50 ans après, de nouvelles photos de la bataille de Jérusalem montrent l’horreur et la joie
Ce trésor propose un regard rare sur la victoire contre l’armée jordanienne, auparavant imbattable, pendant la guerre des Six Jours

Jusqu’à la guerre des Six Jours, les soldats juifs avaient presque perdu toutes les batailles majeures contre la Légion arabe de Jordanie.
Pendant la guerre d’Indépendance de 1948, les légionnaires ont écrasé cinq fois les Israéliens à Fort Latrun, ont assiégé Jérusalem et ont massacré soldats et civils sans distinction à Kfar Etzion, dans ce qui est maintenant la Cisjordanie.
Et de fait, les deux premiers jours de la guerre des Six Jours ont vu des combats brutaux et amers dans la ville de Jérusalem alors divisée entre les troupes israéliennes et les Forces armées de Jordanie – en 1967, elles avaient abandonné le nom de « Légion arabe » – y compris l’une des batailles les plus féroces de toute la guerre : la bataille de la Colline des Munitions.
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En lien avec les célébrations de cette année de Jour de Jérusalem qui ont eu lieu la semaine dernière, le ministère de la Défense a publié des dizaines de photographies et de transcriptions, dont certaines n’avaient jamais été vues par le public. Elles témoignent des affrontements brutaux pour Jérusalem et sa Vieille Ville, et de la joie qui a suivi.

Le deuxième jour de la guerre, le 6 juin 1967, le colonel Mordechai Gur a reçu pour mission de prendre la Colline des Munitions, au nord de la Vieille Ville de Jérusalem. Les combats ont été féroces, alors que les deux camps ont dû recourir aux baïonnettes et aux couteaux dans des tranchées exiguës.
Au final, les troupes israéliennes ont pris la colline mais ont perdu 36 soldats, y compris la plupart des officiers, ce qui explique le surnom de la bataille, la « bataille des soldats ».
Environ 71 Jordaniens ont également été tués lors du combat. (Des renseignements de mauvaise qualité ont laissé croire à Gur qu’il n’y aurait que quelques dizaines de Jordaniens pour défendre le site, mais pas les plus de 100 soldats qui étaient en réalité retranchés dans la colline).

Pourtant, au soir du 6 juin, les forces israéliennes avaient fait battre en retraite l’armée jordanienne réputée imbattable, reprenant le contrôle de plusieurs quartiers de Jérusalem Est, tout comme une bonne partie de la région autour, y compris Fort Latrun et les collines de l’ouest de la ville.
L’armée israélienne était restée à l’écart de la Vieille Ville de Jérusalem. Cette partie de Jérusalem, où se trouvent les lieux saints du judaïsme, de l’islam et du christianisme, était considérée comme un lieu sensible, une zone qui ne pouvait pas être bombardée par des tirs d’artillerie et où les tanks ne pouvaient pas passer.
Ce qu’il fallait faire de la Vieille Ville était un sujet de discussion très polémique au sein du cabinet de sécurité le 6 juin, selon les retranscriptions de la rencontre qui ont été publiées la semaine dernière.
Le chef de l’opposition de l’époque, Menachem Begin, était catégorique : Israël ne devait « pas attendre, même une heure de plus. Nous devrions entrer dans la Vieille Ville sans délai. »
Begin, du parti de droite Herut, a également pris en considération la terminologie qui devrait être utilisée, prévoyant une bataille qui continue jusqu’à aujourd’hui. « Nous continuons d’utiliser le mot ‘conquête’. C’est correct militairement, mais je dirai que la Vieille Ville est libérée. Si cela soulève des inquiétudes, on peut dire que la Vieille Ville de Jérusalem, la Ville de David, est entre les mains de l’armée israélienne », a-t-il déclaré.
Ironiquement, un des plus durs opposants à la prise de la Vieille Ville était l’homme qui a ensuite donné l’ordre – de son propre chef et sans consultation du cabinet – de le faire : le ministre de la Défense d’alors, Moshe Dayan.

Dayan n’avait aucun doute sur le fait que l’armée israélienne était capable de prendre la Vieille Ville, mais il craignait que les troupes dont le Sinaï avait besoin ne restent bloquées dans Jérusalem. Il était également inquiet qu’il y « ait une pression internationale sur nous pour que l’on quitte la Vieille Ville. »

« Je propose que nous n’entrions pas dans la Vieille Ville demain », a déclaré Dayan au cabinet, un jour avant de donner l’ordre à ses troupes d’entrer dans la Vieille Ville.
Au final, le cabinet de sécurité a été convaincu. Dans son résumé de la rencontre, le Premier ministre de l’époque, Levi Eshkol, a déclaré : « Nous n’entrerons pas dans la Vieille Ville ce soir et nous nous contenterons de la séparer de tous les autres camps. Si des développements politiques le requièrent, le ministre de la Défense a le droit de donner l’ordre à l’armée israélienne d’entrer dans la Vieille Ville. »
Et c’est exactement ce qui s’est produit, du moins, dans l’esprit de Dayan.
Renseigné sur un potentiel cessez-le-feu déclaré par les Nations unies, le ministre de la Défense a donné l’ordre à la Brigade des Parachutistes de Gur de prendre la Vieille Ville, de peur qu’Israël ne perde sa chance de prendre le contrôle du mont du Temple et du mur Occidental.
Malgré les craintes sur l’opération, les combats dans la Vieille Ville sainte se sont avérés relativement simples. Beaucoup de combattants jordaniens ont pris la fuite, même s’il y a eu des victimes israéliennes.

Après une réunion avec ses commandants de bataillon après la guerre, Gur a noté qu’ « entre le moment où nous avons eu l’ordre et l’entrée sur le mont du Temple, moins de dix minutes s’étaient écoulées. »
Après la courte bataille pour la Vieille Ville, qui a été menée sans tanks, sans artillerie ou aviation de peur d’endommager les lieux saints, Gur a prononcé ces mots célèbres : « Le mont du Temple est entre nos mains ».
L’une des plus grandes préoccupations exprimées lors de cette réunion était que la joie des soldats éprouvée après la prise de la Vieille Ville puisse nuire à l’esprit de combat.

« Lorsque la célébration a commencé avec toutes les personnes importantes et les shofars, les gars ne percevaient pas la guerre. Pour moi, c’était trop tôt. Il n’y avait pas de tension », a déclaré le Major Yossi Fredkin, commandant du 28e Bataillon.

« Je dois vous dire, à en croire les photos, je pense que les gars étaient en alerte », a rétorqué Gur.
Le major Uri Eilam, le commandant du 71e Bataillon, a donné une réponse franche et calculée, évoquant le besoin des soldats de se sentir prêts au sacrifice pour leur pays.
« Les gars étaient en alerte, mais on avait le sentiment que la guerre était finie et que cela ne valait pas la peine de mourir », a-t-il déclaré.






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