À quelle fréquence déglutissez-vous ? Israël améliore le dépistage des troubles neurologiques
Les chercheurs de l'hôpital Kaplan ont fixé le nombre de déglutitions des personnes en bonne santé, suivant leur âge, ce qui améliore le test de déglutition répétitive de la salive
Des chercheurs israéliens ont annoncé l’établissement de marqueurs d’âge pour la déglutition des personnes en bonne santé, sur une base de 30 secondes.
L’incapacité à avaler, connue sous le nom de dysphagie, peut être le symptôme d’une maladie neurologique telle que la maladie de Parkinson ou la maladie d’Alzheimer, ou d’autres encore.
Le test de déglutition répétitive de salive (RSST) est utilisé pour le dépistage depuis 2009 mais les chercheurs israéliens viennent d’établir la référence moyenne pour chaque âge.
« C’est une nouvelle découverte en quelque sorte », explique au Times of Israel lors d’une visioconférence la chercheuse principale, la Dre Yael Shapira-Galitz, du service ORL de chirurgie de la tête et du cou de l’hôpital Kaplan.
Le RSST « peut se faire tout seul à la maison », ajoute-t-elle. Il ne s’agit de rien de plus que d’avaler sa salive, explique-t-elle, notant qu’ « après la deuxième ou troisième tentative, cela devient difficile ».
Une personne âgée de 20 à 39 ans peut déglutir 8,5 fois en 30 secondes, par exemple, et une personne âgée de 70 à 79 ans, 6 fois, explique l’étude, publiée dans la revue à comité de lecture Dysphagie, avec des contributions du Dr Din Haim Ben Hayoun du centre hospitalier Assuta Ashdod et d’autres chercheurs israéliens.

Les résultats RSST
Le Dr Kazuyo Oguchi, du Japon, a inventé le RSST en 2009 pour dépister les personnes atteintes de dysphagie.
Selon les chercheurs israéliens, l’étude d’Oguchi ne pas fait la différence entre les différents âges de la vie, se contentant d’établir la base de référence des adultes – trois déglutitions en 30 secondes.
« Notre expérience clinique nous a montré qu’il existait des différences » entre la façon dont les gens déglutissaient suivant leur âge, poursuit Shapira-Galitz. « Nous avons voulu étudier tous les âges de la vie. »
Cette recherche est la plus importante du genre. Elle a testé 280 personnes âgées de 20 à 80 ans, hommes et femmes, en incluant des facteurs susceptibles d’affecter la norme.

Le nombre moyen de déglutitions
Cette recherche a révélé qu’entre 20 et 29 ans, on doit pouvoir avaler volontairement à 8,4 reprises. Pareil entre 30 et 39 ans, puis 8 déglutitions pour les 40 – 49 ans. Entre 50 et 59 ans, le nombre moyen est de 7,2 déglutitions ; de 60 à 69, 6,7 ; de 70 à 79, 6 et enfin de 80 à 89, 4,3.
« Si un patient ne peut pas déglutir au moins deux fois en 30 secondes, alors c’est considéré comme pathologique », explique Ben Hayoun au Times of Israel. « Si le résultat est inférieur de deux à la moyenne du groupe d’âge, il est considéré comme sain. »
Plus on vieillit, explique-t-il, moins il est aisé d’avaler en raison des changements physiologiques qui se produisent au niveau des muscles de la gorge.
Shapira-Galitz dit avoir été surprise de constater que les hommes déglutissaient plus souvent que les femmes, sans qu’elle sache à ce stade pourquoi.
« Par ailleurs, les personnes obèses déglutissent moins que les autres, ce qui est un peu contre-intuitif », confie Shapira-Galitz.
« On aurait pu penser qu’une personne ayant des troubles de la déglutition serait plus mince, mais ce n’est pas le cas. L’obésité réduit le nombre de déglutitions en 30 secondes. »
Les chercheurs ont également constaté que les personnes prenant des médicaments déglutissaient moins que la moyenne.
« Nous pensions que les gens avaient du mal à avaler parce qu’ils avaient des maladies comme le diabète ou l’hypertension », explique-t-elle. « Mais ce n’est pas la maladie qui cause les troubles de la déglutition, ce sont les médicaments eux-mêmes. »
Elle a émis l’hypothèse que la prise de nombreux médicaments « altérait les capacités mentales des individus, et donc le nombre de déglutitions en l’espace de 30 secondes ».
Autre fait saillant, il n’y a « aucune corrélation avec la quantité de salive produite dans la bouche », précise-t-elle. « Le cerveau peut commander une déglutition, pour vous faire avaler une fois de plus, puis une autre. »
Elle indique qu’il est plus facile de boire une tasse d’eau que d’avaler sa salive.
« Vous pouvez avaler de l’eau 10 fois de suite sans y penser », poursuit-elle. « Mais si je vous demande d’avaler votre salive, cela devient de plus en plus compliqué. »
Auto-test
Les chercheurs suggèrent de faire le test « lorsque l’on est bien réveillé et assis confortablement », souligne-t-elle.
« Si vous voulez boire un peu d’eau juste avant pour que votre bouche et votre gorge ne soient pas sèches, c’est possible », ajoute-t-elle. « Ensuite, réglez votre chronomètre et commencez à déglutir en comptant le nombre total de déglutitions en 30 secondes. »

On peut alors comparer son nombre de déglutitions à la moyenne.
Shapira-Galitz souhaite poursuivre ses recherches sur le lien entre la difficulté à avaler et l’apnée du sommeil.
Elle aimerait par ailleurs voir s’il « est possible d’utiliser le RSST pour entraîner les personnes atteintes de troubles de la déglutition », poursuit-elle. « Mettons que leur score soit de huit. Est-il possible d’en faire dix avec de l’entraînement ? Et si oui, est-il possile de remédier aux troubles de la déglutition ? »
Elle conclut : « Je dis toujours que les meilleures études sont celles que vous terminez en vous disant : « Oh, il faut que j’en fasse une autre. »