Israël en guerre - Jour 350

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A Los Angeles, l’université UCLA fracturée par la guerre entre Israël et le Hamas

Contrairement à des dizaines d'autres établissements américains secoués par la mobilisation pro-palestinienne ces derniers jours, l'institution de Los Angeles n'a jusqu'ici pas requis l'intervention de la police

Un soutien d'Israël accroche un drapeau israélien à l'intérieur des barricades en métal qui entourent un campement pro-palestinien sur le campus de l'université de Californie-Los Angeles, l'UCLA, le 29 avril 2024. (Crédit :  Frederic J. BROWN / AFP)
Un soutien d'Israël accroche un drapeau israélien à l'intérieur des barricades en métal qui entourent un campement pro-palestinien sur le campus de l'université de Californie-Los Angeles, l'UCLA, le 29 avril 2024. (Crédit : Frederic J. BROWN / AFP)

Keffieh noué autour de la taille, Tai Min campe depuis jeudi en plein coeur du campus de UCLA à Los Angeles, sur une pelouse entourée de barricades. Pour cette étudiante de 20 ans, un seul mot d’ordre compte : « Arrêtez le génocide » des Palestiniens.

Comme des centaines d’autres manifestants, la jeune Américaine s’affiche ultra-déterminée.

« Le sacrifice est vraiment important pour véritablement changer notre université et la société », confie-t-elle à l’AFP. « Beaucoup d’étudiants sont prêts à risquer d’être arrêtés ou suspendus. »

Contrairement à des dizaines d’autres établissements américains secoués par la mobilisation pro-palestinienne ces derniers jours, la prestigieuse université de Los Angeles n’a jusqu’ici pas requis l’intervention de la police.

Une politique de désescalade qui n’empêche pas les tensions de grimper sur le campus, tant le débat autour du conflit israélo-palestinien est devenu impossible aux Etats-Unis.

Dimanche, un rassemblement pro-israélien a eu lieu juste en face du campement. Les deux camps, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en sont venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.

Ces incidents prouvent que « notre lutte est vraiment interconnectée avec celle du peuple palestinien », juge Tai Min.

« Les gens étaient là pour tourmenter nos étudiants, qui sont principalement des personnes de couleur », estime l’étudiante, d’origine chinoise. « Et Israël mène une occupation raciste et suprémaciste blanche. »

Des manifestants pro-palestiniens, étudiants et professeurs, lors d’un rassemblement sur le campus de l’université de Californie Los Angeles (UCLA), le 29 avril 2024. (Crédit : Frederic J. BROWN / AFP)

« Sectarisme »

Sur la pelouse, les associations qui ont organisé la contre-manifestation de dimanche ont laissé derrière elle un écran géant, où défilent en boucle des images des massacres barbares et sadiques commis par le Hamas le 7 octobre dernier, qui ont fait près de 1 200 morts israéliens. Le groupe terroriste palestinien, aidé de civils complices, a kidnappé 253 personnes, dont 133 sont encore entre leurs mains. Tous ne sont pas en vie.

Une installation que la jeune femme balaie d’un haussement d’épaules, en rappelant les presque 35.000 victimes palestiniennes depuis sept mois. Un chiffre avancé par le Hamas qui est invérifiable.

« Tout ça, ce ne sont que des distractions pour nous détourner de ce qui se passe en Palestine depuis 75 ans », lâche-t-elle sans donner plus de détails.

La sécurité privée a érigé des barrières et empêche désormais d’accéder au campement. Une décision qui fait enrager, Eli Tsives, déçu de voir son université tolérer des « manifestants pro-Hamas et antisémites ».

« Nous nous opposerons toujours à leur haine et à leur sectarisme », promet cet étudiant juif de 19 ans, qui a prononcé un discours lors de la contre-manifestation de dimanche.

Les slogans en faveur de « l’Intifada » – « soulèvement » en arabe – des manifestants pro-palestiniens sont « un appel au génocide contre les Juifs ». Deux Intifada en Israël ont fait des centaines de morts en Israël dans des attentats terroristes. La première de 1987 – année de naissance du Hamas – à 1993, qui correspond aux accords d’Oslo. La Seconde intifada a débuté en 2000 avec la visite d’Ariel Sharon sur le mont du Temple et s’est terminée en 2005 avec le désengagement de Gaza.

« La majorité des étudiants juifs ont peur », et certains demandent à être accompagnés en cours, raconte-t-il.

En marge des rassemblements, les tensions s’approfondissent également sur les réseaux sociaux. Plusieurs étudiants des deux camps rencontrés par l’AFP se disent victimes de menaces ou de harcèlement en ligne.

Des manifestants pro-palestiniens, étudiants et professeurs, lors d’un rassemblement sur le campus de l’université de Californie Los Angeles (UCLA), le 29 avril 2024. (Crédit : Frederic J. BROWN / AFP)

« Préférable à l’apathie »

« Dans toutes les universités du pays, il est devenu très difficile pour les gens de dialoguer au-delà leurs différences », regrette Dov Waxman, un professeur qui enseigne l’histoire d’Israël à UCLA. « Il y a beaucoup de cris, beaucoup de slogans, mais très peu de vraies conversations. »

Dimanche, cet enseignant juif a dû s’interposer entre les deux camps pour essayer de ramener le calme.

Le campement « exacerbe les peurs de certains étudiants », mais il n’y a pas eu d’événement grave, observe-t-il. « C’est important de faire la distinction entre se sentir en danger et être réellement en danger. »

L’universitaire espère encore que son établissement saura trouver une sortie par le haut, sans recourir à la police, après les centaines d’interpellations ces derniers jours sur les campus américains.

Comme ailleurs, les étudiants de UCLA réclament que la direction arrête d’investir des entreprises qui soutiennent Israël.

Certains appellent aussi à boycotter sa chaire. Pourtant, le professeur refuse d’en prendre ombrage.

« Je ne suis pas d’accord avec leurs revendications, mais cela ne veut pas dire que c’est nécessairement une menace », tempère-t-il derrière ses lunettes. « Chaque fois que je vois des étudiants politiquement actifs, je pense que c’est une bonne chose, c’est toujours préférable à l’apathie et à l’indifférence. »

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