7 octobre : Pourquoi Amazon a-t-il interdit, puis autorisé, la vente de deux livres ?
Le vendeur en ligne a invoqué une "violation des règles de l'entreprise" pour justifier l'interdiction de vente des titres sur les atrocités du Hamas, et nie tout préjugé anti-Israël
Un livre contenant des témoignages de victimes du 7 octobre, qui avait été temporairement interdit par Amazon, s’est retrouvé par la suite en tête de sa catégorie.
L’auteur, Alon Penzel, 23 ans, a écrit Testimonies Without Boundaries [Témoignages sans frontières] au lendemain du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été assassinées et 251 autres kidnappées en Israël et emmenées dans la bande de Gaza. Peu après la publication du livre en juin, Amazon l’a interdit pendant une quinzaine de jours, a confié Penzel au Times of Israel.
Je ne peux pas vous dire avec certitude pourquoi ils ont fait cela. Ils n’ont pas vraiment expliqué pourquoi ils l’ont bloqué, si ce n’est qu’il s’agissait d’une transgression des règles de l’entreprise », a ajouté Penzel.
Testimonies Without Boundaries contient les récits de 60 victimes et témoins des atrocités commises par le Hamas. Certains de ces témoignages sont « exclusifs », a précisé Penzel.
Deux semaines après l’interdiction, Penzel a reçu un email d’Amazon l’informant que son livre avait été retiré de la liste noire.
Cet été, le livre de Penzel est arrivé en tête de plusieurs listes d’Amazon, notamment celle des « violences faites aux femmes » (au Royaume-Uni) et celle du « conflit israélo-palestinien » (aux États-Unis). Le livre devrait être publié en plusieurs langues et sera distribué dans le monde entier par le ministère des Affaires étrangères israélien.
L’ouvrage de Penzel est le premier des deux ouvrages sur le massacre du 7 octobre à avoir été temporairement interdit par Amazon cet été.
Le livre du journaliste Mark Patinkin, The Holy Land at War : A Journey Through Israel, the West Bank, and Gaza [La Terre sainte en guerre : un voyage à travers Israël, la Cisjordanie et Gaza], a également été interdit puis débloqué par Amazon.
« Penzel et moi avons fait appel près d’une douzaine de fois et avons été rejetés à plusieurs reprises », a indiqué Patinkin au Times of Israel.
Chroniqueur de longue date pour le Providence Journal de Rhode Island, Patinkin a jugé « frappante » la similarité des traitements réservés à son livre et à celui de Penzel. Depuis que l’interdiction a été levée, le livre de Patinkin s’est hissé sur la liste des best-sellers d’Amazon aux États-Unis dans les catégories « Biographies historiques du Moyen-Orient » et « Livres d’histoire juive ».
Depuis le 7 octobre, Amazon fait l’objet de nombreuses critiques en raison d’allégations selon lesquelles l’entreprise tolérerait les expressions de haine anti-Israël au sein de son personnel. Certaines livraisons à destination d’Israël ont été vandalisées et des centaines d’employés ont manifesté contre Israël lors de réunions de l’entreprise.
Selon certaines estimations, la part de marché d’Amazon est de 60 % pour les livres imprimés et de 90 % pour les livres électroniques. La société a été poursuivie par la Commission fédérale du commerce et 17 procureurs généraux d’État pour « maintien illégal d’un pouvoir monopolistique ».
La boîte noire
Le livre de Patinkin couvre un champ plus large que celui de Penzel et ne traite pas spécifiquement de la guerre actuelle entre Israël et Gaza.
Il se base sur les événements du 7 octobre, mais inclut diverses perspectives de personnes interrogées des deux côtés du conflit. Certaines d’entre elles ont été interviewées par Patinkin à plusieurs reprises sur plusieurs décennies.
Patinkin raconte que sa première réaction à l’interdiction de son livre par Amazon a été de demander conseil.
« Un consultant en édition m’a expliqué que les appels des auteurs bloqués étaient probablement renvoyés à la première personne qui avait interdit le livre sur Amazon, de sorte qu’il n’y avait aucun recours et que tout se passait dans une sorte de boîte noire », a expliqué Patinkin.
Le 4 septembre, le New York Post a publié un article d’opinion de Patinkin sur son expérience avec les gardes-barrières d’Amazon. Dans cet article, il évoque la capacité d’un simple tweet d’Elon Musk à inciter Amazon à débanaliser un livre sur COVID.
« Il semblerait que Penzel et moi ayons été sauvés par la couverture médiatique », a écrit Patinkin.
Le Times of Israel a contacté les dirigeants d’Amazon pour qu’ils confirment ou infirment les allégations de partialité des contrôleurs de contenu. Tim Gillman, porte-parole d’Amazon, a répondu aux allégations.
« Nous appliquons des directives de contenu pour déterminer quels livres peuvent être mis en vente, et nous investissons beaucoup de temps et de ressources pour nous assurer que nos directives soient respectées. Lorsque nous commettons une erreur, nous essayons de la corriger le plus rapidement possible », a indiqué Gillman.
Plus d’une dizaine de livres écrits du point de vue de personnes accusant Israël de perpétrer un génocide contre les Palestiniens de Gaza sont disponibles sur Amazon. Génocide in Gaza : An Islamic Perspective et Acting to End Genocide in Gaza : Voices of Conscience and Concern sont deux exemples de titres en vente.
« Mon instinct me dit que j’ai été victime d’un garde-barrière partial, sans doute parce que les dirigeants d’Amazon ont fait remarquer que la guerre de Gaza était un sujet controversé », a écrit Patinkin.
Le livre de Penzel est particulièrement explicite, même pour un récit du 7 octobre. Il a interrogé non seulement des victimes et des témoins directs, mais aussi des chercheurs en médecine légale, des secouristes et d’autres personnes liées de manière viscérale aux massacres.
« J’ai dû leur poser des questions délicates pour obtenir des réponses », a expliqué Penzel.
Penzel a ainsi compilé des témoignages d’hommes israéliens violés à l’aide d’objets métalliques. Il y a aussi le récit d’une victime qui a été crucifiée à sa porte.
En avril, Amazon a subi des pressions pour interdire un livre écrit par le chef du Hamas, Yahya Sinwar, le commanditaire du pogrom du 7 octobre. Comme l’a rapporté Israel Hayom, Jeff Bezos et d’autres dirigeants d’Amazon ont été avertis que s’ils continuaient à vendre le livre, ils risquaient d’enfreindre les lois fédérales américaines de lutte contre le terrorisme.