A son dernier Hanoukka, Obama fait l’éloge de la liberté de culte
Le président américain n'a pas évoqué Trump ; la hannoukiah de la petite-fille d'Élie Wiesel est sa préférée car elle reflète la survie du peuple juif
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON – Pour sa dernière fête de Hanoukka à la Maison Blanche mercredi, le président Barack Obama a évoqué le soutien de la liberté de culte par les communautés juives, mais a joué l’autruche : il n’a pas évoqué le président entrant, son successeur Donald Trump, désapprouvé par la majorité des juifs américains.
Lors de l’élection, 71 % des juifs ont voté pour sa rivale, la candidate démocrate Hillary Clinton. Seuls 24 % ont soutenu l’ancienne star de la télé-réalité, selon un sondage à la sortie des urnes mené par le New York Times. L’une des critiques formulées par les dirigeants juifs à l’encontre de Donald Trump était sa proposition d’interdire aux musulmans l’entrée aux États-Unis.
Dans ses propos dans deux cérémonies d’allumage, l’après-midi et le soir, toutes deux dans l’East Room de la Maison Blanche, Obama s’est abstenu de parler de celui qui occupera bientôt son poste et son logement, mais a évoqué des thèmes qui, pour de nombreux participants, sont étroitement liés à Trump.
« Le premier chapitre de l’histoire de Hanoukka a été écrit il y a 22 siècles, lorsque l’empire a interdit la pratique de certains rituels religieux et persécutait les juifs qui voulaient pratiquer leurs religion », a déclaré Obama dans son discours. « C’est pourquoi aujourd’hui, nous avons l’ordre, non seulement d’allumer la menorah, mais de l’exposer fièrement, pour diffuser la mitzvah ».
« Chaque Américain peut s’identifier à l’esprit de cette tradition, pratiquer fièrement sa religion, quelle qu’elle soit, et défendre le droit des autres à en faire de même », a-t-il ajouté. « C’est notre credo commun. »
La famille du défunt Elie Wiesel était présente lors de la cérémonie de l’après-midi. Le survivant de la Shoah, lauréat du prix Nobel de la paix, décédé en juin avait établi des liens avec Obama durant son mandat.
La hanoukkiah utilisée pour le rituel de l’allumage des bougies a été fabriquée par la petite fille d’Elie Wiesel lorsqu’elle était en maternelle il y a quelques années.
Obama a comparé la hanoukkiah, fabriquée à la façon d’un travail manuel enfantin, à d’autres qu’il a pu allumé, et a déclaré que c’était sa préférée.
Il a déclaré que cet objet était « un rappel que la hanoukkiah n’est pas un objet de valeur parce qu’elle est faite d’or ou d’argent. Elle est un objet de valeur parce qu’elle a été fabriquée par une petite fille qui prouve, par sa présence, que le peuple juif survit, à travers de siècles d’exils et de persécutions, et a même survécu le génocide de familles entières, comme la famille Wiesel l’a enduré. »
Wiesel et Obama s’entretenaient régulièrement pour discuter d’affaires internationales et de philosophie. Néanmoins, ils divergeaient dans leur positions sur la façon d’endiguer les ambitions de l’Iran sur le nucléaire. Wiesel s’était clairement opposé au pacte.
Wiesel s’était également rendu au discours controversé de Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2015 devant le Congrès, quand ce dernier a vilipendé l’accord. L’attitude du dirigeant israélien avait excédé l’administration Obama.
Toujours dans l’esprit de l’histoire de Hanoukka, Obama a affirmé qu’elle démontrait « à quel point un petit groupe peut faire une grande différence, comment une petite action peut avoir un grand impact, de la même manière que la petite fiole d’huile a dépassé toutes les attentes ».
« Cela nous rappelle que même lorsque nous nous sentons à court de moyens, notre foi peut nous aider à tirer profit du peu que nous avons. Le petit État d’Israël et le relativement petit peuple de ce pays ont contribué au monde bien au-delà de ce qui était imaginable. »
Le président a conclu la cérémonie en remerciant la communauté juive américaine pour son « dévouement » à « notre pays, aux progrès historiques que nous avons fait, à la défense de la liberté de culte aux États-Unis et dans le monde entier. »
Avant de quitter l’estrade, il a ajouté : « Nous sommes impatients de travailler avec vous de l’autre côté, dès le 20 janvier », date à laquelle il quittera la Maison Blanche et redeviendra un simple citoyen.
Lors de la réception donnée le soir-même, Obama a réitéré ses propos. Il était entouré des proches du défunt chef d’État Shimon Peres. Ils ont allumé une hannoukkiah qui appartient à la famille Peres depuis des années, qui a survécu à la Shoah. Elle est soigneusement conservée par la famille du gendre de l’ancien président.
Peres, qui est décédé en septembre après un AVC fatal, était le dirigeant israélien le plus proche d’Obama durant son mandat. Obama avait décerné à Peres la Médaille présidentielle de la Liberté en 2015 et avait fait le déplacement jusqu’à Jérusalem cette année pour assister à ses funérailles au cours desquelles il a prononcé un émouvant discours.
Le fils du président, Chemi, et ses enfants Guy et Mika se sont joints au président mercredi.
« Je voudrais remercier le président Obama du plus profond de mon cœur pour ce vibrant hommage à mon père », a déclaré Chemi Peres dans un communiqué à l’intention du Times of Israel. « L’allumage des bougies de hanoukka sur une hannoukiah qui a survécu à la Shoah est très lourd de sens pour ma famille, mais c’est également une façon unique de respecter la tradition juive. »
Merrick Garlan, juge fédéral américain, en poste à la cour d’appel des États-Unis pour le circuit du district de Columbia, et candidat sélectionné par Obama pour remplacer Justice Antonin Scalia après sa mort soudaine en février.
Obama a reconnu qu’il est peu probable que Garland ne soit pas nommé pour ce post, chose devenue évidente depuis la victoire de Trump le mois dernier. Mercredi, Obama a déclaré que Garland « continuerait à servir le pays avec distinction » à son poste actuel.