7 octobre : Un an avec sursis requis contre un responsable CGT pour « apologie du terrorisme »
"Les horreurs de l'occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi elles reçoivent les réponses qu'elles ont provoquées," avait écrit Jean-Paul Delescaut, soutenu par Mélenchon
Un an de prison avec sursis a été requis jeudi contre un responsable CGT du Nord, jugé à Lille pour « apologie du terrorisme » après un tract controversé de soutien aux Palestiniens.
« Ce tract présente ces horreurs comme si elles avaient eu un caractère inévitable », a lancé la procureure. « C’est une légitimation d’un attentat de masse sous couvert d’une analyse historique », a-t-elle déploré, estimant le délit « parfaitement caractérisé ».
En tant que responsable de la publication du site internet de la CGT 59, Jean-Paul Delescaut, 57 ans, est jugé pour « apologie publique d’un acte de terrorisme » et « provocation publique à la haine ou à la violence », à la suite de la diffusion d’un tract le 10 octobre, trois jours après l’attaque sanglante des terroristes palestiniens du Hamas contre Israël.
Une phrase avait été particulièrement mise en cause : « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre, ndlr) elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. »
Retiré du site internet, ce tract avait été remplacé par une version « confédérale » corrigée, trois jours plus tard.
L’arrestation fin octobre 2023 de ce syndicaliste avait suscité l’indignation de personnalités politiques à gauche.
Présent à Lille avec une délégation de députés insoumis pour apporter notre soutien à Jean-Paul Delescaut, secrétaire de l’UD CGT du Nord, accusé pour avoir publié un tract expliquant la situation en Palestine. Jean-Paul lutte pour la justice et la paix ! Sa place n'est pas au… pic.twitter.com/3dRpTmll8n
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) March 28, 2024
Crâne rasé, lunettes, boucles d’oreille et sweat-shirt blanc à capuche, le syndicaliste, gonflé à bloc après avoir été accueilli sous les vivats de plusieurs centaines de militants, qui lui ont fait une haie d’honneur à son arrivée au tribunal, a indiqué à l’audience ne vouloir faire qu’une déclaration.
Le ton légèrement hésitant, il a insisté sur les « valeurs d’humanité, de défense de salariés, contre l’injustice sociale et pour la solidarité entre les peuples » de la CGT. « On condamne les actes terroristes en général et bien entendu celui du 7 octobre. On condamne toutes les violences », a-t-il assuré, répétant qu’il s’exprimait au nom du « collectif ».
Durant quatre heures d’audience, ce soignant au Centre hospitalier de Valenciennes est resté quasiment impassible face aux questions de la présidente et des avocats, opposant un mur du silence à chaque question : « Je m’en tiendrai à ma déclaration. »
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, venue à la mi-journée à Lille en soutien, a témoigné dans une vidéo de 3 minutes diffusée au procès.
Elle estime que les arrestations de militants syndicaux « s’inscrivent dans un climat très inquiétant de répression des libertés syndicales » avec « plus de 1 000 militants poursuivis au nom des actions menées collectivement par la CGT » contre la réforme des retraites.
« Ce tract dit que la violence entraîne la violence. Mais à aucun moment ce tract ne dit que la violence est légitime », a-t-elle estimé jeudi. « Ce tract condamne la violence et affirme la solidarité de la CGT avec toutes les victimes civiles », a-t-elle poursuivi, soulignant que son syndicat s’était « toujours battu pour le droit des peuples à l’auto-détermination ». Le coordinateur de la CGT du Nord, Hamid Chebout, avait affirmé en octobre que Delescaut avait été interpellé par « une dizaine de policiers », dont « sept cagoulés ».
Le responsable de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, était lui aussi présent devant le tribunal de Lille.