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À l’aube du christianisme en Terre Sainte, les églises privées étaient érigées en signe de foi et de puissance

Selon une nouvelle étude, entre le 4ᵉ et le 7ᵉ siècle les élites chrétiennes construisaient de nombreuses églises privées, tandis que les donateurs juifs mettaient en commun leurs ressources dans une synagogue communautaire

  • La carte de Madaba représentant la ville historique de Jérusalem est partie intégrante d'une mosaïque au sol dans la première église byzantine Saint-Georges de Madaba, en Jordanie. (Crédit : domaine public via Wikipedia)
    La carte de Madaba représentant la ville historique de Jérusalem est partie intégrante d'une mosaïque au sol dans la première église byzantine Saint-Georges de Madaba, en Jordanie. (Crédit : domaine public via Wikipedia)
  • Le professeur Jacob Ashkenazi, du Kinneret College, situé au bord du lac de Tibériade, nettoyant une inscription trouvée à Horvat Hesheq, entre Carmiel et Maalot, en 2018. (Crédit : Professeur Jacob Ashkenazi)
    Le professeur Jacob Ashkenazi, du Kinneret College, situé au bord du lac de Tibériade, nettoyant une inscription trouvée à Horvat Hesheq, entre Carmiel et Maalot, en 2018. (Crédit : Professeur Jacob Ashkenazi)
  • Un paon décore cette inscription grecque de 5 mètres qui nomme l'archevêque de Tyre. Elle a été découverte à l'ouest du lac de Tibériade, durant l'été 2017, pendant une fouille co-dirigée par l'historien Jacob Ashkenazi et l'archéologue Mordechaï Aviam. (Crédit : Yehoshoa Dray)
    Un paon décore cette inscription grecque de 5 mètres qui nomme l'archevêque de Tyre. Elle a été découverte à l'ouest du lac de Tibériade, durant l'été 2017, pendant une fouille co-dirigée par l'historien Jacob Ashkenazi et l'archéologue Mordechaï Aviam. (Crédit : Yehoshoa Dray)
  • Église de l'époque byzantine dédiée à un « glorieux martyr », près de Ramat Beit Shemesh, le 23 octobre 2019. (Crédit : Cathy Rossi Borschel)
    Église de l'époque byzantine dédiée à un « glorieux martyr », près de Ramat Beit Shemesh, le 23 octobre 2019. (Crédit : Cathy Rossi Borschel)

C’est la quête du prestige, associée au désir d’honorer son saint préféré, qui a motivé la construction de centaines d’églises en Terre Sainte et dans la région du Proche-Orient au cours de l’Antiquité tardive (du 4ᵉ au 7ᵉ siècle de notre ère), selon les conclusions d’une nouvelle étude menée par un chercheur israélien.

Bon nombre de ces églises étaient des édifices somptueux construits à l’intérieur de maisons privées, avec des portes donnant à la fois sur l’espace de vie de la famille et sur la rue. Le choix de cette construction financée par des mécènes chrétiens semble contraster fortement avec celui des donateurs juifs de la même époque et des mêmes régions, qui avaient investi leurs ressources dans une synagogue centralisée qui servait de centre communautaire pour tout le village.

« À l’époque classique, sous les régimes grec et romain qui régissaient le monde antique, les personnes aisées contribuaient à la sphère publique », a expliqué le professeur Jacob Ashkenazi du Kinneret College, situé au bord du lac de Tibériade, au Times of Israel à l’occasion de la publication d’un nouvel article dans la revue Levant.

« Ils ont financé la construction de bains publics, de théâtres et d’amphithéâtres, et ont parrainé des spectacles publics et des festivals », a-t-il ajouté.

« Ces initiatives avaient un double objectif : elles étaient considérées comme un devoir civique de l’élite, tout en renforçant leur prestige social. À l’époque chrétienne, le phénomène s’est légèrement transformé, les riches commençant à financer les églises. »

Pendant des décennies, a fait remarquer l’expert, les archéologues qui ont étudié et fouillé des sites dans des régions telles que l’Israël moderne, la Jordanie, le Liban et même l’Arabie saoudite ont recensé un nombre surprenant d’églises.

Vue aérienne de « l’Église brûlée » dans le cadre du projet de fouilles Hippos-Sussita, au parc national de Susita, durant l’été 2019. (Crédit : Autorisation)

« Dans la seule province romaine de Judée, plus de 700 églises ont été répertoriées dans des contextes archéologiques, sans compter celles mentionnées dans les sources historiques », a précisé Ashkenazi.

« C’est vraiment incroyable. »

Le chercheur a lui-même vécu ce phénomène il y a quelques années, alors qu’il travaillait sur un projet de recherche sur le paysage chrétien en Galilée.

« Rien que dans la région de la Galilée occidentale, mon collègue, le professeur Motti Aviam, et moi-même avons mis au jour sept églises, mais nous en avons recensé plus de soixante-dix », a-t-il déclaré.

« Par exemple, les vestiges d’un petit village situé sur un site connu sous le nom de Khirbet Bata, à l’intérieur de la ville moderne de Carmiel, comptaient sept petites églises. »

Pour Ashkenazi, ce travail a été le point de départ d’une réflexion sur les raisons d’une telle profusion d’églises dans de si petites communautés.

Il s’est rapidement rendu compte que cette pratique était très répandue. Le village de Hippos, en Galilée, comptait environ 2 000 habitants et huit églises (dont six semblaient avoir été construites comme des églises privées). À Khirbet al-Samra, sur le territoire de la ville syrienne de Bosra, les chercheurs ont identifié au moins huit églises, datant pour la plupart du début du 7ᵉ siècle. Umm al-Jimal, un village d’environ 3 000 habitants situé dans le nord de la Jordanie, comptait au moins quinze églises.

« Les chercheurs ont traditionnellement expliqué ce phénomène en soulignant la prolifération des confessions chrétiennes pendant une période de conflits religieux intenses au sein de l’Église », a expliqué Ashkenazi, faisant référence aux grands conciles tels que ceux de Nicée, Constantinople et Éphèse, marqués par des querelles théologiques.

Détail d’une mosaïque découverte dans « l’Église brûlée » du projet de fouilles Hippos-Sussita, dans le parc national de Susita, durant l’été 2019. (Crédit : Autorisation)

« En conséquence, de nombreux groupes chrétiens sont apparus. »

Cependant, Ashkenazi a noté que cette interprétation est incompatible avec l’architecture interne, la conception et les artefacts découverts dans les églises, qui ne reflètent pas de différences théologiques.

« J’en suis venu à la conclusion que les conflits religieux ne suffisaient pas à justifier le nombre d’églises et que l’explication était beaucoup plus simple. »

« À une époque où tout le monde était croyant, les personnes fortunées cherchaient à la fois à donner et à recevoir en construisant des églises qui serviraient la communauté tout en affirmant leur statut social. »

De nombreuses églises, une seule synagogue

La multiplicité des églises au sein des communautés chrétiennes contraste avec le fonctionnement des communautés juives dans la région à la fin de l’Antiquité.

« Les synagogues étaient également richement décorées, ornées de mosaïques et d’inscriptions rendant hommage à leurs donateurs », a expliqué Ashkenazi.

« Cependant, les synagogues étaient des bâtiments publics. Elles servaient de centres communautaires où les gens se rassemblaient, se rencontraient, apprenaient et lisaient la Torah. »

Une mosaïque découverte lors des fouilles de Huqoq en 2018 intitulée « Un poteau entre deux » et représentant une scène biblique tirée du livre des Nombres 13:23. Les images montrent deux espions envoyés par Moïse pour explorer Canaan, portant un poteau sur lequel est accrochée une grappe de raisin. (Crédit : Jim Haberman)

Selon le chercheur, les synagogues privées étaient pratiquement inexistantes. Chaque village ne disposait que d’une seule synagogue.

« Les synagogues avaient une fonction différente de celle des églises et devaient donc être le lieu où toute la communauté se réunissait », selon lui.

Les inscriptions sur le mur (et au sol)

Parfois, les élites rurales offraient une contribution pour construire l’église centrale de leur village ; cependant, le plus souvent, elles construisaient leur propre église, tout en la rendant accessible à la communauté grâce à une entrée publique en plus de l’entrée privée.

La responsable de la conservation Yana Vitkalov nettoyant une mosaïque dans « l’Église brûlée » du projet de fouilles Hippos-Sussita, dans le parc national de Susita, durant l’été 2019. (Crédit : Autorisation)

Selon Ashkenazi, les inscriptions rendant hommage à leurs mécènes sont une source inépuisable d’informations sur les églises.

« La plupart des inscriptions commencent par le nom du donateur et mentionnent parfois d’autres membres de la famille, tels que son épouse et ses enfants », a expliqué Ashkenazi.

« Il y a quelques années, j’ai trouvé une inscription dans les ruines d’une petite église à Horvat Hesheq, entre Carmiel et Maalot. L’inscription mentionnait le mécène [Démétrius, un diacre] ainsi que ses grands-parents, ses parents, ses sœurs et ses filles. » L’église qu’il avait financée était petite mais magnifique, a noté Ashkenazi.

Le chercheur a souligné que les inscriptions dans les églises qui servaient de sanctuaire principal au village ou à la ville mentionnaient généralement le nom de l’évêque en premier.

Église de l’époque byzantine dédiée à un « glorieux martyr », près de Ramat Beit Shemesh, le 23 octobre 2019. (Crédit : Cathy Rossi Borschel)

« En général, ces églises centrales étaient plus grandes et portaient des inscriptions à l’entrée ou à côté de l’autel, qui commençaient par les mots grecs ‘À l’époque de’, suivis du nom de l’évêque », a expliqué Ashkenazi.

Selon le chercheur, les églises privées étaient souvent liées à la vénération de saints moins connus ou vénérés localement.

« Nous voyons des gens embrasser le culte de saints qui étaient presque exclusifs à leur famille, ou du moins spécifiques à leur communauté locale », a-t-il déclaré.

« Par exemple, dans toute la province romaine de Judée, seules trois églises étaient dédiées à Saint Pierre, alors que c’est pourtant une figure universelle. En revanche, une vingtaine étaient consacrées à Saint Georges, qui était encore un saint local au 5ᵉ siècle, bien avant qu’il ne devienne célèbre au Moyen Âge. »

« Il est intéressant de noter que nous ne trouvons pratiquement aucune trace de cultes de saints dans les églises publiques », a-t-il ajouté.

« Il semble que les personnes qui ont construit des églises privées recherchaient une forme d’expression religieuse plus personnalisée. »

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