À la Knesset, Ben Gvir traite des élus arabes de « terroristes », provoque une mêlée
Les députés de la Knesset se sont rués sur le ministre d'extrême droite, qui leur a crié "Dehors !” ; un élu du Likud a manqué de renverser un huissier qui a tenté de mettre fin à la bagarre
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Une échauffourée a éclaté au cours de la plénière de la Knesset mercredi lorsque, depuis la tribune, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a traité des législateurs arabes de « terroristes », ce a quoi ils ont répondu en se ruant sur lui pour le faire taire.
Alors même que le vice-président de la Knesset, Moshe Roth (Yahadout HaTorah), implorait Ben Gvir de cesser, le ministre d’extrême droite a continué à haranguer les législateurs arabes, tandis que des députés du Likud, le parti au pouvoir, tentaient de bloquer physiquement le passage de leurs homologues arabes.
Les huissiers de la Knesset ont eu du mal à séparer les deux camps, et l’un d’entre eux a failli être renversé par Hanoch Milwidsky (Likud), qui, avec le député Nissim Vaturi, s’est précipité sur les législateurs arabes.
Les militants de droite accusent souvent les législateurs arabes de soutenir le terrorisme en raison de leur soutien au mouvement nationaliste palestinien.
La discorde a éclaté lorsque Ben Gvir, s’adressant à la plénière, a accusé les députés arabes Ayman Odeh et Ahmad Tibi du parti Hadash-Taal d’être des « terroristes ».
Alors qu’ils protestaient, il a crié : « Dehors, dehors, dehors, tous les terroristes dehors », utilisant un langage qui fait écho à l’idéologie d’extrême droite selon laquelle les Arabes devraient être forcés de quitter le pays.
Odeh et son collègue de parti, le député Youssef Atauna, se sont précipités vers la tribune, rejoints par Tibi contre Ben Gvir.
מהומה במליאה: השר בן גביר כינה את חברי כנסת הערבים- מחבלים. טיבי ועודה החלו להתקדם לעבר הדוכן עליו עמד בן גביר. הסדרנים הפרידו בין הצדדים pic.twitter.com/09sG4vV2eZ
— חזקי ברוך (@HezkeiB) July 17, 2024
Roth, qui présidait la session, a demandé à plusieurs reprises à Ben Gvir de « ne pas utiliser de tels mots ».
« Il n’était pas nécessaire d’utiliser ce mot », a affirmé Roth, menaçant d’expulser Ben Gvir de la tribune.
« Est-ce qu’ils condamnent l’assassinat de soldats ? », a crié Ben Gvir à l’adresse de Roth. « Est-ce qu’ils condamnent les prises d’otages et le terrorisme ? »
Les huissiers de la Knesset sont intervenus pour empêcher les législateurs d’atteindre la tribune, tandis que Milwidsky et Vaturi se sont joints à la mêlée, interpellant les législateurs arabes. À un moment donné, Milwidsky, furieux, a manqué faire tomber un huissier de la Knesset, le poussant pour tenter de parvenir aux députés arabes.
Alors que les députés arabes lui criaient dessus au pied de la tribune, Ben Gvir a rétorqué : « Barra, barra », « Dehors » en arabe.
La conseillère juridique de la Knesset, Sagit Afik, a indiqué plus tard lors d’une réunion de la commission de la Chambre de la Knesset que Roth aurait dû faire descendre Ben Gvir de l’estrade.
« Le président de la session avait le droit et même l’obligation de faire descendre le ministre Ben Gvir de la tribune suite à l’utilisation du terme ‘terroristes’ pour se référer aux membres arabes de la Knesset. Je regrette que le député Moshe Roth, qui présidait la session, ne l’ait pas fait, car il s’agit d’une grave faute éthique. »

Répondant à Afik dans un communiqué, Ben Gvir l’a accusée de partialité.
« Je n’ai pas entendu la conseillère juridique de la Knesset demander le renvoi des membres de la Knesset qui m’ont traité de terroriste, de criminel, de fasciste et de dizaines d’autres termes désobligeants. Il est regrettable que l’attitude de la conseillère juridique soit discriminatoire. »
Ben Gvir a été lui-même condamné pour des délits liés au terrorisme.
En 2008, le tribunal de district de Jérusalem a condamné Ben Gvir pour incitation au racisme et soutien à une organisation terroriste en raison d’une pancarte qu’il tenait et sur laquelle on pouvait lire « Arabes dehors » à la suite d’un attentat terroriste palestinien à Jérusalem, et d’affiches anti-arabes qu’il transportait dans sa voiture et qui faisaient référence au mouvement d’extrême droite Kach, un groupe juif qui a été interdit en tant qu’organisation terroriste.
Ben Gvir a été inculpé à des dizaines de reprises, principalement pour trouble à l’ordre public, bien qu’il ait été disculpé dans presque tous les cas.
Plus tôt dans la journée de mercredi, Odeh a qualifié le Premier ministre Benjamin Netanyahu de « plus grand terroriste ici », alors que le Premier ministre s’adressait à la Knesset. Odeh a ensuite été expulsé de la salle.
Lundi, Ben Gvir a provoqué un tollé en séance plénière lorsqu’il a qualifié la députée de l’opposition Avoda Naama Lazimi de « criminelle », apparemment en raison de son implication dans des manifestations antigouvernementales au cours desquelles des autoroutes ont été illégalement bloquées.
Ses propos ont provoqué des cris qui ont conduit quatre députés à quitter la salle, tandis que la vice-présidente de la Knesset, Orit Farkash-Hacohen, tentait de rétablir l’ordre.
Les échanges houleux à la Knesset ont eu lieu alors que la guerre se poursuit dans la bande de Gaza, déclenchée par le pogrom du groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, durant lequel ils ont assassiné près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils. Israël a répondu par une offensive militaire dont l’objectif est d’anéantir le Hamas et de libérer les 251 otages enlevés par des terroristes et détenus dans la bande de Gaza.