sur Israël en faveur d’un cessez-le-feu, y compris de la part des États-Unis, et que d’autres initiatives internationales à l’encontre d’Israël risquaient de compromettre la poursuite des combats.

Si une grande partie des effectifs du Hamas est éradiquée, Tsahal devra rester à Gaza pendant longtemps pour s’assurer qu’ils ne reviennent pas simplement se réinstaller. Personne d’autre ne se chargera de cette tâche.

Ce ne sera pas facile. D’un point de vue pratique, économique et psychologique, Israël ne sera pas en mesure de maintenir des centaines de milliers de réservistes en uniforme.

Netanyahu et les généraux parlent d’une victoire absolue et écrasante sur le Hamas. Cela signifie probablement, qu’à un moment donné, face à l’escalade de la pression internationale, Tsahal et le gouvernement vont déterminer que les infrastructures armées du Hamas ont été suffisamment endommagées et que suffisamment de ses terroristes ont été tués, pour que l’incursion terrestre, dans sa forme actuelle, soit réévaluée. Elle a commencé de manière volontairement vague, avec des incursions initiales remplacées par des actions plus larges, et pourrait évoluer avec la même imprécision.

Les dirigeants parlent aussi maintenant de traquer les commandants du Hamas en dehors de Gaza si nécessaire – ce qui rappelle l’opération [de l’agence de renseignement] du Mossad visant à tuer tous ceux qui avaient orchestré le massacre des athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de Munich en 1972.

Pour l’heure, un groupe de familles d’otages et de disparus a déposé une plainte pour « crimes contre l’humanité » contre le Hamas auprès de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Eyal Waldman, dont la fille et son compagnon ont été assassinés le 7 octobre, a déclaré vendredi à sa sortie du tribunal qu’un aspect important de la plainte était la demande que la CPI émette des mandats d’arrêt contre les chefs du Hamas, comme elle l’avait fait en mars contre le président russe Vladimir Poutine pour des crimes de guerre en Ukraine, afin de les empêcher de voyager librement. Ne retenons pas notre souffle sur ce point.

*Les soldates de surveillance de Tsahal, appelées en hébreu tatzpitanim ou tatzpitaniyot, appartiennent au Corps de Renseignement de combat et opèrent le long des frontières du pays, ainsi que dans toute la Cisjordanie.

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