À Berlin, Macron décore les époux Klarsfeld, « militants de la mémoire » de la Shoah
"Vous avez permis à notre Europe de regarder son histoire en face," a déclaré le président français aux chasseurs de nazis
Le président français Emmanuel Macron a décoré lundi à Berlin Serge et Beate Klarsfeld qui ont traqué sans relâche les nazis après-guerre, saluant leur « combat contre l’oubli » mais concédant que le « travail » contre l’antisémitisme « n’est pas fini ».
« Votre couple cristallise ces décennies de chemins parcourus ensemble » entre la France et l’Allemagne, a lancé M. Macron en leur décernant les insignes de Grand-Croix et Grand officier de la Légion d’honneur lors d’une visite d’Etat en Allemagne.
Il a rappelé la rencontre improbable entre l’étudiant juif français, dont le père fut assassiné à Auschwitz, et la jeune fille au pair allemande, en 1960, à Paris.
Tous deux, « militants de la mémoire et de la justice », entament un combat au long cours pour démasquer les nazis passés sous le radar après la Seconde Guerre mondiale et œuvrer à la reconnaissance de la Shoah, a rappelé le chef de l’Etat.
Ils contribuent à l’arrestation du chef de la Gestapo à Lyon, Klaus Barbie, caché en Bolivie, qui sera extradé puis condamné à la perpétuité en France en 1987. Ils font aussi condamner par contumace le criminel de guerre nazi Alois Brunner, réfugié jusqu’à la fin de sa vie en Syrie.
Beate Klarsfeld reste également célèbre pour avoir giflé le chancelier allemand Kurt Georg Kiesinger en novembre 1968 à Berlin et dénoncé son passé nazi.
« Vous (avez) livré bataille contre l’impunité et l’oubli », celui des victimes de l’Holocauste dont « vous ressuscitez le souvenir, les visages », a également rappelé Emmanuel Macron.
En France, Serge Klarsfeld publia en 1978 Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, rédigé à partir de la liste des déportés au nombre de
76 000 dans l’Hexagone.
« Vous avez permis à notre Europe de regarder son histoire en face (..) de réfuter toutes les falsifications de l’histoire française (..) changé la conscience allemande », a lancé Emmanuel Macron.
« La bonne mémoire, (c’est) celle qui permet aussi de se tenir vigilant face à l’antisémitisme, au négationnisme, à la xénophobie », a-t-il averti. « Le travail n’est pas fini, je le sais ».