A Gaza et en Israël, craintes et philosophie en plein affrontements armés
Les roquettes pleuvaient après l'élimination d'un chef du groupe terroriste palestinien du Jihad islamique
Courir se protéger des bombes, regarder des missiles pulvériser des roquettes ou simplement lire un livre… Israéliens et Palestiniens tentent de gérer l’influx de stress né de nouveaux échanges de tirs entre l’Etat hébreu et Gaza, espérant que les violences ne dégénèrent pas.
Les sirènes d’alarme ont retenti mardi à l’aube dans le sud d’Israël, puis dans la métropole de Tel-Aviv, et dans le centre du pays dans une chorégraphie éprouvée mais chaque fois inquiétante.
Mardi, en réponse à l’assassinat ciblé à Gaza d’un haut commandant du Jihad Islamique, plus d’une centaine de roquettes ont été tirées depuis l’enclave palestinienne vers Israël, où écoles, lycées et universités ont fermé.
A Rishon Lezion, ville à la sortie de Tel-Aviv peu habituée aux pluies de projectiles, une roquette est tombée sur une rue à proximité d’un quartier où s’alignent les villas de luxe.
Sur place, les rues sont presque désertes. Dans le grand centre commercial, un panneau annonce que « suivant les instructions des autorités, le centre commercial est fermé jusqu’à nouvel ordre ».

A la terrasse d’un café fermé, Nelly, 31 ans, lit, elle, un livre en buvant une bouteille d’eau. « Je préférais sortir de la maison… il faut essayer de vivre normalement », dit-elle à l’AFP.
Dans un magasin d’alimentation, un couple d’Ashdod, ville située entre Tel-Aviv et le poste frontière d’Erez, porte d’entrée pour Gaza, fait ses emplettes.
« On est habitué chez nous, alors pour se changer les idées on est venu ici mais on n’a pas peur », affirme Simon, le père, parlant hébreu avec un fort accent russe. « C’est la vie, on va pas s’arrêter de vivre pour quelques roquettes ».
Des citoyens filmaient aussi la fumée dans le ciel de roquettes qui venaient d’être pulvérisées par le bouclier antimissile israélien. Une roquette a toutefois failli foudroyer des voitures qui circulaient sur une autoroute…

Philosophe, voire zen, Ruty, 62 ans, pensait plutôt à ses concitoyens vivant plus au sud, près de la frontière avec Gaza. « Ces pauvres gens au sud, ils le vivent quotidiennement alors on ne peut pas se plaindre lorsque c’est notre tour ».
Peur
Plus au sud justement, a Sdérot, ville israélienne la plus près de la bande de Gaza, Netanel, lui, s’est réveillé au petit matin avec l’annonce de la mort de Baha Abou Al-Ata, commandant du secteur nord du Jihad islamique dans l’enclave palestinienne.

« Nous avons célébré », a-t-il déclaré. « Nous soutenons entièrement Bibi Netanyahu (Benjamin, le Premier ministre) et nos soldats ».
Dans l’enclave palestinienne de Gaza, d’où fusaient les roquettes, au sein de la population on craint une nouvelle escalade. L’aviation israélienne continuait de bombarder mardi des positions, selon elle, du Jihad Islamique.
« Les forces d’occupation veulent une nouvelle guerre sur Gaza afin de sauver Netanyahu et c’est pourquoi les sionistes ont perpétré cet assassinat », a déclaré Amine Dalloul, un résident de Gaza âgé de 31 ans.
Selon lui, l’opération contre le commandant du Jihad islamique tient du complot ourdi par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui pourrait être mis en examen par la justice dans les prochaines semaines pour « abus de confiance » et « malversations ».
Sans s’aventurer dans les méandres de la politique israélienne, Abir Hassan, 37 ans, dit elle craindre, comme plusieurs autres à Gaza et en Israël, une escalade des affrontements. « Nous avons peur », souffle-t-elle. « Nous ne voulons pas de nouvelle guerre ».
C’est vous qui le dites...